Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Les libéraux l'emportent sur les conservateurs en Pologne

Arrivé en troisième position, le trublion Janusz Palikot effectue une percée remarquée.

Par Piotr Smolar

Publié le 10 octobre 2011 à 13h44, modifié le 10 octobre 2011 à 14h24

Temps de Lecture 3 min.

Il a abandonné la cravate et convié son épouse sur scène. La tension accumulée au cours de longues semaines de campagne, passées à défendre l'action de son gouvernement s'estompe en un éclair. Emu, Donald Tusk brandit un bouquet de roses rouges et blanches, aux couleurs de la Pologne. Le premier ministre ne connaît pas encore les résultats définitifs des élections législatives du 9 octobre, mais en cette soirée dominicale, les premiers sondages à la sortie des urnes l'autorisent à pavoiser.

Après la victoire de 2007, son parti, la Plate-forme civique (PO), arrive de nouveau en tête. Lundi matin après dépouillement de 63 % des bulletins, il obtenait 37,5 %, devant la formation de Jaroslaw Kaczynski, Droit et justice (PiS, 30,6 %). A la troisième place se hisse la révélation de la campagne électorale, Janusz Palikot, dont le Mouvement obtient 9,8 % des voix et bouscule l'échiquier politique. Juste derrière se placerait le parti paysan, le PSL, membre de la coalition sortante, avec 9,5 %. La gauche, elle, incarnée par le SLD (ex-communistes), subit une débandade sans précédent, faute d'un leader efficace et d'un programme moderne.

"Ce résultat confirme qu'il y a une acceptation de l'orientation politique choisie, malgré les difficultés et les menaces, explique au Monde Michal Boni, ministre sans portefeuille et plus proche conseiller de M. Tusk. Mais il ne faut pas sous-estimer le résultat de Palikot. Une partie de la population est réceptive à un discours populiste contre le pouvoir et à un certain libéralisme dans les moeurs."

Dès dimanche soir, les dirigeants de la PO ont fait preuve d'une mansuétude inédite à l'égard de Janusz Palikot. Cet entrepreneur, ancien trublion du parti, s'est émancipé il y a un an en créant un mouvement à son nom. Il a conquis une partie de la jeunesse en prônant la fécondation in vitro, les droits des homosexuels, la légalisation du cannabis et la fin de l'intrusion de l'Eglise catholique dans la vie publique. Sur ces sujets de société, son groupe parlementaire devrait être très actif.

Dimanche, devant les caméras, l'ancien homme d'affaires a invité ses troupes, les doigts faisant le signe de la victoire, à prêter serment en faveur d'un "Etat laïc, social, citoyen et amical". M. Palikot "a montré une forte dynamique et a travaillé dur", a reconnu le ministre des affaires étrangères, Radek Sikorski. Seuls les résultats définitifs détermineront l'envergure de la coalition que devra composer la PO. Pourra-t-elle se contenter à nouveau d'une alliance avec le Parti paysan (PSL), ou devra-t-elle s'entendre avec le Mouvement de Palikot ?

D'ores et déjà, il est clair que le résultat de la PO constitue à la fois un exploit et une victoire par défaut. Un exploit, dans un contexte de crise européenne historique. Etre reconduit par les électeurs, alors que montent de puissantes tendances populistes sur tout le continent, dessine une exception polonaise et une aspiration à la stabilité. Une majorité de citoyens, fatalistes et matures, ont estimé qu'il valait mieux s'épargner une aventure politique. Ce réalisme est une nouveauté considérable : jamais, depuis 1989, un parti polonais au pouvoir n'avait gagné le droit dans les urnes de poursuivre son action.

Au cours de la soirée électorale, Donald Tusk a rendu hommage à la "Pologne optimiste, croyant dans ses forces, allant de l'avant malgré les difficultés". Mais il n'en reste pas moins que la PO l'emporte sans avoir suscité d'élan populaire. Moins d'un électeur sur deux a voté (47,25 %). Le premier ministre a davantage défendu un bilan et une méthode - recherche du consensus, refus de heurter le corps social, dialogue au sein de l'Union européenne - que cherché à renouveler le logiciel idéologique de son parti.

M.Tusk s'est souvent réfugié dans l'argumentation comparative, en brandissant la menace d'un retour au pouvoir du PiS de M. Kaczynski, homme de conflit. Tout en concédant sa défaite, ce dernier n'a d'ailleurs donné aucun signe de retrait de la vie publique. Il s'est dit convaincu que "le jour de la victoire viendra" et a cité en exemple Budapest, de façon elliptique. Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, serait-il le nouveau modèle de Jaroslaw Kaczynski ?

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.