Thomas DVR
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Prêtres réfractaires. L'Ile Madame + Les prêtres déportés Histoire des prêtres réfractaires lors de la Révolution Française Le 12 juillet 1790, L'Assemblée Constituante vote la Constitution civile …Plus
Prêtres réfractaires.
L'Ile Madame +
Les prêtres déportés
Histoire des prêtres réfractaires
lors de la Révolution Française

Le 12 juillet 1790, L'Assemblée Constituante vote la Constitution civile du clergé (promulguée le 24 août), visant à créer une Eglise nationale, intégrée dans l'Etat. Selon Mirabeau « le service des autels est une fonction publique. La religion appartient à tous, il faut que ses ministres soient à la solde de la nation. » Dans ce système, on ne tient plus compte de l'autorité du Pape. Les prêtres sont nommés par tous les citoyens, croyants ou athées. D'inspiration gallicane, la constitution civile du clergé souhaite établir l'indépendance totale de l'Eglise de France à l'égard de la papauté. Son organisation se calque sur l'administration civile.
Le décret d'application passe en novembre 1790. Le roi le signe le 26 décembre 1790. Le serment devait être prêté 8 jours après, soit le 4 janvier.
Le 4 janvier 1791, les députés du clergé réunis à l'Assemblée prêtent …Plus
Thomas DVR
... différentes autorités départementales de Bretagne demandent les possibilités de prendre certaines mesures contre les prêtres réfractaires: les éloigner de leurs anciennes paroisses, les réunir puis les incarcérer, et interdire les processions nocturnes qui prennent de l'ampleur. A partir d'août, la citadelle de Port-Louis devient le lieu d'incarcération de tous les prêtres pris dans le …Plus
... différentes autorités départementales de Bretagne demandent les possibilités de prendre certaines mesures contre les prêtres réfractaires: les éloigner de leurs anciennes paroisses, les réunir puis les incarcérer, et interdire les processions nocturnes qui prennent de l'ampleur. A partir d'août, la citadelle de Port-Louis devient le lieu d'incarcération de tous les prêtres pris dans le Morbihan. Le mois suivant, une amnistie est proclamée, mais elle est de courte durée puisque supprimée le 19 novembre.
Dès son arrivée à l'évêché, Mgr Le Masle avait décidé le remaniement de ses paroisses, avec le remplacement des curés et vicaires réfractaires. Cependant, la population refuse les prêtres assermentés qui lui étaient imposés, et les expulse par les fourches des paysans ! En fait, dans les campagnes, les gens hébergent et nourrissent les réfractaires en fuite.
L'été 1792, il est décidé que les réfractaires morbihannais seraient exilés à partir de Port-Louis.
Les déportations les plus redoutées étaient celles pour l'Espagne et la Guyane. En 1794, de nombreux prêtres morbihannais sont conduits vers Rochefort.
Par les décrets des 11 et 12 mars 1793, ceux qui ne s'étaient pas livrés prisonniers ou avaient refusé l'exil peuvent être condamnés à la peine de mort.
L'affaire la plus tristement célèbre est la noyade de 83 prêtres dans la Loire en novembre, ordonnée par le représentant du peuple Carrier. Ce dernier est alcoolique chronique. En juin 1793, il est envoyé à Rennes, puis en octobre à Nantes. On lui ordonne de « nettoyer les prisons surchargées de la ville » au prétexte que les Anglais arrivent. Il imagine un procédé radical qu'il appelle la « déportation verticale ». C'est à dire qu'au lieu de la déportation vers les îles lointaines, il fait embarquer les condamnés sur des barques à fonds plats qui sont coulées au milieu de la Loire. Les premiers exécutés sont des prêtres réfractaires. Certains s'agrippent au bateau qui les conduit au lieu du supplice. Leurs bourreaux, parmi lesquels certains reconnaissent leurs anciens paroissiens, leur coupent les mains. Des milliers d'hommes et de femmes périssent dans ce que Carrier appelle la « baignoire nationale ». Il fait également fusiller ou guillotiner des centaines de personnes dans une plaine à côté de Nantes. Rappelé à Paris, il meurt guillotiné en 1794.
Le 21 février 1795, l'Assemblée Nationale décide le retour à la liberté des cultes, à condition que la manifestation de ceux-ci ne trouble pas l'ordre public. Plusieurs prêtres réfractaires reviennent dans leurs paroisses. En 1797, les mesures d'apaisement sont révoquées, les déportations recommencent. De nombreux prêtres sont envoyés à Cayenne ou internés à Rochefort, sur l'île d'Oléron ou l'île d'Aix.
Le 15 mars 1798, Rome est occupée par les Français. Pie VI est arrêté par le général Berthier, avant d'être conduit en France où il meurt le 29 août 1799. (Il est enterré civilement.)
Le 10 novembre 1799, Bonaparte prend le pouvoir. Le Directoire est supprimé. Beaucoup de prêtres émigrés rentrent en France.
En mars 1800, le conclave réuni élit le nouveau pape : Pie VII. Celui-ci rétablit les Etats de l'Eglise et réclame les biens ecclésiastiques qui ont été confisqués par la Révolution.
Le 16 juillet 1801, le cardinal Consalvi, au nom du pape Pie VII, signe le Concordat qui restaure la religion catholique en France, et abolit la loi de 1795 séparant l'Église de l'État. En retour, le Saint-Siège reconnaît la légitimité de la République.
Ces drames ne touchent malheureusement pas que les prêtres réfractaires. Un grand nombre de religieux et religieuses l'est également. Le 13 février 1790, un décret interdit les vux monastiques perpétuels et les congrégations religieuses à vux solennels sont supprimées.
En 1794, plusieurs religieuses sont guillotinées : 4 filles de la Charité le 28 juin à Arras, 15 Carmélites de Compiègne le 17 juillet à Paris, 32 Sacramentines et Ursulines du 6 au 26 juillet à Orange, et 11 Ursulines les 17 et 23 octobre à Valenciennes. Elles sont aujourd'hui toutes béatifiées ou canonisées.
De plus, ceux qui cachent des prêtres réfractaires ou des religieux sont également passibles de mort. ✍️