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Pourquoi et comment souffrir ? 292. Pourquoi et comment souffrir ? Jésus n’est pas venu supprimer la souffrance ni nous apprendre à la fuir, mais la remplir de Sa présence. Parce que le Christ a …Plus
Pourquoi et comment souffrir ? 292.

Pourquoi et comment souffrir ?

Jésus n’est pas venu supprimer la souffrance ni nous apprendre à la fuir, mais la remplir de Sa présence. Parce que le Christ a souffert volontairement, librement (Is.53.10-12), la souffrance est entrée dans une nouvelle dimension, qui permet à tout homme de découvrir dans la souffrance rédemptrice du Christ ses propres souffrances, mais enrichies d'un contenu nouveau et d'une signification nouvelle. Si l’homme accepte de souffrir pour et comme le Christ, il découvre le chemin de la Résurrection ! C’est pourquoi : «Il s'agit désormais de connaître Jésus, avec la puissance de Sa Résurrection et la communion à Ses souffrances, Lui devenir conforme dans Sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d'entre les morts. » (Ph 3.10-11) ! Oui, celui qui reconnaît l'Amour ayant conduit Jésus à la Passion, et qui croit à Sa Résurrection, traverse humiliations, doutes, désespoirs, persécutions (2 Co 1.5 ; 4.8-11,14) sans plus succomber au pouvoir du péché, mais il peut dire avec St François d’Assise, stigmatisé : «Quand on aime, on n’a pas de peine, ou, si on a de la peine, sa peine, on l’aime.»…

La souffrance est un appel à manifester la grandeur morale de l'homme, sa maturité spirituelle. Comme disait ma mère : «L’homme est un apprenti, et la souffrance est son maître. ». Les martyrs du Christ ont confirmé la haute dignité de l'homme que révèle cette parole du Christ : «Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l'âme. » (Mt 10.28). Souffrir signifie devenir particulièrement réceptif à l'action des forces salvifiques de Dieu offertes à l'humanité dans le Christ, aussi vrai que c’est dans le Christ crucifié que Dieu a montré Sa puissance en Le ressuscitant, et que c’est dans l’homme souffrant qu’Il veut continuer à la manifester.

Cette «naissance de la force dans la faiblesse» (2 Co 11.30, 12.5,9-10) est la vocation spéciale de ceux qui communient aux souffrances du Christ. Dans la souffrance est contenu un appel particulier à la vertu que l'homme doit exercer. Cette vertu est la persévérance dans l'acceptation de ce qui dérange et fait mal, sûr que la souffrance ne l'emportera pas, ne privera pas de la dignité humaine, de la conscience du sens de la vie. Et ce sens de la vie est donné en même temps que s’accomplit le grand œuvre de l'Amour de Dieu. A mesure que l’homme s’ouvre, même au fond de la souffrance, à cet amour, alors il retrouve son âme qu'il croyait avoir « perdue » à cause de la souffrance.

Le péché a déterminé la mesure de la souffrance du Christ, et la souffrance du Christ a créé le bien de la Rédemption du monde. Ce bien est en lui-même inépuisable, infini, et aucun homme ne peut lui ajouter quoi que ce soit. Et cependant dans le mystère de l'Église qui est Son corps, le Christ a ouvert Sa souffrance rédemptrice à toute souffrance humaine. Cela veut dire que la Rédemption déjà totalement accomplie, s'accomplit constamment. Le Christ S'est ouvert dès l’instant de Son incarnation à la souffrance, et Il continue à S'ouvrir à la souffrance en ceux qui Lui sont unis et sont devenus les membres de Son corps (Ac 9.5 ; 1 Co 12.26-27). Oui, cela appartient à l'essence de la souffrance rédemptrice du Christ que de tendre à être sans cesse complétée…

Le mystère de l'Église est l'espace dans lequel les souffrances humaines complètent les souffrances du Christ. Et c'est seulement dans cette dimension de l'Église-Corps du Christ se développant continuellement dans l'espace et dans le temps que toute souffrance est rachetée, arrachée à l’absurde sans nom, et que s’accomplit ainsi «ce qui manque» aux épreuves du Christ (Col 1.24). Puisque le Christ nous a introduits dans Son Royaume par Sa souffrance, c'est donc par la souffrance et dans le mystère de la Rédemption, que l’on devient mûr pour le Royaume des Cieux (Ac 14.22). C’est pourquoi, avec St Paul nous disons : «J'estime que les souffrances du temps présent sont sans comparaison avec la Gloire qui doit bientôt se révéler en nous » (Rm 8. 17-18 ; 2 Co 4. 17-18) ; et avec St Pierre : «Dans la mesure où vous participez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que, lors de la révélation de Sa gloire, vous soyez vous aussi dans la joie et l'allégresse. » (1 P 4.13) !

Si les gens savaient qu’ils vont en Enfer, non seulement ils aimeraient leur croix, mais ils aideraient les autres à porter la leur (Ga 6.2)…