Pour comprendre comment même Pierre peut dévier... Premier extrait de Maria Valtorta
Mais, au Temple comme à la Synagogue, la justice s’était trop affaiblie: le Temple sacré était devenu "un repaire de voleurs" (Matthieu, Marc et Luc) et les descendants dégénérés des Assidéens étaient devenus hypocrites. Ces derniers avaient été en effet des hommes à la morale élevée et véritable, à la parfaite fidélité à la Loi et à l’enseignement de Moïse, aux nobles sentiments d’amour pour leur patrie, si bien qu’ils surent combattre et mourir pour sauver la nation des oppresseurs et des corrupteurs. En revanche, les pharisiens ne se montraient rigoristes qu’extérieurement alors que, intérieurement, dans l’ombre, c’étaient des "sépulcres blanchis remplis de pourriture" et, bien qu’ils se qualifient de "séparés" de la plupart des gens, ils n’étaient pas séparés du péché. Il en allait de même des scribes: ils avaient déformé la Loi et en avaient rendu la pratique impossible tant ils l’avaient chargée de traditions de leur crû. Après tout cela, leur âme put devenir déicide, et ils se servirent de leur liberté, cette liberté donnée par Dieu, pour tuer le Fils de Dieu.
Tuer le Fils de Dieu! Le calomnier! Le présenter pour ce qu’il n’était pas!
Mais est-ce un péché propre à cette époque ? Non. Il existe aujourd’hui encore. Et si on ne lève pas la main directement sur le Christ pour le fouetter, le torturer, le tuer, on la lève toujours sur lui, présent dans ses serviteurs. Car c’est encore Jésus qui souffre en ceux qui sont persécutés, quelle que soit cette persécution.
Saul de Tarse ne tuait pas les chrétiens personnellement mais "il approuvait ce meurtre" (Ac 8, 1) et "ravageait l’Église; allant de maison en maison, il en arrachait hommes et femmes et les jetait en prison" (Actes 8, 3).
Il était lui aussi un antéchrist, alors qu’il allait devenir l’Apôtre et un vase d’élection, et lutter si efficacement contre l’Antéchrist qui allait apparaître aussitôt dans les différentes régions où les Églises de Jésus surgiraient.
Mais que lui arriva-t-il alors qu’il faisait route vers Damas, "respirant menaces et carnage à l’égard des disciples du Seigneur" (Actes 9, 1-2), muni de "lettres pour les synagogues de Damas afin que, s’il y trouvait quelques adeptes de la Voie, hommes ou femmes, il les amenât enchaînés à Jérusalem"? La rencontre du Christ dans les environs de Damas. Et que lui dit le Christ? Lui a-t-il demandé: « Pourquoi persécutes-tu mes serviteurs? » Non, il lui dit: « Pourquoi me persécutes-tu? » (Actes 9, 4).
Le persécuté, c’était Jésus. C’est Jésus qui subit la persécution en ses serviteurs. Parce qu’il est en eux. Sa Passion se poursuit en eux. En persécutant un serviteur de Dieu, un fils adoptif de Dieu et un frère de Jésus, on frappe encore la Parole du Père, le Fils unique du Père, Jésus qui, comme Dieu, est dans le Père et dans les vrais chrétiens.
Mais est-ce un péché propre à nos jours? Non, il a toujours existé. Ceux qui persécutent les serviteurs de Dieu et les frères bien-aimés du Christ ne sont pas toujours les antichrétiens de tous noms. Non. Bien des fois, cette persécution provient de personnes qui devraient leur servir de soutien. Elle provient de ceux qui, par orgueil, refusent que d’autres, les "petits", s’élèvent là où eux-mêmes n’ont pas été élevés. Elle provient de ceux qui, du fait de leur tiédeur, ne peuvent comprendre que d’autres puissent être une flamme unie à la Flamme; une âme humaine devenue flamme d’amour du Christ et par lui, et qui ne fait qu’un avec l’Esprit du Christ, un seul feu. Elle provient de ceux qui ne se rappellent pas bien — et comprennent encore moins — l’une des plus belles hymnes de l’Évangile: « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux indigents et de l’avoir révélé aux tout petits » (Matthieu 11, 25). Elle provient enfin de ceux qui « par égard aux personnes ou par désir de présents » (Luc 10, 21) deviennent aveugles et manquent à la justice. (Deutéronome 16, 19).