AthanaseS
21,7 k

Traditionalisme et Mgr Gaume — Réponse amicale à M. Bruno Saglio

Suite à : Le traditionalisme de Mgr Gaume
Permettez-moi, cher Monsieur, de vous dire que vous n’avez sans doute pas lu, ou pas considéré attentivement ma petite étude, que pourtant vous condamnez si sévèrement.
Si vous l’aviez lue – ce que je ne vous oblige sans doute pas à faire mais alors, dispensez-vous de la déclarer odieuse et impie – si vous l’aviez lue donc, vous auriez remarqué que j’y dis explicitement, à deux reprises, au début et à la fin, que mon intention n’est pas de condamner Mgr Gaume, lui ou même sa vie pleine de générosité et de courage dans le combat catholique, mais de mettre en garde contre ses ouvrages qui sont infestés de traditionalisme. Vous allez me dire que je joue avec des nuances ridicules, stupides, libérales et vous n’aurez pas de peine à trouver d’autres qualificatifs…
Cependant, je tiens bien fermement à cette nuance. Tout le monde admet sans peine que condamner un écrit de quelqu’un n’est pas condamner tout le personnage ou toute son action. Je vous prie donc de faire ce petit effort pour cette petite distinction, qui s’impose.
Au-delà même de Mgr Gaume, la présente étude se veut une mise en garde contre le traditionalisme-fidéisme, système ou tendance qui n’a pas disparu et qui contamine beaucoup les mentalités contemporaines. Ainsi par exemple, universellement, dire que « Dieu existe » est pris comme relevant exclusivement d’une affaire de foi, alors que l’existence de Dieu peut être prouvée naturellement par les seules lumières de la raison.
Ainsi je consacre plus de la moitié de mon texte à analyser les caractéristiques du traditionalisme, en essayant de scruter, pour comprendre plus profondément, ce qu’il est vraiment, ses origines, ses conséquences, ses parentés etc. Et puis y est joint les condamnations du traditionalisme par le Magistère suprême de l’Église…
Jusqu’ici, d’office, nous devrions être d’accord. En tant que catholique, vous n’avez pas tellement le choix. Les quelques considérations apportées sont certainement perfectibles, nous pourrions en discuter. Mais sur le fond, vous devez admettre que le traditionalisme est une erreur ravageuse, qui a d’ailleurs été solennellement condamnée par un concile œcuménique, avec un anathème à la clef, pour ceux qui nieraient que l’on puisse, avec les seules forces naturelles de la raison, prouver avec certitude l’existence de Dieu.
Maintenant n’allez pas croire que ce soit du semi-rationalisme. Dans le catéchisme ou dans l’enseignement de l’Église sur la question, on apprend qu’on distingue la nécessité absolue d’une nécessité morale ; que l’usage de la raison précède la foi et y conduit l’homme, avec le secours de la grâce et l’acceptation de la Révélation ; que la théologie reçoit de la philosophie la nature, la forme et le caractère d’une vraie science ; que ce n’est pas en vain que Dieu a placé la lumière de la raison dans l’esprit de l’homme. &c. &c.
Est-ce dire pour autant que la raison se suffit ? que dans les conditions présentes de l’humanité, la raison n’ait pas besoin d’un secours spécial ? Non, bien sûr. La révélation apporte infiniment plus et elle est un précieux secours, moralement nécessaire, pour une connaissance facile et sans risque d’erreur des vérités naturelles. Cependant celles-ci demeurent en soi accessibles à la raison seule.

Mais venons-en à Mgr Gaume. D’une façon non-exhaustive (malheureusement, pour ne pas rendre la lecture du texte trop fastidieuse), j’ai tenté de relever et de caractériser les passages où il se montre traditionaliste. Et là je crois avoir suffisamment argumenté ce qui est avancé. Balayer d’un revers de main n’est pas très constructif.
Et puis il y a les faits que vous pouvez difficilement nier.
Oui ou non Mgr Gaume a-t-il reçu à son séminaire une formation traditionaliste ?
Oui ou non Mgr Gaume a-t-il renié cette première contamination ?
Comment justifiez-vous sa persistance à ne pas distinguer convenablement ordre naturel et ordre surnaturel ?
Comment justifiez-vous qu’il ne se gêne pas à prendre des protestants (Leibniz, Guizot) comme référence, dans des questions touchant de très près le dogme catholique ?
(Maintenant je ne puis que vous renvoyez à mon texte…) Le traditionalisme de Mgr Gaume

Que vous dire enfin, sinon que ce n’est pas Mgr Gaume (qui a été si on veut victime de son temps) mais davantage ceux qui le rééditent aujourd’hui sans discernement qui sont condamnables.
Que les livres de Mgr Gaume aient été ressortis de l’oubli par la secte schismatique « Magnificat » aurait pu dès le début vous les rendre suspects.
La responsabilité qu’un éditeur prend en éditant un livre est grande.
Il s’agit ici de la survie de l’intelligence de la foi.

Athanase Sauget
JeanBaptiste
Debout :
Quant à la troisième proposition, il est vrai qu'elle est fausse car très exagérée. Mais la religion primitive était le culte du vrai Dieu, elle RESSEMBLAIT au christianisme.
Il ne faut exagérer ni dans un sens ni dans l'autre. Pour vous donner un exemple, l'exagération dans le sens inverse, c'est celle de Bossuet lorsqu'il a attaqué injustement les ouvrages très méritoires de son …Plus
Debout :

Quant à la troisième proposition, il est vrai qu'elle est fausse car très exagérée. Mais la religion primitive était le culte du vrai Dieu, elle RESSEMBLAIT au christianisme.

Il ne faut exagérer ni dans un sens ni dans l'autre. Pour vous donner un exemple, l'exagération dans le sens inverse, c'est celle de Bossuet lorsqu'il a attaqué injustement les ouvrages très méritoires de son époque qui démontraient que la religion primitive chinoise était proche de celle des hébreux. C'était vrai, et pourtant, Bossuet, dans son ignorance du sujet, a attaqué ces ouvrages avec beaucoup de préjugés.

Mais dans le cas de Lamennais, je ne nie pas que son livre soit mauvais, il a de toute façon été condamné si je ne me trompe.
Debout
Pour information, voici quelques extraits de l’Indifférence religieuse de Lamennais, que Mgr Gaume étudia soigneusement durant son séminaire :
« Les chrétiens croient tout ce que croyait le genre humain avant Jésus-Christ, et le genre humain croyait tout ce que croient les chrétiens », III, p. 200.
« Le christianisme n’est dans ses dogmes que la raison humaine, ou l’ensemble des vérités …Plus
Pour information, voici quelques extraits de l’Indifférence religieuse de Lamennais, que Mgr Gaume étudia soigneusement durant son séminaire :
« Les chrétiens croient tout ce que croyait le genre humain avant Jésus-Christ, et le genre humain croyait tout ce que croient les chrétiens », III, p. 200.
« Le christianisme n’est dans ses dogmes que la raison humaine, ou l’ensemble des vérités nécessaires que Dieu nous a manifestées » III, p. 489.
« La religion primitive et le christianisme sont identiquement la même religion » IV, p. 126.

Qui ne voit la fausseté de telles affirmations ! Il y a eu mieux pour former un séminariste…