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Marie Mère de Dieu

1. Combien Marie est élevée par ce titre.

Saint Thomas et saint Bonaventure ne trouvent rien de comparable à la qualité de Mère de Dieu, qui appartient à Marie. Dieu seul est grand, mais la Vierge sainte approche des perfections de la divinité ; elle touche à l'infini ! " Ecoute, homme ! s'écrit là-dessus saint Anselme, contemple et admire ! Le Père céleste avait un fils unique et consubstantiel ; mais il n'a pas voulu que ce Fils ne soit qu'à lui seul. Il en a fait part à Marie qui est véritablement sa Mère sur la terre, comme il est son Père dans le ciel. Quel mystère ! Quel autre miracle encore que Dieu a pu opérer ? La virginité et la fécondité jointes ensemble ; une Vierge qui conçoit dans le temps le même Fils, que Dieu, avant tous les siècles, a produit dans l'éternité. " Qui jamais entendit rien de semblable, avant Marie ? Une femme disait, en montrant ses enfants : " Voilà ma gloire, voilà ma couronne. " Cependant la renommée qu'avaient acquise ses enfants n'était que l'écho d'un peu de bruit qu'ils avaient fait dans le monde. Mais l'enfant que Marie nous montre et qu'elle peut justement appeler sa gloire et sa couronne, c'est le vrai Fils de l'Eternel, le Sauveur des hommes. Dieu ! Quelle élévation, quelle gloire pour une simple créature !

Toutefois, en étant enfants de Marie, nous n'avons rien à envier au bonheur de la Mère de Jésus, puisque par la sainte communion nous devenons participant de ce même bonheur. En effet, l'Eucharistie n'est-elle pas une extension du divin mystère de l'Incarnation, et chacun de nous, après avoir communié, ne peut-il pas s'écrier : "Mon Dieu est à moi, je le possède, et ce Dieu, malgré sa puissance, ne peut rien me donner de plus grand que Lui-même ! Que mon âme le bénisse à jamais : Magnificat ! Désormais donc, regardons la communion comme le plus sublime honneur auquel nous puissions aspirer, et approchons-nous souvent du banquet eucharistique. Sainte Gertrude aurait passé, nous assure-t-elle, à travers des épées pour se rendre à la sainte table. Marie ! Que cet empressement soit aussi le nôtre, au moins aux beaux jours de vos fêtes !

2. Combien elle s'abaisse par son humilité.
Saint Bernard s'écrit : " Ô prodige d'humilité ! Plus la Vierge est élevée, plus aussi elle s'abaisse. " L'archange Gabriel s'incline devant elle, la salue pleine de grâce, et lui annonce que la Sainte Trinité l'a choisie pour être la Mère du Messie. L'humble Vierge de Judas se trouble et ne peut comprendre que le choix de Dieu soit tombé sur sa bassesse. L'ange déroule à ses yeux les magnificences de cette divine maternité et les grandeurs du Fils qu'elle doit enfanter. Elle s'effraye de plus en plus d'une telle dignité; elle pense aux humiliations du Verbe Incarné, et elle se confond dans son propre néant. A tous les éloges qu'on lui donne elle ne fait qu'une réponse qui peint bien le sentiment qui l'anime : Je suis la servante du Seigneur : Ecce ancilla Domini. Vous me parlez d'être sa Mère, je ne suis que son humble servante. Et non contente de croire qu'elle n'est rien par elle-même, elle désire que tout le monde soit persuadé de son néant, afin qu'on rapporte à Dieu seul toute louange et toute gloire. Aussi, dans son sublime cantique, nommé par saint Ambroise l'Extase de l'humilité, elle redit à tous les siècles que Dieu abaissa ses regards sur la bassesse de sa servante, et que pour cela toutes les générations l'appelleront bienheureuse. Quelle humilité, qui ravit le ciel et détermine le Verbe de Dieu à descendre du trône de sa gloire jusque dans les profondeurs de notre néant : Humilitate concepit !
Que l'exemple de notre Mère nous persuade que l'humilité est la source de toutes les grâces et la meilleure disposition pour la réception de la divine Eucharistie. " Pour être des vases délections propres à recevoir Jésus-Hostie, il faut au moins, dit saint Augustin, être vide de soi. Dieu s'éloigne des superbes, mais il se donne aux âmes humbles." Jésus, Marie, faites qu'à chaque communion nous soyons dans les mêmes dispositions d'humilité qui vous animaient au moment de l'Incarnation.

Exemple :

Dans son exil à Bruxelles, le général Lamoricière eut le bonheur de revenir à Dieu. Dès lors, ses progrès dans la vertu et la piété furent rapides. Il avait avec lui trois livres qui ne le quittaient jamais : le Catéchisme, un Paroissien, une Imitation de Jésus-Christ. Un jour, il discutait à Paris, devant une de ses filles, avec le curé de sa paroisse, sur la fréquente communion. "Nous ne sommes pas dignes de communier si souvent ", disait-il. C'est vrai, lui répondit le prêtre, mais nous en avons besoin : la communion est moins une récompense qu'une grâce et un secours. Indignes d'une si grande faveur, nous devons nous humilier profondément, comme la Très Sainte Vierge au moment de l'Incarnation : Humilitate concepit. Pauvres, dénués de tout, nous devons recourir souvent à la divine Eucharistie, source de tout bien. Le général s'arrêta un instant : "Monsieur le curé, reprit-il, on m'avait donné jusqu'ici vingt cinq mille mauvaises raisons : mais vous m'en avez donné une bonne, et je vous en remercie. Puis, s'adressant à sa fille : "Mon enfant, communie tant que tu le pourras, mais toujours avec un sentiment profond d'humilité." Souvent l'illustre général accompagnait sa fille au banquet eucharistique et souvent aussi il versait des larmes d'attendrissement en recevant le Dieu des armées, lui qui avait affronté indifféremment vingt fois la mort sur le champ de bataille. Quand on lui demanda, à son lit de mort, s'il désirait communier une dernière fois, il répondit avec un accent de conviction profonde : "Oui ! Je le désire ardemment, tout indigne que j'en sois ! " Après avoir communié, il expira doucement dans les bras de sa fille, en prononçant avec elle les doux noms de Jésus Marie, Joseph. Nous aussi, en bons enfants de Marie, communions tant que nous pourrons, mais toujours avec une foi vive et une profonde humilité.

Marie ! Vous qui vous êtes d'autant plus abaissée que le Seigneur vous élevait d'avantage, obtenez pour vos enfants votre esprit d'humilité. Malheureusement, nous sommes peu portés à vous imiter; nous ne cherchons que ce qui peut nourrir notre orgueil et flatter notre amour propre. Jetez sur nous un regard de miséricorde et apprenez-nous à être doux et humbles de coeur. Ainsi soit-il.
AveMaria44
"Jésus, Marie, faites qu'à chaque communion nous soyons dans les mêmes dispositions d'humilité qui vous animaient au moment de l'Incarnation..."
Oui, encore faut-il que cette hostie soit validement et légitimement consacrée au Saint Sacrifice de la Messe.
apvs
AveMaria44 il y a 7 heures 👍
Mais sa plus grande gloire est d'être Mère de Dieu, l'Immaculée Conception n'en n'est que la préparation.
"...1º Que la Très Sainte Vierge est le vrai paradis terrestre du nouvel Adam, et que l'ancien paradis terrestre n'en était que la figure. Il y a donc, dans ce paradis terrestre, des richesses, des beautés, des raretés et des douceurs inexplicables, que le …Plus
AveMaria44 il y a 7 heures 👍

Mais sa plus grande gloire est d'être Mère de Dieu, l'Immaculée Conception n'en n'est que la préparation.
"...1º Que la Très Sainte Vierge est le vrai paradis terrestre du nouvel Adam, et que l'ancien paradis terrestre n'en était que la figure. Il y a donc, dans ce paradis terrestre, des richesses, des beautés, des raretés et des douceurs inexplicables, que le nouvel Adam, Jésus-Christ, y a laissées. C'est en ce paradis qu'il a pris ses complaisances pendant neuf mois, qu'il a opéré ses merveilles et qu'il a étalé ses richesses avec la magnificence d'un Dieu. Ce très saint lieu n'est composé que d'une terre vierge et immaculée, dont a été formé et nourri le nouvel Adam, sans aucune tache ni souillure, par l'opération du Saint-Esprit, qui y habite. C'est en ce paradis terrestre où est véritablement l'arbre de vie qui a porté Jésus-Christ, le fruit de vie; l'arbre de science du bien et du mal qui a donné la lumière au monde. Il y a, en ce lieu divin, des arbres plantés de la main de Dieu et arrosés de son onction divine, qui ont porté et portent tous les jours des fruits d'un goût divin; il y a des parterres émaillés de belles et différentes fleurs des vertus, qui jettent une odeur qui embaume même les anges. Il y a dans ce lieu des prairies vertes d'espérance, des tours imprenables de force, des maisons charmantes de confiance, etc. Il n'y a que le Saint-Esprit qui puisse faire connaître la vérité cachée sous ces figures de choses matérielles. Il y a encore en ce lieu un air pur, sans infection, de pureté; un beau jour, sans nuit, de l'humanité sainte; un beau soleil, sans ombre, de la Divinité; une fournaise ardente et continuelle de charité, où tout le fer qui est mis est embrasé et changé en or; il y a un fleuve d'humilité qui sourd de la terre et qui, se divisant en quatre branches, arrose tout ce lieu enchanté; ce sont les quatre vertus cardinales."

( Saint Louis Marie Grignion de Montfort, Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge )