Des chiens de traineau marchent sur l’eau au Groenland

L’histoire derrière l’incroyable photo de chiens marchant sur l’eau au Groenland

>Société|Hugo Wintrebert| 17 juin 2019, 17h00


Capture d’écran Twitter/@SteffenMalskaer

La banquise a commencé à fondre très tôt dans le fjord d’Inglefield, dans le nord-ouest du Groenland, après un mois de juin particulièrement chaud.

Le cliché pris par un scientifique de l’institut de météorologie danois, illustre la précoce fonte des glaces observée en Arctique cette année.


Un ciel bleu azur tacheté de quelques discrets nuages, un horizon de côtes escarpées et des chiens de traîneaux semblant courir sur une eau translucide. La photo d’apparence surréaliste, publiée sur Twitter ce jeudi par une équipe de scientifiques danois, est devenue virale en quelques heures. D’une beauté inquiétante, le cliché pris dans le fjord d’Inglefield (Bredning) au nord-ouest du Groenland, illustre l’importante et précoce fonte de glace survenue ces derniers jours dans l’Arctique.

Contacté par le Parisien, Steffen M. Olsen, l’auteur de la photo explique qu’il se trouvait au Groenland pour une étude sur le climat avec la communauté scientifique locale. Il était chargé avec d’autres collègues danois de récupérer des balises océanographiques, quand il s’est retrouvé sur un sol glacé entièrement recouvert d’eau alors qu’il se déplaçait en chiens de traîneau.



« Un ciel dégagé et des températures élevées causent une fonte soudaine et importante des premières neiges puis de la glace en surface. L’eau liquide ainsi formée ne s’écoule pas assez rapidement à travers la glace située en dessous, toujours aussi froide et perméable. Et les craquelures dans la glace ne sont pas assez importantes ». Résultat : l’eau stagne sur la glace.

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@SteffenMalskaer got the difficult task of retrieving our oceanographic moorings and weather station on sea ice in North West Greenland this year. Rapid melt and sea ice with low permeability and few cracks leaves the melt water on top. https:/twitter.com/rasmustonboe/status/1139504201615237120
— Rasmus Tonboe (@RasmusTonboe) 14 juin 2019

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D’après le scientifique, la glace recouvrant le fjord d’Inglefield mesure 1,2 m d’épaisseur, avec 870 m d’eau en dessous. Jeudi, au moment de sa traversée, entre 40 et 50 centimètres d’eau recouvraient la glace.

« Il s’agit d’un phénomène naturel mais nous avons été surpris avec les scientifiques locaux face à l’ampleur de la fonte de la glace en surface et aux énormes quantités d’eau qu’on a vues », souligne Steffen M. Olsen. D’autant plus que « la situation progressait à mesure de notre traversée. » Heureusement, aucun scientifique n’a été mis en danger.

2 millions de tonnes de glace en moins en un jour

Pour le météorologue danois, « il est juste que cette photo soit utilisée pour illustrer le changement climatique. Mais elle ne doit pas être mal interprétée. Le cliché montre d’abord des conditions météo très particulières ce jour-là. »

Ce jeudi 13 juin, la Groenland a en effet perdu plus de deux millions de tonnes de glace, après avoir connu des températures particulièrement élevées. Un volume de fonte impressionnant mais pas inédit pour autant.


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Yesterday (13th June), we calculate #Greenland#icesheet lost more than 2 Gt (2 km³) of ice,, melt was widespread but didn't quite get to #SummitCamp which was just below 0°C

The high melt is unusual so early in the season but not unprecedentedhttps://t.co/Ftg0fkC7AKpic.twitter.com/Y4jQ1FoFRZ
— Greenland (@greenlandicesmb) 14 juin 2019

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La situation actuelle « est inhabituelle, mais pas sans précédent, relève Thomas Mote, chercheur à l’Université de Géorgie et spécialiste du climat du Groenland, cité par CNN. C’est comparable à certaines pointes que nous avons vues en juin 2012 », rappelle-t-il. Cette année-là, quasiment l’intégralité de la calotte glaciaire du Groenland a été touchée par un phénomène de fonte pendant l’été.

2019 pourrait être une nouvelle année record

Les pertes de glace de 2 km3 observées ce jeudi doivent être également relativisées comparées aux 3 millions de km3 qui composent le Groenland.


A bit of perspective might be useful here.

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The 2019 melt extent sets a new daily record for mid-June, but it is only a little bit higher than has occurred in a few other years. More of an incremental worsening than a dramatic one. pic.twitter.com/tAY3QgyvyT
— Robert Rohde (@RARohde) 14 juin 2019
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Mais les importantes fontes de cette année sont beaucoup plus précoces que d’habitude, d’environ trois semaines. En temps normal, la fonte s’étale du mois de juin au mois d’août, avec un pic au mois de juillet.

D’après Thomas Mote de l’Université de Géorgie, la fonte de jeudi est le signe que 2019 pourrait bien être une nouvelle année record en matière de fonte des glaces au Groenland. Une perte de glace intervenant aussi tôt présage ainsi d’une fonte supplémentaire, plus tard cet été.

Car le phénomène de jeudi modifie la surface de la calotte glaciaire, qui absorbe ainsi davantage de chaleur venant des rayons du soleil. Avec moins de neige et de glace sur cette surface, davantage de glace va fondre, explique Thomas Mote. « Tous les signes nous indiquent qu’il s’agira d’une saison d’importante fonte », assure-t-il.


www.leparisien.fr/societe/rechauffement-c…=AD-32280599

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Développement quotidien de la calotte glaciaire du Groenland en fonction de la météo

La carte montre comment la surface de la calotte glaciaire du Groenland gagne et perd de la masse quotidiennement. Ceci est connu sous le nom de bilan massique de surface. Cela n'inclut pas la masse perdue lorsque les glaciers criblent des icebergs et fondent au contact de l'eau de mer chaude.

En maintenant la souris sur les cercles, vous pouvez voir les observations météorologiques de la journée provenant des stations météorologiques utilisées pour surveiller les processus de fusion.

Le graphique situé sous la carte montre la contribution quotidienne totale de tous les points de la calotte.

La courbe bleue montre le bilan de masse en surface de la saison en cours, mesuré en gigatonnes (1 Gt représente 1 milliard de tonnes et correspond à 1 kilomètre cube d’eau).

La courbe gris foncé trace la valeur moyenne de la période 1981-2010.

La bande gris clair montre des différences d'une année à l'autre. Pour chaque jour civil, la bande indique la plage sur 30 ans (de 1981 à 2010), mais en omettant les valeurs les plus basses et les plus élevées pour chaque jour.

Développement quotidien de la calotte glaciaire du Groenland en fonction de la météo

La calotte glaciaire du Groenland évolue tout au long de l'année en fonction des conditions météorologiques. Les précipitations augmentent la masse de la calotte glaciaire, tandis qu'une chaleur plus importante conduit à la fonte, ce qui lui fait perdre de la masse. Le terme bilan de masse de surface est utilisé pour décrire le gain isolé et la perte de masse de la surface de la calotte glaciaire - à l'exclusion de la masse perdue lorsque les glaciers se vident des icebergs et fondent au contact de l'eau de mer chaude.

Les chiffres ci-dessus sont mis à jour quotidiennement et indiquent la masse de neige perdue, de glace ou d’eau perdue ou gagnée à la surface de la calotte glaciaire.

Les cercles sur la carte correspondent aux stations météorologiques PROMICE qui ont été établies pour surveiller les processus de fonte. Notez que les cercles sur la carte sont légèrement décalés de leur position réelle pour pouvoir être distingués. Sur la grande version de la carte, ils sont marqués de petits points à leur position réelle.

La densité de neige et de glace est différente de celle de l'eau, les chiffres sont donc convertis en eau pour permettre le calcul de la masse totale.

Le modèle sur lequel sont basés les «changements quotidiens» et «accumulés»

Les chiffres s'appuient en partie sur les observations des stations météorologiques sur la calotte glaciaire et sur le modèle météorologique de recherche de DMI pour le Groenland, Hirlam-Newsnow, et depuis le 1er juillet 2017, le modèle météorologique HARMONIE-AROME.

Ces données sont utilisées dans un modèle permettant de calculer les quantités totales de glace et de neige. Les chutes de neige, la fonte de la neige et de la glace, le regel d'eau de fonte et la neige qui s'évapore sans fondre au préalable (sublimation) sont tous pris en compte dans ce modèle.

Le modèle a été amélioré en 2014 afin de prendre en compte le fait qu'une partie de l'eau de fonte gèle dans la neige, et à nouveau en 2015 afin de prendre également en compte le faible reflet de la lumière du soleil sur la glace nue par rapport à la neige.

Enfin, il a été mis à jour à nouveau en 2017 avec une représentation plus avancée de la percolation et du regel de l'eau de fonte. Dans le même temps, nous avons étendu la période de référence à 1981-2010. La mise à jour signifie que les nouvelles cartes, figures et graphiques s’écarteront des exemples précédents que l’on pouvait voir dans les rapports de saison précédents.

Cependant, tout ce qui apparaît sur cette page est calculé à l'aide du même modèle, de sorte que tous les graphiques et toutes les valeurs sont directement comparables.

Les données des stations météorologiques peuvent être manquantes en raison de problèmes d'instruments ou de transmission par satellite si la batterie alimentée par l'énergie solaire est faible, si la station météorologique est enneigée ou, dans le pire des cas, renversée.


polarportal.dk/…/surface-conditi…

More information:

PROMICE

DMI’s page on surface mass balance
Surface mass balance and other model output from DMI's regional climate model HIRHAM5 as shown on the daily surface mass balance page is freely available for research purposes from the DMI research department. A selection of variables for the ERA-Interim period and future simulations driven by EC-Earth can be downloaded here. These simulations are documented in scientific publications by Langen et al. (2017) and Mottram et al. (2017).

The HIRLAM weather model

The HARMONIE-AROME weather model that since 1 July 2017 drives the melt model
sherelias
Pendant ce temps là l'antartique lui continue de s'étendre.