Ludovic Denim
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(Partie 1/2) Le but détourné d'Amoris Laetitia : favoriser les relations homosexuelles

Article de Life News du 14 Mai 2018

Un prêtre explique pourquoi Amoris Laetitia est vraiment écrit pour normaliser l'homosexualité

Je l'ai dit dès le commencement, lorsque Amoris Laetita a été publié la première fois, avec son tristement célèbre Chapitre 8 qui permet à la conscience individuelle de tromper l'objectif de la loi morale et ainsi d'éliminer effectivement la notion intrinsèque du mal moral : le vrai débat n'est pas la Sainte Communion pour les divorcés et les remariés. Après tout, le Pape François a déjà simplifié le procédé d'annulation, permettant que les déclarations de nullité qui sont généralement faciles à obtenir, soient même données plus facilement encore.

Le vrai débat est au sujet de la sodomie, et de la normalisation - et même la bénédiction - de ce comportement appelé dans le Catéchisme "intrinsèquement dérangé". Dans ce qu'il suit, j'essaierai donc de connecter les lignes de manière à clarifier l'ensemble.

Il faut se rappeler que le point n°50 de la première ébauche du document pour le premier synode sur la famille en Octobre 2014 a déclaré que "les homosexuels ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne" et ainsi demandé à nos communautés d'être "capable d'... accepter et de donner de la valeur à leur orientation sexuelle" - impliquant que ceux qui ont une pratique homosexuelle ont des "dons et des qualités" spéciales en plus, et au-delà de toutes les autres personnes, et que leur attraction pour le même sexe - appelé dans le Catéchisme "objectivement dérangée" - doit être "acceptée et évaluée".(1)

Bien que ce langage n'apparait jamais dans Amoris Laetitia (AL), le fait qu'il soit inséré dans les documents de travail préliminaire avec l'approbation du Pape François et qu'il ait été lu à l'Assemblée des Evêques en sa présence, est pour le moins suggestif. Ce langage nous donne une clé pour comprendre comment le Chapitre 8 d'AL a été interprété, de manière à permettre à ceux qui se sont engagés dans un deuxième mariage dans leur vie civile (et qui commettent donc l'adultère) soient admis à la Sainte Communion, mais aussi que ceux qui se trouvent engagés dans des relations avec des personnes du même sexe qu'eux (et qui pratiquent donc la sodomie) - aussi longtemps qu'ils sont "accompagnés" par un prêtre, s'engagent avec "discernement" et en suivant leur "conscience". (2)

Cet agenda pour l'homosexualité a continué d'être mis en avant par ceux qui ont participé à un "synode secret" tenu en Mai 2015 à l'Université Pontificale Grégorienne de Rome, dans le but de persuader ceux qui ont depuis pris part à ce qui était le futur deuxième synode sur la famille ; pour qu'ils acceptent les unions homosexuelles, et se dispensent d'utiliser le terme "mal intrinsèque" ; introduisent une "théologie d'amour" controversée. (3). Comme le correspondant du "National Catholic Register" Edward Pentin l'a rapporté concernant cette assemblée :
"Autour de 50 participants, incluant des évêques, des théologiens et des personnalités des médias, ont pris part à ce rassemblement, à l'invitation des présidents de la Conférence des Evêques d'Allemagne, de Suisse et de France - les Cardinaux Reinhard Marx, l'évêque Markus Büchel et l'Archevêque Georges Pontier. Un des sujets clés qui a été discuté lors de ce rendez-vous à portes closes posait la question de comment l'Eglise Catholique pourrait mieux accueillir ceux qui se trouvent dans des relations homosexuelles, et il a été rapporté que "personne" ne s'est opposé à de telle unions étant ainsi reconnues comme valides par l'Eglise Catholique." (4)

Cet agenda a eu un certain écho durant le 2ème synode sur la famille en Octobre 2015 par l'Archevêque de Chicago, Blase Cupich, qui a été sélectionné par le Pape François pour être un délégué papal au synode. Quand il a été interrogé par les journalistes du Vatican au sujet de la Sainte Communion pour les divorcés et les remariés civils, Cupich a dit que cela était possible pour eux s'ils en étaient "venu à cette décision dans un état de bonne conscience" et il a ajouté que "la conscience était inviolable" et que "nous avons à respecter cela lorsque nous prenons des décisions".

Cupich était alors interrogé à propos de "l'accompagnement" des couples homosexuels pour recevoir la Sainte Communion, ce à quoi il a répondu que "les personnes gays sont des êtres humains aussi, qu'ils ont une conscience, et mon rôle en tant que pasteur est de les aider à discerner ce qui est la volonté de Dieu en me tenant à l'objectif de l'enseignement moral de l'Eglise Catholique". Mais il en vient à dire "en même temps" que son rôle en tant que pasteur est de les aider, "à travers une période de discernement, à comprendre ce à quoi Dieu les appelle à ce moment, donc c'est pour tout le monde". Il ajouta : "Nous avons à être sûr que nous ne cataloguons pas un groupe comme s'ils n'étaient pas part de la grande famille humaine, comme s'il y avait une série de règles différentes pour eux. Ce serait une grosse erreur". (5)

Pour le dire autrement, si ceux qui sont engagés dans des relations adultères sont capables avec l'aide de leurs pasteurs de discerner en fonction de leur conscience qu'ils devraient recevoir la Sainte Communion, la même chose pourrait être donc être faite pour les couples de même sexe qui pratiquent la sodomie. Il n'y a pa besoin de se repentir vraiment et de se résoudre à amender sa façon de vivre, "va et ne pêche plus" ; on peut simplement s'obstiner dans un comportement de pécheur et toujours recevoir l'Eucharistie. (6) D'où on déduit que la conscience devient la notion suprême et l'objectif de l'ordre moral est absent.

Il est intéressant de noter par ailleurs qu'après avoir fait ces déclarations, lesquelles seront largement diffusées par les média à travers le monde, le Pape François a élevé Blase Cupich en l'intégrant au Collège des Cardinaux.

Des prélats distingués supportent ce nouveau paradigme

Cette même interprétation du Chapitre 8 d'AL a été confirmé par un invité auprès d'autres prélats distingués, qui font parti des cardinaux très proches au Pape François - dans les mois et les années qui ont suivi la publication d'AL. Voici ici quelques exemples notables :

Rappelons pour commencer que c'était le Cardinal allemand Walter Kasper, qui au Consistoire des Cardinaux décidé par le Pape François en Février 2014, a initialement proposé que les divorcés et les remariés puissent recevoir la Sainte Communion (la "Proposition Kasper"). Peu après la publication d'AL, Kasper est allé voir les médias en disant que "il semble clair ... qu'il y a des cas qui existent pour lesquels les divorcés et les remariés qui sont sur le chemin pour être réintégrés, absous et ramené à la communion" ; et que cette exhortation "dépasse une approche casuistique rigide et laisse de la place à une liberté chrétienne de conscience". (7)

Ah, et oui, en faisant appel à la conscience individuelle ainsi qu'au libre examen de sa propre conduite, cela peut de même être appliqué aux relations du même sexe donc homosexuelles, et leur permettre d'être admis à la Sainte Eucharistie. Kasper en dit tout autant dans le nouveau livret dont il est l'auteur "Le message d'Amoris Laetitia : Une discussion fraternelle :
"Le Pape ne laisse pas de place pour le doute au-delà du fait qu'il y a des mariages civils, des union de fait, et des nouveaux mariages qui succèdent à des divorces (Amors Laetitia 291) et des unions entre des personnes homosexuelles (Amoris Laetita 250 et suivants) qui ne correspondent pas à la conception chrétienne du mariage" ; cependant, Kasper dit que le Pape insiste sur le fait que "certains des partenaires peuvent réunir des élements qui se trouvent dans le mariage chrétien à travers des chemins analogues et partiels (Amoris Laetitia 2912). (8)

Le cardinal autrichien Christoph Schoenborn, que le Pape François a appelé un "interprète d'autorité" d'Amoris Laetitia, voit AL comme permettant la Sainte Communion pour les divorcés et les remariés civilement. (9) Dans un entretien durant le Synode pour la Famille de 2015, il a ainsi appelé à la reconnaissance d' "élements positifs" pour les unions homosexuelles, disant :"Nous pouvons et nous devons respecter la décision de former une union avec une personne de même sexe, [et] chercher les moyens au sein des lois civiles de protéger leur façon de vivre ensemble avec des lois qui leur assurent une telle protection."
Schoenborn s'est mis ensuite à critiquer les "moralistes intransigeants" qui se trouvent parmi ses pairs qui sont évêques, qu'il accuse d'avoir une "obsession avec intrinsece malum [le mal intrinsèque]" (10)

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1 www.lifesitenews.com/news/reporters-criti… (Oct. 16, 2014).

2 See AL nos. 300-305, and footnote 351.

3 www.lifesitenews.com/news/new-academy-for… (Jan. 8, 2017).

4 www.ncregister.com/daily-news/confidential-me… (May 26, 2015).

5 www.ncregister.com/daily-news/abp-cupich-cons… (Oct. 16, 2016). In his Feb. 9, 2018 address at St. Edmund’s College in Cambridge, England, “Pope Francis' Revolution of Mercy: Amoris Laetitia as a New Paradigm of Catholicity,” Cardinal Cupich insisted that “the voice of conscience . . . could very well affirm the necessity of living at some distance from the Church’s understanding of the ideal” – an understanding of conscience which can be applied equally to the divorced and civilly remarried engaged in adulterous conduct, and to those in same-sex unions engaged in sodomy.

6 As a priest and confessor, if a penitent tells me he is sexually active in an invalid marriage or in a same-sex relationship, but insists that he plans to continue his sinful acts, I am obliged to try to bring him to a realization that his subjective opinion regarding his conduct cannot overrule the objective moral law and the clear teaching of Christ; and that I have to follow my conscience and withhold absolution if he is unwilling to firmly resolve to amend his life. If the penitent persists in saying he does not believe he is committing a sin, I would have to tell him: “Then I have nothing to absolve you from”; and then ask him: “Why are you here in the confessional asking to be absolved from a course of conduct you do not believe is sinful?”

7 www.lifesitenews.com/news/cardinal-kasper… (April 18, 2016).

8 www.lifesitenews.com/news/cardinal-kasper… (March 14, 2018). In the booklet, Kasper compares such irregular unions with the relationship between the Catholic Church and non-Catholic Christian groups, whom Vatican II says contain “elements of sanctification and truth” of the Church. Kasper insists that “Just as outside the Catholic Church there are elements of the true Church, in the above-mentioned unions there can be elements present of Christian marriage, although they do not completely fulfill, or do not yet completely fulfill, the ideal.” N.B.: Christoph Cardinal Schoenborn made this same argument at the 2014 Synod on the Family – see footnote 10 below.

9 www.lifesitenews.com/news/pope-says-schon… (April 6, 2016). This position is not new for Schoenborn. At the International Retreat for Priests held in Ars, France in 2009 held during the Year of Priests proclaimed by Pope Benedict XVI, Cardinal Schoenborn delivered most of the daily meditations, which were, on the whole, very inspiring. But as the retreat drew to a close, the Cardinal announced that he would use his last retreat talk to address topics of concern, and invited priests to submit questions. During his final talk, Schoenborn addressed the issue of Communion for those divorced and civilly remarried. To the surprise and shock of the 1200 priests present, he proceeded to tell them that it was his practice to allow such couples to receive the Eucharist if they remained faithful and committed to each other for many years.

10 www.lifesitenews.com/news/cardinal-schoen… (Sept. 14, 2015). This article notes that at the 2015 Synod, Schoenborn “proposed an interpretative key” to revolutionize the Church’s approach to family life and sexual ethics by looking at Vatican II’s dogmatic constitution on the Church, Lumen Gentium, which states: “Although many elements of sanctification and of truth are found outside of its visible structure. These elements, as gifts belonging to the Church of Christ, are forces impelling toward catholic unity [LG 8].” Schoenborn argues that “Because marriage is a Church in miniature,” and just as the Church seeks to find elements of truth in different religions, it follows that “who are we to judge and say that there are no elements of truth and sanctification in them [non-marital sexual lifestyles]?”