gerard57
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Jésus enseigne dans l'enceinte du Temple : "Je suis la Lumière du monde"

(Jésus) dit : "Je suis la Lumière du monde et celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie." Et il se tait après avoir énoncé le thème du discours qu'il développera comme il fait habituellement quand il va prononcer un grand discours. Il se tait pour laisser aux gens le temps de décider si le sujet les intéresse ou non, et aussi pour donner à ceux que le sujet annoncé n'intéresse pas le temps de s'en aller. De ceux qui sont présents, personne ne s'en va; et même les pharisiens, qui étaient sur la porte occupés à une conversation contrainte et étudiée, se sont tus et se sont tournés vers l'intérieur de la synagogue au premier mot de Jésus, et ils entrent en se frayant un passage, autoritaires comme toujours.

Quand tout bruit a cessé,
Jésus répète la phrase déjà dite, à plus forte voix encore. Il commence et poursuit : "Je suis la Lumière du monde étant le Fils du Père qui est le Père de la Lumière. Le fils ressemble toujours au père qui l'a engendré et il a la même nature. De même, je ressemble à Celui qui m'a engendré et j'ai la même nature. Dieu, le Très-Haut, l'Esprit Parfait et Infini, est Lumière d'Amour, Lumière de Sagesse, Lumière de Puissance, Lumière de Bonté, Lumière de Beauté. Il est le Père des Lumières et celui qui vit de Lui et en Lui voit parce qu'il est dans la Lumière, de même que Dieu désire que les créatures voient. Il a donné à l'homme l'intelligence et le sentiment pour qu'il puisse voir la Lumière, c'est-à-dire Lui-même, et la comprendre et l'aimer. Et à l'homme Il a donné les yeux pour qu'il puisse voir la chose la plus belle parmi les choses créées, la perfection des éléments, qui rend visible la Création, celle qui est une des premières actions du Dieu Créateur et porte le signe le plus visible de Celui qui l'a créée : la lumière, incorporelle, lumineuse, béatifique, consolante, nécessaire comme l'est le Père de tous : Dieu Éternel et Très-Haut.

Par un ordre de sa Pensée, Il
a créé le firmament et la terre, c'est-à-dire la masse de l'atmosphère et la masse de la poussière, l'incorporel et le corporel, ce qui est très léger et ce qui est lourd, mais tous les deux pauvres et vides encore, informes encore, parce qu'enveloppés dans les ténèbres, sans astres et sans vie. Mais pour donner à la terre et au firmament leur vraie physionomie, pour en faire deux choses belles, utiles, adaptées à la continuation de l'œuvre créatrice, l'Esprit de Dieu — qui se tenait au-dessus des eaux et qui était tout un avec le Créateur qui créait et l'Inspirateur qui poussait à créer, pour pouvoir aimer non seulement Lui-même dans le Père et dans le Fils, mais aussi un nombre infini de créatures portant le nom d'astres, planètes, eaux, mers, forêts, plantes, fleurs, animaux qui volent, se meuvent, rampent, courent, sautent, grimpent, et enfin l'homme, la plus parfaite des créatures, plus parfait que le soleil parce qu'il a une âme en plus de la matière, l'intelligence en plus de l'instinct, la liberté en plus de l'ordre, l'homme semblable à Dieu par l'esprit, semblable à l'animal par la chair, le demi-dieu qui devient dieu par la grâce de Dieu et sa propre volonté, l'être humain qui par sa volonté peut se transformer en ange, le plus aimé de la Création sensible pour lequel, tout en le sachant pécheur dès avant l'existence du temps, Il a préparé le Sauveur, la Victime dans l'Être aimé sans mesure, dans le Fils, dans le Verbe, pour qui tout a été fait — mais pour donner à la terre et au firmament leur vraie physionomie, disais-je, voilà que l'Esprit de Dieu qui se tenait dans le cosmos crie, et c'est la Parole qui pour la première fois se manifeste : "Que la lumière soit", et la lumière existe, bonne, salutaire, puissante pendant le jour, affaiblie pendant la nuit, mais qui ne périra pas tant que le temps existera. De l'océan des merveilles qu'est le trône de Dieu, le sein de Dieu, Dieu tire la gemme la plus belle, et c'est la lumière qui précède la gemme la plus parfaite qui est la création de l'homme, en qui se trouve non pas un joyau de Dieu, mais Dieu Lui-même, avec son souffle qu'il a envoyé sur la boue pour en faire une chair et une vie et son héritier dans le Paradis céleste où Lui attend les justes, ses enfants, pour jouir en eux et eux en Lui.

Si au début de la création Dieu a voulu sur ses œuvres la lumière, si pour faire la lumière Il s'est servi de sa Parole, si Dieu donne à ceux qu'il aime davantage sa ressemblance la plus parfaite : la lumière, lumière matérielle joyeuse et incorporelle, la lumière spirituelle sage et sanctifiante, pourra-t-il n'avoir pas donné au Fils de son amour ce qu'il est Lui-même ?

En vérité, à Celui en qui ab æterno [1], Il se complaît, le Très-Haut a tout donné, et de ce tout, Il a voulu que la première chose et la plus puissante fût la Lumière, pour que sans attendre de monter au Ciel les hommes connaissent la merveille de la Triade, ce qui fait chanter les Cieux dans les chœurs bienheureux, chanter à cause de l'harmonie de la joie éblouie qui vient aux anges de la contemplation de la Lumière, c'est-à-dire de Dieu, la Lumière qui remplit le Paradis et fait la béatitude de tous ses habitants.

Je suis la Lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les
ténèbres
, mais il aura la lumière de la Vie ! De même que la lumière sur la terre informe a permis la vie pour les plantes et les animaux, ainsi ma Lumière permet aux esprits la Vie éternelle. Moi, la Lumière que je suis, je crée en vous la Vie et je la conserve, la développe, vous recrée en elle, vous transforme, vous amène à la Demeure de Dieu par des chemins de sagesse, d'amour, de sanctification. Celui qui a en lui-même la Lumière, possède Dieu en lui, car la Lumière est une avec la Charité et qui a la Charité possède Dieu. Celui qui a en lui-même la Lumière a en lui la Vie, car Dieu est là où on accueille son Fils bien-aimé."

"Tu dis des paroles dépourvues de raison. Qui a vu ce qu'est Dieu ? Moïse même n'a pas vu Dieu. En effet, sur l'Horeb, dès qu'il sut qui parlait du buisson ardent, il se couvrit le visage; et même les autres fois il ne put le voir parmi les éclairs éblouissants. Et tu dis que tu as vu Dieu ? À Moïse, qui seulement l'entendit parler, il resta une splendeur sur le visage. Mais Toi, quelle lumière as-tu sur le visage ? Tu es un pauvre galiléen dont le visage est pâle comme la plupart d'entre vous. Tu es un malade, fatigué et maigre. En vérité, si tu avais vu Dieu et s'il t'aimait, tu ne serais pas comme quelqu'un qui est près de mourir. Tu veux donner la vie, Toi qui ne l'as même pas pour Toi-même ?" et ils secouent la tête avec une compassion ironique.


"Dieu est Lumière et Moi, je sais ce qu'est sa Lumière car les enfants connaissent leur père et chacun se connaît lui-même. Moi, je connais mon Père, et je sais qui je suis. Je suis la Lumière du monde. Je suis la Lumière car mon Père est la Lumière et qu'il m'a engendré en me donnant sa Nature. La Parole n'est pas dissemblable de la Pensée car la parole exprime ce que pense l'intelligence. Et, du reste, ne connaissez-vous plus les prophètes ? Ne vous rappelez-vous pas Ezéchiel et surtout Daniel ?

Pour décrire Dieu, dont il avait la vision sur le char des quatre animaux, le premier dit : "Sur le trône se trouvait quelqu'un dont l'aspect semblait celui d'un homme et en lui et autour de lui, je vis une sorte d'ambre jaune miel qui avait l'apparence du feu, et de ses reins, au-dessus et au-dessous, j'ai vu comme une sorte de feu qui resplendissait tout autour, ayant l'aspect de l'arc-en-ciel quand il se forme dans les nuages un jour de pluie, tel était l'aspect de cette splendeur tout alentour" [2]. Et Daniel dit : "J'étais occupé à regarder jusqu'à ce qu'on élevât des trônes et que s'assît l'Ancien des jours. Ses vêtements étaient blancs comme la neige, ses cheveux comme de la laine d'une blancheur éclatante, son trône était des flammes vives et les roues de son trône était un feu flamboyant. Un fleuve de feu courait avec rapidité devant sa face" [3]. C'est ainsi qu'est Dieu, et c'est ainsi que je serai quand je viendrai vous juger."

"Ton témoignage n'est pas valable. Tu te rends témoignage à Toi-même. Alors ton témoignage quelle valeur a-t-il ? Pour nous, il n'est pas vrai."


"Bien que je me rende témoignage à Moi-même, mon témoignage est vrai car je sais d'où je suis venu et où je vais. Mais vous vous ne savez ni d'où je viens ni où je vais. Vous avez pour sagesse ce que vous voyez. Moi, je connais au contraire tout ce qui est inconnu à l'homme, et je suis venu pour que vous aussi le connaissiez. C'est pour cela que j'ai dit que je suis Lumière, car la lumière fait connaître ce qui était caché par les ombres. Dans le Ciel, il y a la Lumière; sur la Terre, c'est surtout le règne des Ténèbres, et elles cachent les vérités aux esprits car les Ténèbres haïssent les esprits des hommes et elles ne veulent pas qu'ils connaissent la Vérité et les vérités pour qu'ils ne se sanctifient pas. Et c'est pour cela que je suis venu, pour que vous ayez la Lumière et par conséquent la Vie. Mais vous vous ne voulez pas m'accueillir. Vous voulez juger ce que vous ne connaissez pas et cela vous ne pouvez juger, car c'est tellement au-dessus de vous et c'est incompréhensible pour quiconque ne le contemple pas avec l'œil de l'esprit et un esprit humble et nourri de foi. Mais vous, vous jugez selon la chair et vous ne pouvez être dans la vérité de jugement. Moi, au contraire, je ne juge personne pourvu que je puisse m'abstenir de juger. Je vous regarde avec miséricorde et je prie pour vous; pour que vous vous ouvriez à la Lumière. Mais quand je dois vraiment juger, alors mon jugement est vrai car je ne suis pas seul, mais je suis avec le Père qui m'a envoyé et Lui, de sa gloire, voit l'intérieur des cœurs. Et comme Il voit le vôtre, Il voit le mien. Et s'il voyait dans mon cœur un jugement injuste, par amour pour Moi et pour l'honneur de sa Justice, il m'en avertirait. Mais le Père et Moi, nous jugeons d'une seule manière, et nous sommes à deux et non à un seul pour juger et témoigner. Dans votre Loi, il est écrit que le témoignage de deux témoins qui affirment la même chose doit être compté pour vrai et valable. Je rends donc témoignage à ma Nature et avec Moi le Père qui m'a envoyé témoigner de la même chose. Par conséquent ce que je dis est vrai."

"Nous, nous n'entendons pas la voix du Très-Haut. C'est Toi qui dis qu'il est ton Père..."

"Il vous a parlé de Moi sur le Jourdain..."

"C'est bien. Mais tu n'étais pas seul au Jourdain, il y avait
Jean aussi. Il pouvait parler de lui. C'était un grand prophète."

"C'est par vos propres lèvres que vous vous condamnez. Dites-moi : qui parle sur les lèvres des prophètes ?"

"L'Esprit de Dieu."

"Et pour vous, Jean était un prophète ?"

"Un des plus grands, sinon le plus grand."


"Et alors, pourquoi n'avez-vous pas cru à ses paroles et pourquoi n'y croyez-vous pas ? Lui m'avait indiqué comme l'Agneau de Dieu, venu pour effacer les péchés du monde. À qui lui demandait s'il était le Christ, il disait : "Je ne suis pas le Christ, mais celui qui le précède. Et derrière moi est Celui qui en réalité me précède car il existait avant moi, et moi, je ne le connaissais pas, mais Celui qui m'a pris du ventre de ma mère, et qui m'a investi dans le désert et m'a envoyé baptiser m'a dit : 'Celui sur lequel tu verras descendre l'Esprit est celui qui baptisera avec L'Esprit Saint et dans le feu" [4]. Vous ne vous le rappelez pas ? Et pourtant beaucoup d'entre vous étaient présents... Pourquoi donc ne croyez-vous pas au prophète qui m'a désigné après avoir entendu les paroles du Ciel ? Est-ce cela que je dois dire à mon Père que son peuple ne croit plus aux prophètes ?"

"Et où est donc ton père ?
Joseph le menuisier dort depuis des années dans le tombeau. Tu n'as plus de père."

"Vous ne connaissez ni mon Père, ni Moi. Mais si vous vouliez me connaître, vous connaîtriez aussi mon vrai Père."

"Tu es un obsédé et un menteur. Tu es un blasphémateur quand tu veux soutenir que le Très-Haut est ton Père. Et tu mériterais que l'on te frappe conformément à la Loi."

Les pharisiens et d'autres du Temple poussent des cris menaçants alors que les gens les regardent de travers, pour défendre le Christ.


Jésus les regarde sans ajouter un mot, puis il sort du local par une petite porte latérale qui donne sur un portique. (Jésus, à Maria Valtorta)