Solve et Coagula

Après la désar­ti­cu­la­tion (solve) du patri­moine sacré de l’Église par ces pré­dé­ces­seurs, le pape François serait-​il pas­sé à l’é­tape supé­rieure (coa­gu­la) selon un plan bien connu d’ins­pi­ra­tion maçonnique ?

Le Grand Œuvre est en alchi­mie la réa­li­sa­tion de la pierre phi­lo­so­phale, la fameuse pierre capable de trans­mu­ter les métaux, de gué­rir infailli­ble­ment les maux du corps, et d’apporter l’immortalité. À la base de la théo­rie qui affirme l’existence d’une telle pierre, nous trou­vons une tra­di­tion d’après laquelle les métaux divers seraient, dans le sein de la terre, en lente matu­ra­tion pour abou­tir à l’état métal­lique idéal, celui de l’or. Le Grand Œuvre est l’accélération de cette matu­ra­tion, par le recours à l’agent actif de cette évo­lu­tion, comme cata­ly­seur. L’opération alchi­mique du Grand Œuvre com­porte dès lors deux étapes prin­ci­pales : tout d’abord iso­ler ce prin­cipe de trans­mu­ta­tion en le sépa­rant de tous les autres corps aux­quels il est mêlé et qui empêchent son action (sol­vere) ; ensuite, l’utiliser comme l’agent actif de l’évolution, en l’associant d’une manière nou­velle à tous les autres corps dont il a été préa­la­ble­ment iso­lé (coa­gu­lare).

Opportunité d’une grille de lecture ?

2. L’expression uti­li­sée pour dési­gner ce pro­cé­dé des alchi­mistes a fait for­tune, et d’autant plus faci­le­ment que l’alchimie est une science occulte, et, comme telle, en cor­res­pon­dance avec d’autres sciences et d’autres pra­tiques rele­vant du même genre de l’occultisme. C’est ain­si que la Franc-​Maçonnerie a repris à son compte cette for­mule qui carac­té­rise désor­mais son mode même de pro­cé­der : « déblayer avant de bâtir » [1]. Cette méthode d’action maçon­nique a été par­fai­te­ment ana­ly­sée par Mgr Delassus dans son livre La Conjuration anti­chré­tienne [2]. La divi­sion des cha­pitres du livre le mani­feste à elle seule : la Franc-​Maçonnerie s’attache d’abord à cor­rompre (c’est le sens du mot latin sol­vere) les mœurs et les idées avant de recons­truire un ordre social nou­veau, mais en réem­ployant les élé­ments qui entraient dans la com­po­si­tion de l’ordre ancien et qui se trouvent désor­mais désar­ti­cu­lés (c’est le sens du mot latin coa­gu­lare). C’est ce que le bon Aristote appe­lait déjà « déshar­mo­ni­ser et réharmoniser ».

3. Ce plan maçon­nique est une réa­li­té, dûment attes­tée dans ses lignes maî­tresses par de nom­breux et sérieux tra­vaux, dont Mgr Delassus a recueilli la sub­stance, qui ont été conti­nués depuis lors et dont les prin­ci­pales conclu­sions res­tent tou­jours d’actualité [3], reprises et déve­lop­pées qu’elles sont dans le cadre de l’analyse du mon­dia­lisme [4]. Ceci dit, pour­quoi ce plan ne pourrait-​il pas, aujourd’hui, dans le contexte de l’après Vatican II, et tout par­ti­cu­liè­re­ment dans le contexte du pon­ti­fi­cat du Pape François, ser­vir de fil conduc­teur au catho­lique demeu­ré fidèle aux pro­messes de son bap­tême et sou­cieux de com­prendre la nature exacte de la tour­nure prise par les évé­ne­ments au sein de l’Église ? En effet, depuis dix ans que le Pape François a accep­té son élec­tion au Souverain Pontificat, il appa­raît tou­jours plus clai­re­ment que cette tour­nure est nou­velle, non seule­ment par rap­port à ce que l’Église a connu avant Vatican II, mais encore par rap­port à l’évolution sui­vie jusqu’ici de Jean XXIII à Benoît XVI. Car les dix années du pon­ti­fi­cat de François, il faut bien le recon­naître, ne res­semblent guère aux années pré­cé­dentes, qui nous avaient habi­tués à une cer­taine conti­nui­té dans la rup­ture — ou plus exac­te­ment dans la dis­so­lu­tion du patri­moine sacré de la sainte Église : conti­nui­té de cette opé­ra­tion qui res­semble à s’y méprendre à celle que les alchi­mistes ont dési­gnée à l’aide du mot latin sol­vere. A pré­sent, et cela ne cesse de frap­per tou­jours plus les dif­fé­rents obser­va­teurs de l’actualité dans l’Église, de quelque obé­dience qu’ils soient, il semble bien que la date his­to­rique du mer­cre­di 13 mars 2013 ait inau­gu­ré un véri­table tour­nant, comme un point de non-​retour. Ou encore comme une nou­velle rup­ture dans cette conti­nui­té de la rupture.

4. L’idée – redou­table dans la séduc­tion qu’elle ne peut man­quer d’exercer sur un esprit sou­cieux de com­prendre la véri­table por­tée de ce pon­ti­fi­cat de François — sur­git alors d’elle-même. Si l’évolution des dix der­nières années ne res­semble plus à celle des années pré­cé­dentes, qui avait pour point d’aboutissement le fameux sol­vere héri­té du Grand Œuvre de l’alchimie, c’est-à-dire une dis­so­lu­tion, ne serait-​ce pas, tout sim­ple­ment, parce que le Pape François est en train de faire ren­trer l’Église dans l’étape sui­vante de ce plan d’inspiration maçon­nique : étape du coa­gu­lare, où il s’agit pré­ci­sé­ment de bâtir autre chose, non point sur les ruines de la Tradition, mais à par­tir des élé­ments désor­mais épars de cette Tradition, en les réem­ployant pour leur don­ner une confi­gu­ra­tion radi­ca­le­ment nou­velle ? Une telle idée pourrait-​elle trou­ver sa véri­fi­ca­tion à la lumière des faits qui jalonnent le pon­ti­fi­cat du Pape François ? Ici comme ailleurs, pour com­prendre il faut com­pa­rer : voyons donc dans quelle mesure la dif­fé­rence qui met le pon­ti­fi­cat de François à part de ceux de ses pré­dé­ces­seurs pour­rait cor­res­pondre à celle qui dis­tingue les deux étapes du Grand Œuvre, le solve et le coa­gu­la.

La continuité dans la rupture, de Paul VI à Benoît XVI

5. Comment les pré­dé­ces­seurs de François, de Paul VI à Benoît XVI, ont-​ils pu pro­cé­der à cette opé­ra­tion du sol­vere ? Qu’ont-ils fait, exac­te­ment, pour dis­soudre, ou désor­ga­ni­ser, la Tradition de l’Église ? Ils l’ont fait en iso­lant, pour le mettre en évi­dence et l’ériger en prin­cipe dogmatico-​pastoral, le pos­tu­lat imma­nen­tiste [5] de la digni­té onto­lo­gique de la per­sonne humaine, avec son fon­de­ment, qui est le fait que la per­sonne humaine a été créée « à l’image de Dieu » [6] et qu’elle pos­sède comme telle « un germe divin » [7] ou « une digni­té qua­si divine » [8]. C’est en pro­cla­mant ce pos­tu­lat que les Papes de l’immédiat après Concile, Paul VI et Jean-​Paul II, ont lit­té­ra­le­ment dis­sout et désar­ti­cu­lé la Tradition de l’Église, frayant ain­si la voie à François, et met­tant à l’avance celui-​ci en pos­ses­sion du cata­ly­seur d’un nou­vel ordre ecclé­sial, des­ti­né lui-​même à être mis au ser­vice du nou­vel ordre mon­dial d’inspiration maçon­nique. Benoît XVI s’inscrit encore dans cette pre­mière étape du sol­vere, en ce qu’il four­nit la jus­ti­fi­ca­tion théo­rique de cette dis­so­lu­tion accom­plie par ses pré­dé­ces­seurs, en lui don­nant l’alibi, spé­cu­la­ti­ve­ment pen­sé et réflé­chi, d’une continuité.

6. Ce prin­cipe de la digni­té imma­nen­tiste de la per­sonne humaine — qui est l’une des variantes, ou des for­mu­la­tions pos­sibles, du per­son­na­lisme — est abso­lu­ment radi­cal, puisque c’est lui qui com­mande [9] les trois grands axes de la désar­ti­cu­la­tion de la Tradition de l’Église la liber­té reli­gieuse, l’œcuménisme, la démo­cra­ti­sa­tion de la consti­tu­tion de l’Église (habi­tuel­le­ment qua­li­fiée de « col­lé­gia­li­té », mais dont la nature pro­fonde va beau­coup plus loin que la simple attri­bu­tion du pou­voir suprême au Collège des évêques). Et remar­quons bien, car cela importe, en quoi consiste pré­ci­sé­ment l’opération accom­plie par Paul VI et Jean-​Paul II, et dont nous devons à Benoît XVI la jus­ti­fi­ca­tion cri­tique. Il serait trop simple en effet de conce­voir cette opé­ra­tion comme l’équivalent d’un « déblaie­ment de ter­rain », ain­si qu’on a cru pou­voir le véri­fier à pro­pos de la Révolution fran­çaise de 1789 [10]. Cette opé­ra­tion consiste plu­tôt à désar­ti­cu­ler (ou désor­ga­ni­ser) les par­ties inté­grantes (ou les élé­ments consti­tu­tifs) de la Tradition, non à les sup­pri­mer. Ces élé­ments (les dogmes et le caté­chisme, les sacre­ments et la litur­gie, les lois de l’Église et son Code de droit cano­nique, la consti­tu­tion hié­rar­chique de l’Église) demeurent appa­rem­ment les mêmes. Mais ils sont désar­ti­cu­lés car ils ne sont plus reliés entre eux par le même prin­cipe, qui était jusqu’ici le prin­cipe du bien com­mun de la triple uni­té de foi, de culte et de gou­ver­ne­ment, foi, culte et gou­ver­ne­ment eux-​mêmes connus et accep­tés dans la dépen­dance de l’autorité de Dieu révé­lant. Ce prin­cipe est relé­gué au second plan et un autre prin­cipe nou­veau appa­raît, qui est iso­lé pour mieux être mis en évi­dence dans le dis­cours habi­tuel des hommes d’Église : le prin­cipe per­son­na­liste et imma­nen­tiste de la digni­té onto­lo­gique de la per­sonne humaine. Les mêmes élé­ments de la Tradition ne sont plus uni­fiés dans l’unité du triple lien de foi, de culte et de gou­ver­ne­ment. Ils sont ain­si désar­ti­cu­lés, tan­dis qu’un autre prin­cipe d’articulation se fait jour.

7. Jean-​Paul II n’a ces­sé de prê­cher cette ver­sion imma­nen­tiste du per­son­na­lisme. L’on en trouve l’expression ache­vée dans sa toute pre­mière Encyclique, Redemptor homi­nis, du 4 mars 1979, au n° 13 : « Le Concile Vatican II, en divers pas­sages de ses docu­ments, a expri­mé cette sol­li­ci­tude fon­da­men­tale de l’Église, afin que la vie en ce monde soit « plus conforme à l’éminente digni­té de l’homme » (Gaudium et spes, n° 91) à tous points de vue, pour la rendre tou­jours plus humaine » (Ibidem, n° 38). Cette sol­li­ci­tude est celle du Christ lui-​même, le bon Pasteur de tous les hommes. Au nom de cette sol­li­ci­tude, comme nous le lisons dans la consti­tu­tion pas­to­rale du Concile, l’Église qui, en rai­son de sa charge et de sa com­pé­tence, ne se confond d’aucune manière avec la com­mu­nau­té poli­tique et n’est liée à aucun sys­tème poli­tique, est à la fois le signe et la sau­ve­garde du carac­tère trans­cen­dant de la per­sonne humaine » (Ibidem, n° 76) » [11].

8. Et Benoît XVI a vou­lu don­ner, dans son célèbre Discours à la Curie du 22 décembre 2005, une ana­lyse et une jus­ti­fi­ca­tion réflexive de cette nou­velle pré­di­ca­tion, où, depuis Vatican II, les hommes d’Église ont adop­té le pré­sup­po­sé per­son­na­liste de la moder­ni­té. Ce pré­sup­po­sé s’exprime en effet dans la consti­tu­tion Gaudium et spes, que le car­di­nal Ratzinger, alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avait qua­li­fié de « contre Syllabus » [12]. Devenu Pape, il lui appar­te­nait d’établir (dans son Discours du 22 décembre 2005) que cette contra­rié­té n’en était pas une : « Le Concile Vatican II, avec la nou­velle défi­ni­tion de la rela­tion entre la foi de l’Église et cer­tains élé­ments essen­tiels de la pen­sée moderne, a revi­si­té ou éga­le­ment cor­ri­gé cer­taines déci­sions his­to­riques, mais dans cette appa­rente dis­con­ti­nui­té, il a en revanche main­te­nu et appro­fon­di sa nature intime et sa véri­table iden­ti­té. L’Église est, aus­si bien avant qu’après le Concile, la même Église une, sainte, catho­lique et apos­to­lique, en che­min à tra­vers les temps ».

9. Jusqu’en cet an de grâce 2013, les héri­tiers du Concile s’étaient, pourrait-​on dire, fixé pour tâche de réin­ter­pré­ter — ou de relire — toute la Tradition de l’Église à la lumière de ce prin­cipe imma­nen­tiste et per­son­na­liste, qui est l’expression majeure du libé­ra­lisme, à l’époque moderne et du moder­nisme, depuis Vatican II. Mais voi­ci que le Pape François semble nous intro­duire dans une nou­velle démarche.

Un nouveau paradigme ?

10. De prime abord, François semble aller plus loin que ses pré­dé­ces­seurs, trop loin semble-​t-​il, aux yeux de bien des catho­liques. Trois exemples peuvent l’attester.

11. Le pre­mier exemple est celui du n° 303 de l’Exhortation post­sy­no­dale Amoris lae­ti­tia du 19 mars 2016. « L’idée radi­ca­le­ment fausse », écrivions-​nous « est que » une situa­tion qui ne répond pas objec­ti­ve­ment aux exi­gences géné­rales de l’Évangile » et » un com­por­te­ment qui n’atteint pas encore plei­ne­ment l’idéal objec­tif » est, en toute cer­ti­tude morale, » le don de soi que Dieu lui-​même demande »». Nous trou­vons déjà ici le même prin­cipe qui se fera jour trois ans plus tard dans la Déclaration d’Abou Dhabi : prin­cipe selon lequel Dieu auto­rise posi­ti­ve­ment ce qui fai­sait seule­ment jusque-​là l’objet d’un droit néga­tif, droit de ne pas être empê­ché. Dans l’Exhortation apos­to­lique Familiaris consor­tio du 22 novembre 1981, Jean-​Paul II décla­rait que les époux chré­tiens « ne peuvent consi­dé­rer la loi comme un simple idéal à atteindre dans le futur, mais ils doivent la regar­der comme un com­man­de­ment du Christ Seigneur leur enjoi­gnant de sur­mon­ter sérieu­se­ment les obs­tacles ». Autant dire que, même si le prin­cipe imma­nen­tiste de la digni­té de la per­sonne humaine auto­rise le droit néga­tif, le Pape récuse l’idée selon laquelle Dieu com­mande et approuve ce qui, au nom de ce droit, n’est pas empê­ché par les pou­voirs publics. Avec Amoris lae­ti­tia, François affirme équi­va­lem­ment que le plu­ra­lisme et la diver­si­té des morales sont la volon­té de Dieu et que pour autant la loi du Christ rela­tive aux exi­gences du mariage chré­tien est seule­ment l’une des expres­sions pos­sibles de la volon­té de Dieu concer­nant la morale conjugale.

12. Le deuxième exemple est celui de la Déclaration d’Abou Dhabi – sur la Fraternité humaine, pour la paix mon­diale et la coexis­tence com­mune — cosi­gnée le lun­di 4 février 2019, par le Pape François et le Grand Imam Ahmad Al-​Tayyeb [13]. Ce texte affirme que « le plu­ra­lisme et les diver­si­tés de reli­gion […,] sont une sage volon­té divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains ». Les pré­dé­ces­seurs de François ont dit et répé­té que « le plu­ra­lisme et les diver­si­tés de reli­gion sont néces­saires », en rai­son pré­ci­sé­ment du prin­cipe de la liber­té reli­gieuse, adop­té par le concile Vatican II, dans la décla­ra­tion Dignitatis huma­nae. Les adeptes des dif­fé­rentes reli­gions se sont en effet vu recon­naître par ladite décla­ra­tion le droit de ne pas être empê­chés de pro­fes­ser en public leur reli­gion. L’affirmation du Concile, reprise par Paul VI, Jean-​Paul II et Benoît XVI, résulte donc du prin­cipe imma­nen­tiste de la digni­té de la per­sonne humaine, laquelle réclame le droit néga­tif de ne pas ren­con­trer d’opposition à l’exercice de sa reli­gion, vraie ou fausse, de la part des pou­voirs civils. Tout en admet­tant cette liber­té de la conscience com­prise comme un droit néga­tif de ne pas être empê­ché, au for externe de l’exercice des actes de reli­gion, Benoît XVI réprou­ve­ra la liber­té de conscience, com­prise comme un droit posi­tif de choi­sir sa véri­té, au for interne des actes de la conscience, « comme une expres­sion », dit-​il dans le Discours de 2005, « de l’incapacité de l’homme à trou­ver la véri­té » qui devien­drait « une cano­ni­sa­tion du rela­ti­visme » [14]. Le pro­pos de François, dans la Déclaration d’Abou Dhabi semble bien pré­sup­po­ser un pareil rela­ti­visme et pour autant outre­pas­ser la pen­sée de ses prédécesseurs.

13. Le troi­sième exemple est celui du n° 119 de l’Exhortation apos­to­lique Evangelii gau­dium où le Pape François livre sa propre exé­gèse du n° 12 de Lumen gen­tium. Pour François, l’infaillibilité du « sen­sus fidei » signi­fie que le Peuple de Dieu ne se trompe pas quand il croit, « même s’il ne trouve pas les paroles pour expri­mer sa foi » ; car la pré­sence du Saint Esprit donne aux chré­tiens « une cer­taine conna­tu­ra­li­té avec les réa­li­tés divines et une sagesse qui leur per­met de les com­prendre de manière intui­tive, même s’ils ne dis­posent pas des moyens appro­priés pour les expri­mer avec pré­ci­sion ». Comme nous l’avons noté [15], « de tels pro­pos sont extrê­me­ment graves, car ils sont en contra­dic­tion fon­cière avec l’idée tra­di­tion­nelle du sen­sus catho­li­cus. […] Ils contre­disent tout ce que les Pères de l’Église, les saints doc­teurs et les théo­lo­giens ont dit et répé­té depuis plus de vingt siècles. Ils sont en oppo­si­tion mani­feste avec les ensei­gne­ments du Magistère constant. Et ils font du Peuple de Dieu une com­mu­nau­té cha­ris­ma­tique ». Et sur­tout, cette expli­ca­tion de François dépasse avec outrance celle qui fut don­née jusqu’ici par ses pré­dé­ces­seurs, notam­ment par Paul VI, dans la Déclaration Mysterium Ecclesiae, publiée le 24 juin 1973. Ce docu­ment eut pour objet immé­diat de répondre aux argu­ments de Hans Küng, diri­gés contre l’infaillibilité du Magistère. Il nous indique donc quel doit être le rap­port exact entre la fonc­tion pro­phé­tique du Peuple de Dieu et la fonc­tion magis­té­rielle réser­vée aux seuls membres de la hié­rar­chie, le Pape et les évêques. Au nom du prin­cipe imma­nen­tiste de la digni­té de la per­sonne humaine, la consti­tu­tion Lumen gen­tium pos­tule que le Saint Esprit ins­pire direc­te­ment l’ensemble du Peuple de Dieu, anté­rieu­re­ment aux ensei­gne­ments de la hié­rar­chie ; mais avec cela, il est clai­re­ment pré­ci­sé que, si le Peuple sent et vit déjà la véri­té révé­lée par l’Esprit, la for­mu­la­tion dog­ma­tique édic­tée par le Magistère lui est néces­saire. C’est pour­quoi, la fonc­tion magis­té­rielle ne se réduit pas à « sanc­tion­ner le consen­sus déjà expri­mé du Peuple de Dieu ; au contraire, il peut pré­ve­nir et requé­rir ce consen­sus dans l’interprétation et l’explication de la Parole de Dieu écrite ou trans­mise ». Le texte de Mysterium Ecclesiae fait même ici réfé­rence en note à la 6e pro­po­si­tion condam­née du Décret Lamentabili de saint Pie X : « Dans la défi­ni­tion des véri­tés, l’Église ensei­gnée et l’Église ensei­gnante col­la­borent de telle façon qu’il ne reste à l’Église ensei­gnante qu’à sanc­tion­ner les concep­tions com­munes de l’Église ensei­gnée » [16]. François va donc plus loin que ses pré­dé­ces­seurs, et il déclare d’ailleurs dans le dis­cours du 17 octobre, pro­non­cé à l’occasion de la clô­ture du Synode, que cette concep­tion du « sen­sus fidei », signa­lée dans Evangelii gau­dium, « empêche une sépa­ra­tion rigide entre Ecclesia docens et Ecclesia dis­cens, puisque le Troupeau pos­sède aus­si son propre “flair” pour dis­cer­ner les nou­velles routes que le Seigneur ouvre à l’Église ». Le prin­cipe imma­nen­tiste, déve­lop­pé dans la conti­nui­té de Vatican II par Paul VI, Jean-​Paul II et Benoît XVI, allait jusqu’à faire du Peuple de Dieu le tout pre­mier dépo­si­taire (et pas seule­ment des­ti­na­taire) de la Révélation [17] ; mais la com­plé­men­ta­ri­té du Magistère res­tait intacte dans la signi­fi­ca­tion indi­quée par le Concile. Ici comme ailleurs, François accen­tue le rela­ti­visme en majo­rant l’importance radi­cale du « sen­sus fidei ».

14. On dira que ces exemples sont iso­lés. Mais même s’ils le sont, ils res­tent symp­to­ma­tiques, car ils expriment un au-​delà de la pen­sée conci­liaire clas­sique. Celle-​ci ambi­tion­nait de cou­ler les faux prin­cipes du per­son­na­lisme imma­nen­tiste dans les cadres d’une doc­trine appa­rem­ment tra­di­tion­nelle, en main­te­nant les garde-​fous emprun­tés à une cer­taine part d’objectivité. Cette ambi­tion appa­raît clai­re­ment dans le domaine de la morale, avec tout l’enseignement de Jean-​Paul II rela­tif à la famille et à la trans­mis­sion de la vie, dont Familiaris consor­tio est l’expression ache­vée. Les prin­ci­pales conclu­sions de la morale tra­di­tion­nelle (en par­ti­cu­lier la morale du mariage) y sont main­te­nues, mais découlent de prin­cipes qui sont non plus tra­di­tion­nels mais per­son­na­listes. On le remarque aus­si avec la liber­té reli­gieuse, où le droit envi­sa­gé est un droit néga­tif, le droit de ne pas être empê­ché, dans les limites du bon ordre public de la socié­té tem­po­relle. On l’observe enfin avec l’œcuménisme et le dia­logue inter­re­li­gieux, où, quelle que soit la part de valeur salu­taire recon­nue aux autres reli­gions, chré­tiennes ou non, l’Église catho­lique reste la seule où se trouve la plé­ni­tude de tous les moyens du salut. L’enseignement de François conduit jusqu’à leurs der­nières consé­quences la logique de ces prin­cipes per­son­na­listes, jusqu’à faire écla­ter les cadres de l’apparence tra­di­tion­nelle tant de la nou­velle morale conci­liaire, avec Amoris lae­ti­tia, que de l’œcuménisme et de la liber­té reli­gieuse avec la Déclaration d’Abou Dhabi.

15. Mais ce sont les der­nières pers­pec­tives syno­dales qui nous four­nissent les indices les plus inquié­tants de cette évo­lu­tion inédite, dans le domaine de l’ecclésiologie

Un modernisme parvenu à maturité

16. Après les dif­fé­rents dis­cours sur l’Église de l’écoute [18], dans le cadre des­quels le Pape François a pous­sé hors de ses limites la nou­velle ecclé­sio­lo­gie de Lumen gen­tium, nous voi­ci encore dans la pers­pec­tive d’une Église « Peuple de Dieu ». Le « Document de tra­vail pour l’étape conti­nen­tale » publié au mois d’octobre der­nier par la Secrétairerie géné­rale du Synode, au Vatican est inti­tu­lé « Élargis l’espace de ta tente » en réfé­rence au ver­set d’Isaïe, LIV, 2. L’idée de l’élargissement, sur laquelle nous nous sommes déjà arrê­tés pour y voir la mise en œuvre d’un dis­cours ima­gé [19], doit prendre ici tout son sens.

17. La démarche même qui est à l’origine de ce docu­ment est déjà révé­la­trice. Elle est clai­re­ment indi­quée aux huit pre­miers para­graphes. Ce « Document de tra­vail » est le fruit d’une phase consul­ta­tive, la pre­mière phase à mettre en œuvre dans la pré­pa­ra­tion du pro­chain synode. C’est ain­si que des mil­lions de per­sonnes, qui sont pré­sen­tées comme « les véri­tables pro­ta­go­nistes du Synode » (n° 1) ont par­ti­ci­pé à des ren­contres au niveau local, afin de « contri­buer à trou­ver la réponse à la ques­tion fon­da­men­tale qui guide tout le pro­ces­sus : com­ment se réa­lise aujourd’hui, à dif­fé­rents niveaux (du niveau local au niveau uni­ver­sel) ce “mar­cher ensemble ” qui per­met à l’Église d’annoncer l’Évangile, confor­mé­ment à la mis­sion qui lui a été confiée ; et quels pas de plus l’Esprit nous invite-​t-​il à poser pour gran­dir comme Église syno­dale ? ». Les dif­fé­rentes dis­cus­sions des uns avec les autres ont été l’occasion d’exprimer l’expérience vécue par les dif­fé­rents membres du Peuple de Dieu. Cette expé­rience « a été tra­duite en mots, dans les contri­bu­tions que les dif­fé­rentes com­mu­nau­tés et groupes ont envoyées aux dio­cèses, qui les ont résu­mées et trans­mises aux Conférences épis­co­pales » (n° 4). Le Secrétariat du Synode a réuni les syn­thèses de 112 confé­rences épis­co­pales sur 114, la tota­li­té des syn­thèses des 15 églises catho­liques orien­tales (n° 5). Le Document de tra­vail en est lui-​même une syn­thèse, la syn­thèse des synthèses.

18. De toute évi­dence, nous avons là la mise en appli­ca­tion du pro­gramme défi­ni par le Pape François dans les dis­cours tenus à l’occasion du pré­cé­dent Synode de 2015. Le pro­chain Synode sera ain­si la réa­li­sa­tion même, dans les faits de l’Église de l’écoute. En effet, le Document de tra­vail, dont il ne faut pas exa­gé­rer la por­tée, repré­sente tout de même une réfé­rence indis­pen­sable, dans le pro­ces­sus de pré­pa­ra­tion du Synode, car il est « char­gé du pré­cieux tré­sor théo­lo­gique conte­nu dans le récit de l’expérience d’écoute de la voix de l’Esprit par le Peuple de Dieu, per­met­tant l’émergence de son sen­sus fidei » (n° 8). C’est pour­quoi, il repré­sente un docu­ment théo­lo­gique, « dans le sens où il est orien­té au ser­vice de la mis­sion de l’Église : annon­cer le Christ mort et res­sus­ci­té pour le salut du monde ».

19. Et cette « Église de l’écoute », où l’Esprit est à la source de l’inspiration du Peuple, à tra­vers l’expérience vécue par celui-​ci, n’est-elle pas l’aboutissement ou la matu­ra­tion du prin­cipe imma­nen­tiste et per­son­na­liste intro­duit par Vatican II ? La Révélation divine s’y confond avec la conscience, et l’Église, char­gée de rece­voir et de trans­mettre la Parole que Dieu nous révèle, s’identifie à la conscience com­mune du Peuple de Dieu. Le Magistère y a pour minis­tère de « tra­duire en mots » cette expé­rience du sen­sus fidei. Et le meilleur lan­gage, car le plus appro­prié pour rendre compte de ce vécu col­lec­tif, n’est-il pas alors celui des expres­sions ima­gées, dont use si volon­tiers le Pape François ? Car de telles expres­sions sont celles qui s’avèrent adé­quates pour signi­fier un don­né expé­ri­men­tal, ain­si qu’a pu l’observer l’un des repré­sen­tants atti­trés de la nou­velle théo­lo­gie conci­liaire, à pro­pos du lan­gage même de la consti­tu­tion Lumen gen­tium. « On s’aperçoit que la parole a com­men­cé au Concile à se dire autre­ment que dans le pas­sé récent ou plus loin­tain de l’Église occi­den­tale. Le chan­ge­ment de style consta­té implique éga­le­ment un dépla­ce­ment dans la manière de conce­voir la récep­tion du mes­sage et la réponse qu’on lui donne. […] Tout ce que dit le Concile, en effet, fût-​ce sur le plan juri­dique et théo­lo­gique, s’inscrit dans une répé­ti­tion ori­gi­nale, opé­rée sur des modes nar­ra­tif et poé­tique qui lui sont propres, du témoi­gnage confié à l’Église depuis les ori­gines. L’adhésion pro­pre­ment intel­lec­tuelle ou l’obéissance juridico-​éthique s’inscrivent dans une recon­nais­sance plus large, qui est aus­si enga­ge­ment et implique la tota­li­té de la per­sonne en elle-​même et dans la com­mu­nau­té qui com­mu­nique le témoi­gnage » [20]. Le style ima­gé ou poé­tique est celui qui convient pour tra­duire les intui­tions du sen­sus fidei et François ne s’y trompe pas.

20. Il se pour­rait alors que ce style soit en cor­res­pon­dance par­faite avec l’étape nou­velle que nous sommes en train de vivre avec le Pape François : étape d’un per­son­na­lisme imma­nen­tiste par­ve­nu à son abou­tis­se­ment, et, de ce fait, en train de réagir sur les élé­ments déjà désar­ti­cu­lés de la Tradition de l’Église, pour leur don­ner la confi­gu­ra­tion nou­velle que réclame un néo moder­nisme mûri. François Pape du « coa­gu­la », après Paul VI, Jean-​Paul II et Benoît XVI, Papes du « sol­vere » ? L’explication est déjà récur­rente [21] et nous n’avons pas ici la pré­ten­tion d’en faire la pierre phi­lo­so­phale de la crise de l’Église. Mais il est clair que dix ans après l’élection du car­di­nal Bergoglio au Souverain Pontificat, les pré­sup­po­sés de Vatican II font sen­tir leurs retom­bées d’une manière sin­gu­liè­re­ment frap­pante. Cela appelle un dis­cer­ne­ment de la part des catho­liques de plus en plus perplexes.

Source : Courrier de Rome n° 660

Notes de bas de page
  1. Cf. Augustin Cochin, La Révolution et la libre pen­sée, p. 95.[]
  2. Mgr Henri Delassus (1836–1921), La Conjuration anti­chré­tienne : le temple maçon­nique vou­lant s’é­le­ver sur les ruines de l’Église catho­lique, 3 tomes, 1910. Ordonné prêtre à Cambrai en 1862, Henri Delassus est nom­mé cha­pe­lain de la basi­lique Notre-​Dame-​de-​la-​Treille en 1874. En 1904, il est nom­mé pré­lat de la mai­son du Pape puis pro­to­no­taire apos­to­lique en 1911. En 1914, il devient le pre­mier doyen du cha­pitre de la cathé­drale du nou­veau dio­cèse de Lille. Dès 1872, il col­la­bore au jour­nal La Semaine reli­gieuse de Cambrai, dont il devint pro­prié­taire et direc­teur en 1875. Il n’a eu de cesse de dénon­cer les pré­mices du mon­dia­lisme et l’ébauche d’un gou­ver­ne­ment mon­dial. Son œuvre peut être consi­dé­rée, au début du ving­tième siècle, comme la syn­thèse de toute la réflexion contre-​révolutionnaire du siècle pré­cé­dent.[]
  3. Comme en témoignent les livres de Jean Lombard, La Face cachée de l’histoire moderne, Omnia veri­tas Ltd, 2016 ; Jean-​Claude Lozac’hmeur, Fils de la Veuve. Essai sur le sym­bo­lisme maçon­nique, Éditions Sainte Jeanne d’Arc, 1990 ; Epiphanius, Maçonnerie et socié­tés secrètes. Le côté caché de l’histoire, Publications du Courrier de Rome, 2005.[]
  4. Comme en témoignent les tra­vaux de Pierre Hillard {La Marche irré­sis­tible du nou­vel ordre mon­dial : des­ti­na­tion Babel, François-​Xavier de Guibert, 2007) ou ceux de Ghuilhem Golfin (Babylone et l’effacement de César, Editions de l’Homme Nouveau, 2019).[]
  5. Cet adjec­tif signi­fie que le pos­tu­lat de cette digni­té implique la confu­sion de la nature et de la grâce.[]
  6. Concile Vatican II, consti­tu­tion pas­to­rale Gaudium et spes, n° 12,3 et n° 17 ; Jean-​Paul II, Encyclique Redemptor homi­nis du 4 mars 1979, n° 13 et Encyclique Evangelium vitae du 25 mars 1993, n° 7 et n° 84.[]
  7. Concile Vatican II, consti­tu­tion pas­to­rale Gaudium et spes, n° 2.[]
  8. Jean-​Paul II, Encyclique Evangelium vitae du 25 mars 1993, n° 84. Dans ce der­nier pas­sage, Jean-​Paul II écrit : « En tout enfant qui naît et en tout homme qui vit ou qui meurt, nous recon­nais­sons l’image de la gloire de Dieu : nous célé­brons cette gloire en tout homme, signe du Dieu vivant, icône de Jésus Christ ».[]
  9. Ce point s’explique du fait qu’il s’agit ici d’un per­son­na­lisme imma­nen­tiste, où la nature est sinon confon­due du moins cen­sée insé­pa­rable de la grâce fon­da­men­tale du « germe divin ». Si l’homme est divin, 1° on ne peut pas empê­cher l’expression publique de sa conscience (liber­té reli­gieuse) ; 2° le Saint Esprit est plus ou moins à l’œuvre dans l’exercice de toute reli­gion (œcu­mé­nisme) ; 3° Dieu se révèle d’abord dans la conscience et donc dans le Peuple avant de par­ler par la hié­rar­chie (démo-
    cra­ti­sa­tion de l’Église).[]
  10. On pour­rait pen­ser que c’est là la manière de voir adop­tée par Augustin Cochin déjà cité, lorsque celui-​ci résume la pré­sen­ta­tion qu’il donne de la Constituante en disant que celle-​ci s’était don­né pour tâche de « déblayer avant de bâtir ». Mais ce rac­cour­ci s’avèrerait trom­peur, faute de prendre en compte l’analyse appro­fon­die que Cochin com­mence par four­nir à son lec­teur. « Le grand œuvre de cette doc­trine », dit-​il, « l’acte pré­pa­ra­toire de tout le sys­tème, avait été l’immense des­truc­tion poli­tique de la Constituante ». Mais il pré­cise : « Elle consiste à tuer tous les corps poli­tiques ou sociaux qui ont une âme, une vie, un esprit à eux, pour les rem­pla­cer par des méca­nismes inertes ». Et c’est seule­ment ensuite que vient le rac­cour­ci cité plus haut. L’expression impor­tante, sous la plume de Cochin – impor­tante car elle tra­duit exac­te­ment l’idée du sol­vere – est celle où il écrit que l’œuvre de la Constituante consiste à « rem­pla­cer par des méca­nismes inertes » et non à « faire table rase »,[]
  11. Jean-​Paul II, Encyclique Redemptor homi­nis, n° 13.[]
  12. Joseph Ratzinger, Les Principes de la théo­lo­gie catho­lique. Esquisse et maté­riaux, Téqui, 1982, p. 426–427.[]
  13. Voir l’article « François et le dogme (II) » dans le numé­ro de février 2019 du Courrier de Rome.[]
  14. Voir le numé­ro de sep­tembre 2011 du Courrier de Rome[]
  15. Voir l’article « Le sens de la foi, prin­cipe et fon­de­ment d’une église syno­dale ? » dans le numé­ro d’octobre 2015 du Courrier de Rome.[]
  16. DS 3406[]
  17. Voir « Deux concep­tions du Magistère », article 3, n° 10 et 11 dans Vatican II, cin­quante ans après. Quel bilan pour l’Église ? Actes du XIe Congrès Théologique du Courrier de Rome, 4–5‑6 jan­vier 2013, Courrier de Rome, p. 257–25, DS 3406[]
  18. Voir le numé­ro d’octobre 2015 du Courrier de Rome.[]
  19. Voir l’article « Les soixante ans du Concile » dans le pré­sent numé­ro du Courrier de Rome.[]
  20. Dom Ghislain Lafont, Imaginer l’Église catho­lique, Cerf, 2000, p 87–89 et 95–96[]
  21. On a déjà vou­lu faire de Jean-​Paul II le Pape du « coa­gu­la » après Paul VI, le Pape du « sol­vere ». Cf. le livre Mystère d’iniquité, pré­fa­cé par l’évêque sédé­va­can­tiste Mgr Dolan, p. 98 . « La liber­té reli­gieuse cor­res­pond au solve (= dis­soudre, détruire l’ancien) des francs-​maçons. La construc­tion d’une fédé­ra­tion uni­ver­selle de toutes les reli­gions cor­res­pond au coa­gu­la (= coa­gu­ler, construire sur de nou­velles bases) maçonnique. Montini a fait la pre­mière phase ; Wojtyla inau­gure la deuxième : solve et coa­gu­la ![]

FSSPX

M. l’ab­bé Jean-​Michel Gleize est pro­fes­seur d’a­po­lo­gé­tique, d’ec­clé­sio­lo­gie et de dogme au Séminaire Saint-​Pie X d’Écône. Il est le prin­ci­pal contri­bu­teur du Courrier de Rome. Il a par­ti­ci­pé aux dis­cus­sions doc­tri­nales entre Rome et la FSSPX entre 2009 et 2011.