Sanctuaire de
Walsingham,
le "Nazareth" de l'Angleterre
Connaissez-vous
le sanctuaire de Walsingham? Savez-vous que Walsingham est, en
Angleterre, un lieu de pèlerinage marial depuis les temps médiévaux.
C'est maintenant un sanctuaire national, rassemblant les catholiques
et les anglicans. Mais où est-il situé? Dans le comté de Norfolk,
dont la ville principale est Norwich, à l'est de l'Angleterre. Que
s'est-il passé à Walsingham?
Nous
allons d'abord vous entretenir de ce que l'histoire ancienne
rapporte. Un vieux manuscrit de la fin du XVe
siècle raconte que Notre Dame serait apparue, en 1061, à deux
reprises, à une noble veuve, Lady Richedis de Faverches, qui
désirait l'honorer. Par trois fois, la Vierge aurait conduit Lady
Richedis, "en esprit" à Nazareth pour lui montrer sa maison de
Nazareth et l’emplacement où Elle se tenait lorsqu’Elle reçut l’ange
Gabriel. Lady Richedis dut prendre les mesures de la maison pour
qu'elle puisse la reproduire à Walsingham. La Vierge Marie voulait,
en effet, que le peuple de Grande Bretagne célèbre l'Annonciation,
source de la Rédemption de l'humanité.
Lady Richedis de
Faverches entreprit donc de faire construire une chapelle mais
rapidement une difficulté se manifesta: les dimensions de la
construction parurent obscures aux constructeurs. Lady Richedis
passa alors une nuit entière en prières et Notre-Dame fit en sorte
que les anges finissent la construction, mais à l'emplacement
qu'elle désirait, c'est-à-dire à environ 61 mètres de l'endroit où
les ouvriers travaillaient. La Sainte Maison fut construite en bois
et ornée d’une statue de la Vierge Marie tenant l’Enfant Jésus assis
dans ses bras. Walsingham resta, durant tout le Moyen Âge, l’un des
plus grands pèlerinages d'Europe du Nord.
Notons que
Geoffroy, fils de Lady Richedis, fit également construire à
Walsingham, près de la chapelle, un prieuré qu’il confia à des
chanoines réguliers de Saint-Augustin. Nous sommes au temps
d'Édouard le Confesseur qui régna de 1043 à 1066. Le vieux manuscrit
rapporte également que plusieurs miracles furent attribués à
Notre-Dame de Walsingham, dont celui qui sauva le roi Edouard 1er
de la chute d'un pan de mur de maçonnerie. Édouard 1er
régna de 1274 à 1307.
Nous avons déjà
dit que le sanctuaire de Walsingham fut longtemps un lieu de
pèlerinage renommé. Les fidèles y affluaient de toutes les régions
d’Angleterre et du continent. Malheureusement, le 4 août 1538, le
roi Henri VIII le fit détruire après avoir rompu avec Rome en 1533,
parce que le pape refusait de bénir son nouveau mariage avec Anne
Boleyn et d'annuler le précédant. De Walsingham il ne resta que des
ruines. Mais les catholiques n’oublièrent jamais Walsingham ni la
sainte maison, même lorsqu’elle fut transformée en forge et en
étable… Heureusement, après 400 ans de ruines, le sanctuaire se
releva, et, autour de la Maison de Nazareth, anglicans et
catholiques se rassemblèrent.
Pour être
complets, nous devons ajouter quelques informations peu glorieuses.
En 1537, le dernier Prieur, Richard Vowell, prêta allégeance à
Thomas Cromwell. Son adjoint, Nicholas Milcham fut accusé de
conspiration et de rébellion contre le décret royal de suppression
des monastères. Accusé de crime de haute trahison, il fut pendu à la
muraille extérieure du prieuré. En juillet 1538, le Prieur Vowell
procéda à la destruction du prieuré de Walsingham et participa même
au pillage général du sanctuaire. Une fois le sanctuaire dépouillé
et le prieuré détruit, le site fut vendu, sur ordre d’Henry VIII, à
un certain Thomas Sidney pour la somme de 90 livres, et un manoir
privé fut ensuite édifié à cet endroit. Onze personnes, qui
refusaient ces destructions, dont Nicholas Milcham, furent pendues
ou écartelées. La statue de Marie et de Jésus fut finalement
brûlée.
La destruction
du monastère inspira au
XVIe
siècle,
une poésie, la lamentation de Walsingham, une ballade anonyme
qui traduisait bien le chagrin du peuple. Cette ballade contient,
entre autres, ces lignes célèbres:
"Pleure, pleure
ô Walsingham Toi dont les jours sont maintenant des nuits,
Les bénédictions changées en blasphèmes, Les saintes actions en
méfaits.
Le péché s’est
installé où se trouvait notre Dame. Le ciel est devenu l’enfer.
Et Satan s’est
assis à la place de notre Seigneur. Adieu Ô Walsingham!"
Nous pouvons
nous poser une question: tout ce qui concerne l'origine du
sanctuaire relève-t-il de la légende ou de la réalité? Nous ne
savons pas; mais ce qui est sûr, c'est que ce sanctuaire fut
longtemps cher au cœur des anglais, et qu'il l'est redevenu.
En 1897, la
slipper chapel, chapelle des sandales, dédiée à sainte Catherine
d'Alexandrie, dernière étape pour les pèlerins allant vers
Walsingwam, fut restaurée et consacrée par le pape Léon XIII. La
slipper Chapel est à un mile de Walsingham. Depuis 1922, à
l'initiative du prêtre anglican Alfred Hope Patten, un sanctuaire
anglican fut rétabli à Walsingham, et des pèlerinages organisés. Les
pèlerins devinrent extrêmement nombreux et le sanctuaire retrouva
toute sa magnificence. En 1922 une statue
de la Vierge fut introduite dans la chapelle qui fut agrandie en
1938. De nombreux pèlerins orthodoxes viennent aussi à Walsingham.
Les catholiques
vénèrent particulièrement Notre-Dame de Walsingham le 24 Septembre;
les anglicans la vénèrent le 15 octobre.
En 1923 le
premier pèlerinage anglican fut organisé, avec en plus, une marche
entre la Slipper Chapel et Walsingham (distance d'environ un mile).
Le 15 août 1934, le cardinal Bourne, catholique, accompagna 12 000
fidèles, désignant Walsingham comme sanctuaire national, et y
célébrant une messe. En 1938 la Slipper chapel, et la chapelle de
l’Esprit Saint étaient consacrées.
En 1950, le
sanctuaire catholique de l’Annonciation fut consacré. En 1954 la
nouvelle statue Notre Dame de Walsingham était couronnée. En 1968 le
sanctuaire catholique fut confié aux pères maristes. Enfin, en 1973
un autel en plein air fut construit. En 1980, les foules étaient
conduites par le cardinal catholique Mgr Hume et par l’archevêque
anglican Mgr Robert Runcie. Il y a donc actuellement deux
sanctuaires à Walsingham; cependant ils ne sont pas signes de
division, mais de réconciliation. Ainsi, tout en ayant leurs
activités propres, catholiques et anglicans créent des points
communs: et ils offrent ensemble leurs chants de louanges.
Incontestablement le sanctuaire vit de plus en plus. Nous résumons
maintenant les activités actuelles des anglicans et des
catholiques:
Activités des anglicans
Dans les années
1920 le nombre des pèlerins anglicans était si élevé qu’il fallut
leur construire une hospitalité. De plus, un lieu de culte
protestant fut construit en 1938. En 1991, à la maison saint Joseph
fut ajoutée la maison de Richedis pour accueillir les pèlerins. En
2005 la façade du sanctuaire fut rénovée, et, en plein air, l'autel
des mystères et de la lumière: "Altar of the mysteries of light" a
été construit. En 2007, un long pèlerinage en vélo fut organisé.
Activités des catholiques
Toutes les fêtes
du Seigneur et de la Vierge Marie sont célébrées.
Tous les jours,
il y a une procession le matin, l'angélus est récité ou chanté. La
messe des pèlerins est célébrée tous les jours, le Rosaire est prié
et le Saint-Sacrement adoré. Enfin, les pèlerins peuvent participer
à la prière du soir et recevoir une bénédiction. Depuis 1948, tous
les ans durant l'été, un pèlerinage est lié au pèlerinage de la
Croix des étudiants: on vient à Walsingham de Westminster, de
Canterbury, de Birmingham, de Glossop, d'Oxford, et d'autres régions
d'Angleterre. Et depuis 2001, l’église catholique célèbre la mémoire
de Notre Dame de Walshingham le 24 septembre, de chaque année. C’est
une fête qui est devenue régionale.
Paulette Leblanc |