Ce chiffre-choc, sorte de barrière psychologique, est déjà en soi une imposture. Loin d’être une donnée brute est irréfutable, il s’agit d’une mise en scène de l’ONU, car on n’a aucun moyen de connaître le chiffre exact de la population mondiale, « de vastes régions du monde ne connaissant même pas le recensement », comme l’explique Riccardo Cascioli – très impliqué dans les questions démographiques et climatiques (tout cela est lié!) dont il est un spécialiste reconnu. Il dénonce ici le jeu trouble des malthusiens, dont les prévisions catastrophistes se sont systématiquement avérées fausses au fil du temps, mais qui persistent et signent, et se vengent en « truquant » la réalité. C’est d’eux, qu’il faut avoir peur, et pas d’une surpopulation mondiale fantasmée agitée comme un chiffon rouge à chaque fois qu’on veut préparer les populations « des pays riches » (suivez mon regard) à une baisse drastique de leur niveau de vie.

8 milliards de personnes. Et il y aurait encore beaucoup de place

Riccardo Cascioli
lanuovabq.it/it/8-miliardi-di-persone-e-ci-sarebbe-ancora-molto-spazio

L’étape des huit milliards d’habitants sur terre a été l’occasion d’instiller la crainte habituelle de la surpopulation. Mais le monde n’est pas surpeuplé, simplement les néo-malthusiens imposent des règles infondées et spécieuses (sur l’agriculture, l’énergie, l’alimentation) pour empêcher le développement et diminuer la population. C’est d’eux qu’il faut avoir peur.

Il y a beaucoup d’agitation ces jours-ci, et beaucoup de reportages, parce que le 15 novembre, serait né le citoyen numéro 8 milliards. Nous disons « serait » parce que c’est l’ONU qui a fixé la date par convention, mais elle est nécessairement approximative car la taille de la population mondiale ne peut être qu’estimée, de vastes régions du monde ne connaissant même pas le recensement.

La fixation d’une date sert principalement à créer un événement pour faire passer un message. Et en effet, sur la page internet de l’ONU consacrée à l’étape des 8 milliards, le message est clair : la croissance démographique dans les pays pauvres compromet la réalisation en 2030 des objectifs de développement durable, tels qu’ils sont inscrits dans le fameux Agenda 2030 ; et les nations plus riches ont des niveaux de production et de consommation non durables. L’objectif est donc clair : ralentir autant que possible la croissance démographique et empêcher l’augmentation du revenu par habitant, notamment dans les pays riches. En d’autres termes, on en est encore à reproposer les vieilles théories malthusiennes qui ont déjà été mille fois réfutées par l’histoire.

Comme on s’en souvient, Thomas Robert Malthus était un pasteur anglican et un économiste qui a écrit un « essai sur la population » à la fin des années 1700, dans lequel il affirmait que l’augmentation des ressources alimentaires ne pourrait pas suivre l’augmentation de la population, prédisant ainsi une crise alimentaire mondiale rapide et dramatique.
Ce qui n’a jamais été le cas, loin de là : il suffit de dire que si, en 1804, la population mondiale était estimée à un milliard d’habitants (elle a donc été multipliée par 8 depuis lors), de 1820 à 2018, le produit intérieur brut (PIB) mondial moyen par habitant a été multiplié par 15 environ. Et si l’accroissement des richesses a été inégal, la situation s’est aussi nettement améliorée pour les pays les plus pauvres, à tel point que les grandes famines qui frappaient encore certaines régions, notamment en Afrique dans les années 1960 et 1970, ne sont plus qu’un souvenir.

Cela ne signifie pas qu’il n’y a plus de problèmes d’extrême pauvreté et de malnutrition, mais il s’agit de situations plus limitées ou causées par des régimes politiques (voir la Corée du Nord) et des guerres. Quoi qu’il en soit – toujours en se référant aux données officielles des Nations unies – si, en 1990, 1,9 milliard de personnes vivaient dans l’extrême pauvreté sur un peu plus de 5 milliards d’habitants de la planète (environ 36 %), elles sont aujourd’hui environ 700 millions (moins de 9 % de la population mondiale).

D’ailleurs, l’histoire même des pays développés montre que les choses fonctionnent à l’inverse de ce que pense l’ONU : les taux de fécondité ont tendance à baisser avec le développement et non l’inverse, comme le voudraient les politiques de développement durable. Et aussi le développement s’accompagne de meilleures conditions environnementales, qui sont bien meilleures aujourd’hui dans les pays industrialisés qu’elles ne l’étaient avant la révolution industrielle. Penser vaincre la pauvreté en éliminant – ou en empêchant de naître – les pauvres est une illusion. En outre, un corollaire de l’approche de l’ONU – qui diabolise le cycle de production-consommation – est que le développement des pays pauvres doit également être strictement limité, ou simplement empêché.

Nous avons dit que la réalité a toujours pris soin de démentir les thèses malthusiennes ; pourtant, malgré cela, non seulement elles ne sont pas tombées dans l’oubli, mais elles sont devenues aujourd’hui la base de toutes les politiques mondiales. Mais avec une différence inquiétante par rapport au passé. Pour éviter de nouveaux démentis de l’histoire sur les limites du développement et de l’épuisement des ressources, les politiques néo-malthusiennes actuelles s’attachent à changer la réalité. Autrement dit: si la réalité prouve qu’il est possible de produire de la nourriture en abondance non seulement pour 8 milliards de personnes mais aussi pour dix et plus ; si l’on peut produire plus de ressources que nécessaire ; s’il est possible d’avoir suffisamment d’énergie pour un nombre croissant de personnes et à des coûts de plus en plus bas ; si le développement permet de réaliser et de mettre à disposition des technologies de moins en moins polluantes ; alors on change les règles de la réalité.

C’est ainsi qu’on a commencé à diaboliser l’utilisation de la biotechnologie dans l’agriculture, puis même l’agriculture traditionnelle, privilégiant l’agriculture biologique et biodynamique, c’est-à-dire les types à faible rendement et à coût élevé, comme les seuls éthiquement acceptables. On a ensuite accusé l’élevage d’être à l’origine d’une pollution excessive et d’émissions qui altèrent le climat, dans le but de réduire la production de viande, notamment de viande rouge, en poussant les gens à devenir végétariens ou à payer beaucoup plus cher une viande destinée à devenir de plus en plus précieuse. Ainsi, sous le prétexte du changement climatique, on cherche à éliminer les combustibles fossiles (et à empêcher l’utilisation de l’énergie nucléaire) en poursuivant l’utopie d’une énergie provenant uniquement de sources renouvelables, avec pour conséquence que nous nous dirigeons vers une situation d’énergie de plus en plus rare, moins sûre et beaucoup plus chère, comme nous le vivons déjà.

De cette manière, c’est-à-dire en imposant des contraintes aussi rigides qu’injustifiées et spécieuses, ils vont rendre la vie dans le monde de plus en plus difficile, espérant ainsi prouver que nous sommes en réalité trop nombreux. Bref, les néo-malthusiens veulent se venger en truquant les cartes.

Le cap des 8 milliards devrait donc nous faire prendre conscience de cette imposture, et commencer à nous mobiliser pour renverser ces politiques qui ont pour objectif la pauvreté mondiale et la réduction de la population. Il n’y a pas de risque de croissance démographique incontrôlée, car la moitié des pays du monde ont déjà un taux de fécondité inférieur au seuil de remplacement, et le taux de fécondité mondial est de 2,3 enfants par femme, soit légèrement plus que le seuil de remplacement, qui est de 2,1. En d’autres termes, si ces tendances se poursuivent, il est peu probable que la population mondiale maximale dépasse 10 milliards d’habitants. Il faut plutôt s’inquiéter de ceux qui rêvent d’un monde comptant jusqu’à deux milliards d’habitants, voire moins.

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