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Sharia4Belgium, le groupe terroriste à l'origine de l'envoi de combattants belges en Syrie

Visé par une enquête judiciaire, le groupe terroriste Sharia4Belgium serait à l'origine du départ de jeunes combattants belges vers la Syrie.

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Publié le 11 mai 2013 à 14h20, modifié le 11 mai 2013 à 18h45

Temps de Lecture 4 min.

Fouad Belkacem, le 1er juin 2012 à Bruxelles.

Au matin du 16 avril, la police fédérale belge a mené une opération coup de poing dans les milieux islamistes radicaux. Au total, 48 perquisitions, dont 32 rien que dans la province d'Anvers, et six arrestations. Dans leur viseur : les filières d'acheminement de combattants vers la Syrie, et plus particulièrement, Sharia4Belgium.

Pourtant dissoute en octobre, l'organisation islamiste continue d'être active. Désormais qualifié de groupe terroriste par le parquet d'Anvers, Sharia4Belgium enrôlerait et enverrait des jeunes Belges en Syrie, selon un rapport d'Europol. En attendant leur prochaine comparution en mars, deux suspects sont actuellement derrière les barreaux, dont Fouad Belkacem, porte-parole de ce groupuscule d'une trentaine de membres pour la plupart néerlandophones. Les enquêteurs sont convaincus que Sharia4Belgium est responsable de l'envoi de trente-trois combattants en Syrie. Poursuivi pour incitation à la haine et à la violence contre des non-musulmans, Fouad Belkacem risque dix-huit mois de prison ferme.

Très bien connu des services de police et des magistrats anversois, Fouad Belkacem a été condamné en 2002, 2004 et 2007 pour vols. En mai 2012, il écope d'une peine de deux ans de prison à domicile pour harcèlement, incitation à la haine et à la discrimination. Surnommé Abu Imran, ce Belge d'origine marocaine est également dans le collimateur de Rabbat, où l'attend une peine de dix ans de prison pour trafic de drogue.

Présenté comme un saint homme, c'est lui qui est derrière Sharia4Belgium. Ce groupe, né en 2010 à Anvers lors des élections législatives, fait partie d'un mouvement salafiste international. Fondé en Grande-Bretagne en 2008 par les prédicateurs Omar Bakri et Anjem Choudary, Sharia4 a été décliné dans de nombreux pays : Sharia4Holland, Sharia4Spain et Sharia4Danemark en Europe, Sharia4America aux Etats-Unis, ou encore Sharia4Hind en Inde. Avec à chaque fois le même discours : l'islam est l'expression suprême de l'humanité ; il faut imposer la charia, la loi islamique.

"C'EST ALLAH QUI FAIT LA LOI"

Soutiens de la lutte armée et d'Al-Qaida, les membres de Sharia4 cherchent à introduire la charia dans le droit civil et pénal occidental. "Tous les musulmans de la terre sont opposés à la démocratie, confiait ainsi Fouad Belkacem à la version hollandaise du magazine Vice, en 2012. [La démocratie] repose sur des lois établies par les hommes. C'est Allah qui fait la loi, pas les gens."

Dans la Belgique voulue par le groupuscule, l'adultère, l'alcool et les intérêts financiers sont interdits ; les services publics sont entièrement gratuits et gérés par l'Etat. "Les sujets que le Coran n'aborde pas [font] l'objet d'une fatwa" (un avis religieux rendu par une personne faisant autorité), ajoute Fouad Belkacem. Ainsi du retrait de l'OTAN et de toute autre organisation qui "menace" la communauté musulmane internationale.

"Lorsque le prophète a instauré la charia dans la ville de Médine, seulement 2 % de la population était musulmane, se justifie-t-il encore. Si les gens croient en notre message, ils seront prêts à sacrifier leur système pour la charia."

Cette "vision claire", comme la qualifie le politologue belge Felice Dassetto, s'accompagne d'une stratégie rodée, axée sur les réseaux sociaux et les actions à haute portée médiatique. Sur YouTube, on retrouve ainsi des vidéos de Fouad Belkacem où il affirme l'illégitimité des élections belges, d'autres où il menace de détruire l'Atomium, célèbre monument bruxellois.

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En mai 2012, le groupe a diffusé une vidéo intitulée "La victime en niqab de la police belge", à la suite du contrôle d'identité d'une femme portant un niqab (un voile couvrant le visage porté par certaines musulmanes), à Molenbeek. Il y exalte les échauffourées qui ont éclaté après l'incident et appelle d'autres musulmans à commettre des actes de violence dès le lendemain. Son appel a eu des répercussions immédiates. En septembre, des membres de Sharia4Belgium avaient harangué plusieurs centaines de personnes pendant une manifestation à Anvers contre le film L'innocence des musulmans, au cours de laquelle un drapeau américain avait été brûlé. Si, en octobre, Fouad Belkacem dissout de lui-même le groupe Sharia4Belgium, ses membres continuent d'agir en sous-main, à l'instar de Jean-Louis Denis.

Ce Wallon de 39 ans, converti à l'islam, est à la tête du Resto du Tawhid, qui distribue des repas aux démunis à la gare de Bruxelles-Nord depuis 2011. Il est soupçonné de recruter de jeunes Belges pour faire le djihad. "Ce n'est pas moi qui envoie ces jeunes en Syrie, c'est Dieu", s'est-il justifié auprès du site belge Sudinfo. "Le conflit en Syrie est un combat mondial entre le bien et le mal. [...] Le prophète Issa va revenir sur terre et c'est à Damas que Dieu va l'envoyer. Raison pour laquelle il faut préparer sa venue là-bas", a-t-il ajouté, tout en refusant d'être qualifié de recruteur. La mairie de Scharbeek a décidé d'interdire le Resto du Tawhid, "par prévention". 

En attendant la comparution de Fouad Belkacem, au mois de juin, les autorités musulmanes en Belgique ont mis en garde les jeunes tentés de partir combattre en Syrie, en affirmant que le Coran n'incitait pas à se battre et qu'ils risquaient de se radicaliser au contact de groupes extrémistes luttant contre le régime de Bachar Al-Assad.

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