5 ans de prison avec sursis requis à l’encontre d’un prêtre soupçonné de pédophilie dans un internat à Bruxelles

Un prêtre suisse est poursuivi pour avoir commis des abus sexuels sur des jeunes garçons, dans un internat au sein de la Fraternité Saint-Pie X à Bruxelles, entre 2010 et 2011.

5 ans de prison avec sursis requis à l’encontre d’un prêtre soupçonné de pédophilie dans un internat à Bruxelles
Illustration ©ÉdA – Florent Marot

L’avocat général Stéphane Lempereur a requis, lundi après-midi, devant la cour d’appel de Bruxelles, une peine de 5 ans de prison avec sursis, partiel ou non, à l’encontre de Frédéric A.

Ce prêtre suisse est poursuivi pour avoir commis des abus sexuels sur des jeunes garçons, dans un internat au sein de la Fraternité Saint-Pie X à Bruxelles, entre 2010 et 2011. A l’issue des débats lundi soir, le prévenu a une nouvelle fois clamé son innocence.

«Il n’y a aucun doute à avoir», a affirmé l’avocat général concernant les faits de viol et d’attouchements sur mineurs dont est soupçonné Frédéric A. Le magistrat a requis la culpabilité du prêtre et une condamnation à 5 ans de prison avec sursis, partiel ou non.

Comme la partie civile, représentée par Me Dimitri de Béco et Me Amaury de Terwangne, l’avocat général s’est basé sur les propos de l’une des victimes, un garçon qui affirme avoir été abusé sexuellement par le prévenu lorsqu’il était âgé de 9 ans, à l’internat de la Fraternité Saint-Pie X.

«Avoir des tentations»

«Ses propos ont été jugés crédibles par les experts psychologues. Et on remarque que ce garçon, qui vient d’une famille extrêmement croyante, dans un milieu plutôt conservateur où l’on ne parle pas de sexe à table, décrit des actes qu’il a subis de manière très explicite», a exposé Me de Béco.

L’avocat a aussi fait état d’un enregistrement dans lequel le prévenu est interrogé par l’un de ses pairs. Il avait en effet été questionné par un autre prêtre de la Fraternité, juste après que les plaintes aient été déposées par les victimes. Il avait alors admis «avoir des tentations» depuis les faits de 2006, soit des soupçons d’abus sexuels dont il avait été l’objet en Suisse.

Le conseil de la défense, Me Laurent Kennes, a quant à lui plaidé l’acquittement de son client, et donc la confirmation du premier jugement entrepris.

«Les versions données par le fils des clients de Mes de Béco et de Terwangne ne concordent pas. Et d’autres garçons ont été entendus comme témoins. Ils ont affirmé qu’eux n’avaient jamais été réveillés pendant la nuit par mon client, qu’ils n’avaient rien vu ou entendu», a exposé Me Kennes.

«Par ailleurs, je le répète, les faits de 2006 sont des faits pour lesquels mon client n’a jamais été ni jugé ni condamné, on ne peut donc pas y avoir égard», a ajouté le pénaliste.

Des attouchements inconsciemment

Frédéric A. doit répondre d’abus sexuels commis sur plusieurs enfants de moins de 16 ans sur lesquels il avait autorité, entre 2010 et 2011. Les faits s’étaient passés dans un petit internat situé au sein de la Fraternité Saint-Pie X à Bruxelles, laquelle avait dénoncé les faits à la police après en avoir eu connaissance.

Lors de ses auditions, Frédéric A. avait précisé que s’il avait éventuellement commis des attouchements sur des enfants qu’il surveillait le soir à l’internat, ce ne pouvait être qu’inconsciemment, pendant son sommeil.

Il avait parlé plus exactement de «sexsomnie», défini comme une forme de somnambulisme. La personne qui en souffre peut avoir une activité sexuelle pendant son sommeil sans en garder ensuite le moindre souvenir, d’après des études.

En première instance, le tribunal correctionnel de Bruxelles avait acquitté le prévenu, estimant qu’il n’y avait pas suffisamment d’éléments de preuve. Il n’avait cependant pas tenu compte d’une éventuelle «sexsomnie» du prévenu dans la motivation de sa décision.

Contact interdit avec les enfants

Par ailleurs, le prévenu avait déjà été soupçonné de pédophilie en Suisse, d’où il est originaire. Il avait bénéficié d’un acquittement par un tribunal ecclésiastique, en 2006. Il lui avait néanmoins été interdit d’avoir encore des contacts avec des enfants, pour une durée de 10 ans.

Lundi, le conseil de la Fraternité Saint-Pie X, Me Henri Laquay, a fait savoir que, quelque soit la décision de la cour, Frédéric A. comparaîtra à nouveau devant un tribunal ecclésiastique pour ces faits de 2010 et 2011 à Bruxelles.

«J’aimerais vous dire que je suis innocent. C’est une conviction certaine», a encore déclaré Frédéric A., lundi soir vers 18h45, à l’issue des débats.

«Je voudrais aussi dire que les faits de 2006 étaient occultes, la Fraternité m’avait interdit d’en parler. Mais c’était une injustice! Quoi qu’il en soit, je suis tombé en dépression ensuite. Et, en 2010, après un accident de voiture, tout a lâché. Ça a été le chaos dans ma tête. J’aimerais que vous compreniez ce que c’est que la dépression», s’est-il adressé aux juges.

L’arrêt sera prononcé le 13 décembre prochain à 9h00.

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