Sur les traces des (reliques des) Rois mages…

Suivre le parcours des reliques constitue très souvent un moyen original de partir à la découverte de l’Europe médiévale. Les reliques des rois Mages ne font pas exception puisqu’elles nous emmèneront en Turquie, en Italie, en Allemagne et en Grèce! Mais avant cela, un peu d’histoire biblique: selon l’Évangile de Matthieu, les mages sont les visiteurs qui, apprenant la naissance du Christ, viennent d’Orient pour lui rendre hommage et lui apporter l’or, l’encens et la myrrhe. Au deuxième siècle, Origène nous apprendra qu’ils étaient trois. Plus tard encore, ils seront promus au rang de roi par Tertullien, avant de recevoir, plus tard encore, les noms que nous leur connaissons encore – Gaspard, Melchior et Balathazar. On dira aussi qu’ils ont été baptisés par Saint Thomas lors de son voyage en Inde. Ou que le Prêtre Jean serait le descendant de l’un d’eux. En un mot comme en cent, les Rois mages ne cessent de prendre de l’importance…

L'adoration des mages, par Botticelli, conservé à l'Église Santa Maria Novella de Florence

L'adoration des mages, par Botticelli, conservé à l'Église Santa Maria Novella de Florence

Venons en maintenant aux reliques elles-mêmes: au quatrième siècle, Hélène de Constantinople – épouse de l’Empereur romain Constance Chlore et future Sainte Hélène – se rend en pélerinage à Jérusalem. Outre la Vraie Croix – grâce à laquelle son pélerinage est resté célèbre – elle ramène à Constantinople toute une série de reliques, dont celles des Rois mages. Elle les fait déposer dans la Grande Église (Megalo Ecclesia), là où sera construite quelques siècles plus tard la célèbre Basilique Sainte-Sophie.

Les reliques n’y restent toutefois pas longtemps puisque quelques années plus tard, en 343, Eustorgius Ier, élu évêque de Milan, les reçoit en cadeau de la part de l’Empereur Constantin et les fait transporter en Italie, accompagnées d’un lourd sarcophage. Le charriot qui transporte le tout est tellement lourd qu’il s’enfonce dans le sol peu avant la Porta Ticinese et ne peut plus être récupéré. Eustorgius y voit un signe divin et décide de faire construire une basilique à cet endroit-même.  Elles resteront environ huit siècles à Milan, faisant de la Basilique Sant’Eustorgio où elles reposent un important lieu de pélerinage. Aujourd’hui, on peut encore y voir le sarcophage et, au sommet du campanile, une étoile à huit branches…

Le Sarcophage dans la Basilique Sant'E

Le Sarcophage dans la Basilique Sant'Eustorgio

Huit siècles plus tard, Milan est mise à sac par les troupes impériales de Frédéric Barberousse, furieux d’avoir été excommunié par le Pape. Il fait alors don des reliques des Rois Mages à Rainald von Dassel, l’évêque de Cologne, en 1164, qui les ramène en Allemagne et les fait déposer dans la Cathédrale de Cologne, où elles sont encore, dans un reliquaire en or réalisé par l’un des plus fameux orfèvres médiévaux, Nicolas de Verdun. Les pélerins ne tardent pas à affluer et, dès le douzième siècle, Cologne devient la quatrième ville sainte du Christianisme, aux côtés de Jérusalem, Rome et Constantinople. En 1248, la construction d’une grande cathédrale est entamée pour abriter dignement ces reliques. La cathédrale de Cologne, plus vaste édifice gothique d’Europe, sera achevée 632 ans plus tard. Les armoiries de la ville de Cologne, elles, arborent toujours trois couronnes…

Le reliquaire dans la Cathédrale de Cologne

Le reliquaire dans la Cathédrale de Cologne

Et la Grèce me direz-vous? Au quinzième siècle, le monastère Saint-Paul du Mont Athos reçoit de la part de Mara Brancovic un reliquaire contenant les cadeaux que les Rois mages ont remis à Jésus lors de leur visite. Mara Brancovic est la fille d’un roi de Serbie, mais elle est aussi la femme de l’Empereur ottoman Murat II et elle est surtout la belle-mère de l’Empereur Mehmet II, qui a fait la conquête de Constantinople en 1454 et mis la main sur la basilique Sainte-Sophie, où il aurait trouvé ce reliquaire, ramené de Jérusalem par Hélène, au quatrième siècle en même temps que les autres reliques… Le reliquaire se trouve toujours dans ce monastère.

Le Monastère Saint-Paul

Le Monastère Saint-Paul

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