Payer grâce à une puce électronique sous la peau

Elle se niche sous votre peau, n'est pas plus grande qu'un grain de riz, pèse moins d'un gramme, et s'allume quand vous passez près d'un terminal de paiement. Voici quelques-unes des principales caractéristiques d'une puce électronique qui pourrait être injectée dans votre main, entre le pouce et l'index. Un cauchemar pour certains, le comble de la technologie pour d'autres.

Patrick Paumen est de ceux-là. A travers l'histoire de cet homme de 37 ans, la « BBC » analyse les risques de ces puces de paiement sans contact qui se développent depuis des années. Selon une étude conduite en 2021 sur 4.000 personnes en Europe et au Royaume-Uni, plus de la moitié des sondés pourrait tenter l'expérience.

Risque pour la santé ?

La première puce électronique a été injectée en 1998, sous la peau de l'une des mains de Kevin Warwick, professeur d'université en Angleterre. Depuis, la technologie a été commercialisée, notamment par l'entreprise Walletmore qui revendique avoir été la première sur le marché, et qui comptabilise aujourd'hui 500 clients. Vidéo, tutoriel, liens explicatifs, sur leur site internet tout est fait pour prouver au client la simplicité de la démarche, absolument sans risque à en croire le fondateur, Wojtek Paprota.

Interviewé par la journaliste de la BBC, l'homme d'affaires affirme que son entreprise respecte toutes les règles en vigueur, et qu'elle utilise la technologie NFC (Near Field communication), la même qui est utilisée pour pouvoir payer sans contact à l'aide de son smartphone.

Données confidentielles

D'autres puces électroniques de paiement utilisent une autre technologie, celle de la Radio-identification, que l'on retrouve dans nos cartes de crédit lorsque nous payons grâce au sans contact. « Ces micropuces sont utilisées depuis des années sur les animaux, ce sont de tout petits objets statiques, il n'y a aucun risque pour la santé », souligne Steven Northam, professeur à l'Université de Winchester au Royaume-Uni, « nous faisons régulièrement des enquêtes pour vérifier ».

Cela ouvre la voie à de nouvelles formes de contrôle, de manipulation ou d'oppression

Nada Kakabadse Professeure à la Henley Business school

Au-delà de la stricte question sanitaire, ces puces électroniques soulèvent également des interrogations éthiques et philosophiques. Que se passerait-il si demain, ces micropuces stockaient, outre nos informations de paiement, tout un tas de données sur les individus ?

Perte de libertés

« Cela ouvre la voie à de nouvelles formes de contrôle, de manipulation ou d'oppression », prévient Nada Kakabadse, professeure à la Henley Business school au Royaume-Uni. Car au bout du compte, qui possède ces données, qui les contrôle ? Est-ce éthique d'injecter des puces électroniques dans le corps d'êtres humains comme dans celui des animaux ?

En voulant gagner quelques secondes à la caisse d'un supermarché ne perd-on pas finalement de précieux espaces de liberté ? Selon Nada Kakabadse, le « paiement dans la peau » pourrait finalement aboutir à une situation où « tout le monde perd ses droits, au profit du bénéfice de quelques-uns ».