Le festival de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMDJ) – communiste – à Sotchi pour les 100 ans de la révolution bolchevique – sous l’impulsion de Poutine

Poutine festival Fédération mondiale jeunesse démocratique FMDJ communiste Sotchi révolution
 
Le communisme est-il vraiment mort en Russie ? Rien n’est moins sûr. Car si c’était le cas, on peut être certain que la prochaine réunion internationale des jeunesses communistes ne se tiendrait pas en Russie, pas plus qu’une rencontre de jeunesse nazie ne se tiendrait en Allemagne – en tout cas avec la bénédiction des pouvoirs publics. Or c’est bien ce qui va se passer : une telle célébration se tiendra en octobre à Sotchi, et ce, qui plus est, pour marquer le centième anniversaire de la révolution bolchevique, et qui plus est encore avec l’approbation et même sous l’impulsion de Poutine. Le président russe est intervenu personnellement pour que le festival de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique ait lieu sur le sol russe.
 
On dira qu’il ne s’agit pas ouvertement d’une réunion communiste. Mais la puissance organisatrice, cette fameuse Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD), créée du temps de l’Union soviétique en 1945 sous l’égide des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, et totalement sous la coupe de l’URSS depuis 1949. Courroie de transmission des idées communistes, l’association de jeunesse a toujours été en lien avec les mouvements communistes dans le monde entier, et se chargeait de promouvoir tous les aspects de la politique soviétique, notamment la marche vers la « détente », le soutien au contrôle de l’armement ou encore la promotion de mouvements terroristes du tiers-monde.
 

Le festival de la Fédération mondiale jeunesse démocratique honorera 1917 et Castro

 
Pacifiste et axé sur « l’amitié entre les peuples » et la lutte contre le « racisme » le WFDY (World Federation of Democratic Youth) ou FMJD a tenu ses congrès tous les trois ou quatre ans depuis lors, généralement dans des lieux choisis, parmi lesquels, à deux reprises, Moscou. La chute de l’Union soviétique a fait entrer le mouvement en crise mais ses rencontres ont repris 1997 à La Havane, puis à Alger, au Venezuela, à Pretoria ou à Quito, pour revenir à La Havane en 2015.
 
On n’attend pas moins de 20.000 jeunes communistes du monde entier à Sotchi pour fêter les événements d’octobre 1917. Et dans une même perspective, les jeunes seront invités à célébrer la mémoire de Fidel Castro, mort en novembre dernier.
 
Il faut souligner qu’à ces préoccupations historiques s’ajouteront des travaux pratiques parfaitement dans l’air du temps, puisque le programme des conférences sera principalement dédié aux 17 objectifs du développement durable de l’ONU, les fameux ODD qui constituent en réalité un programme politique socialisant à part entière, sous l’impulsion de la « lutte contre le changement climatique ».
 
La vidéo de présentation de la rencontre s’ouvre sur une image de Lénine. Les choses sont claires. La faucille et le marteau sont également bien mis en évidence. On évoquera la lutte contre le « fascisme », on glorifiera Che Guevara et on dénoncera, cela s’impose, l’impérialisme américain. Ce sera une réunion du poing levé, avec ce slogan sans équivoque : « Pour la paix, la solidarité et la justice sociale, nous luttons contre l’impérialisme – en rendant gloire à notre passé, nous construisons notre avenir. »
 

La FMDJ a toujours été communiste

 
S’il s’agissait simplement d’une réunion organisée par le parti communiste russe, qui demeure représenté à la Douma parce qu’il est des génocides et des goulags qu’on a le droit de passer par pertes et profits, ce serait déjà assez remarquable. Mais il se trouve que Vladimir Poutine lui-même est intervenu pour que le festival se tienne à Sotchi : c’est l’Agence fédérale russe pour les affaires de la jeunesse, Rosmolodezh, qui a reçu ordre du président Poutine de soumettre la candidature de cette ville à la FMJD pour l’édition de 2017. Et c’est au nom de Vladimir Poutine que la demande a été soumise par la Russie, une demande assurée de son succès puisque les instances dirigeantes de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique n’ont soutenu que celle-là !
 
En février 2016, au moment des candidatures, Vladimir Poutine avait rencontré le comité pour l’organisation du festival à Sotchi, faisant preuve d’un enthousiasme évident et appelant de ses vœux la réussite d’un événement où la Russie pourra montrer ses « meilleures qualités, accomplissements, et aspirations pour l’avenir ». Les russophones pourront le vérifier ici, sur cette vidéo de présentation montrant la rencontre de Poutine avec le comité, avec de belles images de l’ère soviétique pour illustrer le tout.
 

Vladimir Poutine a donné ordre pour que le festival se tienne à Sotchi, en Russie

 
Sergueï Lavrov, ministre russe des affaires étrangères, a invité le monde entier à participer à la rencontre lors de la 71e session de l’assemblée générale de l’ONU en des termes qui rappellent les tartes à la crème de l’antiracisme répandu à travers le monde ainsi que la lutte contre le nazisme, mort en tant que puissance politique en 1945 pendant que le communisme, qui tuait dès 1919, continuait tranquillement son œuvre de mort :
 
« La liberté d’expression ou de réunion pacifique ne doit pas être utilisée comme couverture en vue de justifier des mouvements radicaux qui professent l’idéologie nazie ou qui cherchent à glorifier les fascistes et leurs complices. La persistance de ces instincts vicieux rend nécessaires des efforts soutenus en vue de bloquer la route aux néonazis et au revanchisme, de fortifier l’harmonie interethnique et interculturelle, et de renforcer au sein des jeunes générations les idées de justice et d’égalité. La Russie vous invite tous à prendre part au 19e festival mondial de la jeunesse et des étudiants qui aura lieu à Sotchi en octobre 2017. »
 
L’événement – faut-il l’ajouter ? – a le soutien entier et officiel de l’ONU.
 
Comme quoi les ODD et la nostalgie du communisme, ou plus exactement la marche vers le collectivisme socialiste au nom de « la Planète » peuvent faire bon ménage, aussi bien dans le cadre des Nations unies que dans un événement commémoratif où Lénine, Staline, Castro et de tant d’autres tyrans sanguinaires seront honorés.
 

Jeanne Smits