2016-06-09 12:32:00

Pape François : contre tout idéalisme rigide, Jésus nous enseigne un sain réalisme


(RV) Vouloir «ça ou rien» n’est pas catholique, c’est «hérétique». Le Pape l’a affirmé lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe, centrée sur le «sain réalisme» que le Seigneur a enseigné à ses disciples. Le Pape a mis l’accent sur le mal qu’infligent au Peuple de Dieu les hommes d’Église qui font le contraire de ce qu’ils disent. Il a donc exhorté à se libérer d’un idéalisme rigide qui ne permet pas de nous réconcilier entre nous.

«Votre justice doit dépasser celle des scribes et des pharisiens». Le Pape François s’est appuyé sur cette exhortation de Jésus, dans l’Évangile du jour, pour s’arrêter sur l’importance du réalisme chrétien. Le peuple, a affirmé le Pape, était «un peu désorienté», parce que ceux qui enseignaient la loi n’étaient pas cohérents dans leur «témoignage de vie». Jésus demande donc de surmonter cela, de «passer outre». Il prend comme exemple le premier commandement : «aimer Dieu et aimer le prochain». Et il souligne que quiconque en voudra à son frère devra être soumis au jugement.

«Cela fait du bien de l’entendre, en ce temps où nous sommes tellement habitués aux qualificatifs et où nous avons un vocabulaire tellement créatif pour insulter les autres», a affirmé le Pape. Ceci, a-t-il repris, est un péché, c’est «tuer, parce que c’est comme donner une gifle à l’âme du frère», à sa «dignité». Et avec une ironie amère, il a ajouté que souvent nous disons beaucoup de gros mots «avec beaucoup de charité, mais nous les disons aux autres».

Le Pape, en se référant à la présence des enfants à la messe, a exhorté à rester «tranquilles», parce que «la prédication d’un enfant à l’église est plus belle que celle du prêtre, que celle de l’évêque et que celle du Pape». Il faut le laisser faire , parce que «c’est la voix de l’innocence qui nous fait du bien à tous».

L’homme d’Église qui fait le contraire ce qu’il dit fait scandale

Jésus, a ensuite affirmé le Pape, demande «à ce peuple désorienté» de «passer outre» et d’avancer. Mais il n’a pas manqué de relever quel mal fait au peuple le contre-témoignage des chrétiens.

«Combien de fois nous, dans l’Église, nous entendons ces choses, combien de fois ! "Mais, ce prêtre, cet homme, cette femme de l’Action catholique, cet évêque, ce Pape nous disent : "vous devez faire comme ça !", et lui, il fait le contraire". Voilà le scandale qui blesse le peuple et empêche le peuple de Dieu de croître, d’avancer. Il ne libère pas. Aussi, ce peuple avait vu la rigidité de ces scribes et pharisiens, et quand venait un prophète qui leur donnait un peu de joie, ils le persécutaient et le menaçaient : il n’y avait pas de place pour les prophètes. Et Jésus leur dit, aux pharisiens : "Vous, vous avez tué les prophètes, vous avez persécuté les prophètes, ceux qui apportaient un air nouveau". »

Suivre le sain réalisme de l’Église, non à l’idéalisme et à la rigidité

«La générosité, la sainteté» que nous demande Jésus, «c’est de prendre de la hauteur». Cela, a dit François, c’est la «libération» de la «rigidité de la loi et aussi des idéalismes qui ne nous font pas du bien». Jésus, a-t-il ensuite commenté, «nous connait bien», «il connait notre nature». Il nous exhorte donc à nous mettre d’accord quand nous avons un conflit avec l’autre. «Jésus nous enseigne aussi un sain réalisme». «Tant de fois, a-t-il souligné, on ne peut pas arriver à la perfection, mais au moins faites ce que vous pouvez, mettez-vous d’accord.»

«Ce sain réalisme de l’Église catholique : l’Église catholique n’enseigne jamais "ou ça, ou ça". Ceci n’est pas catholique. L’Église dit : "ceci et ceci". "Fais la perfection : réconcilie-toi avec ton frère. Ne l’insulte pas. Aime-le. Mais s’il y a un problème quelconque, au moins mettez-vous d’accord, pour ne pas déclencher la guerre." Ce sain réalisme du catholicisme. Il n’est pas catholique (de dire) "ou ceci, ou rien" : ceci n’est pas catholique. C’est hérétique. Jésus sait toujours cheminer avec nous, il nous donne l’idéal, il nous accompagne vers l’idéal, il nous libère de cette cage de la rigidité de la loi et nous dit : mais, faites jusqu’au point où vous pouvez aller. Et lui, il nous comprend bien.»

Se réconcilier entre nous, c’est la petite sainteté de la négociation

Le Seigneur, a-t-il encore dit, nous demande de ne pas être hypocrites, de ne pas aller louer Dieu avec la même langue avec laquelle on insulte le frère. «Faites ce que vous pouvez», a-t-il souligné, «c’est l’exhortation de Jésus», «au moins évitez la guerre entre vous, mettez-vous d’accord».

«Et je me permet de vous dire cette parole qui semble un peu étrange : c’est la petite sainteté de la négociation. "Je ne peux pas tout,  mais je veux tout faire, je me met d’accord avec toi, au moins ne nous insultons pas, ne faisons pas la guerre, et vivons tous en paix." Jésus est grand ! Ils nous libère de toutes nos misères. Aussi de cet idéalisme qui n’est pas catholique. Demandons au Seigneur qu’il nous enseigne, d’abord, à sortir de toute rigidité, pour pouvoir adorer et louer Dieu, qu’Il nous enseigne à nous réconcilier entre nous ; et aussi, qu’il nous apprenne à nous mettre d’accord jusqu’au point où nous pouvons le faire.»

(CV)








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