Le chercheur et journaliste égyptien Tawfik Hamid qui fut dans sa jeunesse membre très actif au sein de l’organisation terroriste islamiste Gamaa Islamiya, vit aujourd’hui aux États-Unis. Récemment il s’est penché sur le phénomène de l’athéisme croissant qui effraie le monde musulman. Il a identifié ses facteurs dans l’article suivant publié le 12 février 2021 sur le site de la télévision américaine en langue arabe al-Hurra. En voici un condensé.

L’athéisme est en croissance constante dans le monde arabe et islamique, en particulier parmi les jeunes. Personne n’ose plus le dissimuler. L’institution d’al-Azhar en est consciente. Un de ses illustres oulémas, le cheikh Ahmed Karima, a récemment évoqué ce phénomène sur les chaînes égyptiennes de télévision. Il a même versé, devant des millions de téléspectateurs, des larmes de détresse et d’angoisse face à cette évolution désastreuse qui gangrène l’état de l’islam.

L’athéisme a été toujours dissimulé au cours de l’histoire de l’islam. Or, de nos jours, les médias illustrent l’audace de ceux qui osent annoncer publiquement leur athéisme ou leur abandon de la religion de Mahomet.

Deux cas récents, déclarés sur les écrans, ont significativement alarmé et secoué la communauté arabo-musulmane. La chanteuse koweïtienne, Basma Al-Kuwaiti1 a annoncé récemment son abandon de l’islam et sa conversion au judaïsme. Elle a violemment choqué de nombreux musulmans. L’effet de ce choc s’est aggravé puisqu’il survint juste après l’annonce faite par le radiodiffuseur koweïtien Muhammad al-Mo’min2 qui a également annoncé son divorce avec la religion islamique et sa conversion au christianisme.

Jusqu’alors, la loi d’apostasie dissuadait tout musulman de manifester son athéisme ou de travestir sa croyance. Mais la croissance concurrente de ce phénomène est devenue tellement frappante que moult observateurs ne peuvent plus l’occulter. L’analyse des facteurs qui facilitent sa propagation ou plutôt son exacerbation dans le monde arabe et islamique, lève le voile sur une réalité de plus en plus incontournable.

Voici les dix facteurs qui favorisent ce phénomène selon l’ancien islamiste Tawfiq Hamid :

1. L’incapacité intellectuelle des religieux musulmans et des oulémas d’Al-Azhar

Ces présumés gardiens du temple de l’islam n’ont jamais été en mesure de fournir une réponse appropriée, cohérente ou logique aux questions religieuses épineuses qui choquent la civilisation humaine et perturbent la conscience personnelle. Les questions telles que l’autorisation coranique de frapper légalement les femmes, de les capturer et de les asservir sexuellement, de déclarer le jihad aux non-musulmans et de les soumettre à choisir entre la conversion à l’islam, le payement de la jizya [impôt de capitation, s’ils sont chrétiens ou juifs], ou la mort, ne peuvent en aucune manière se justifier.

2. L’échec de l’islam politique

L’islam politique n’a jamais réussi à apporter la prospérité aux régions ni aux peuples qu’il contrôlait. Les régimes des talibans en Afghanistan, de l’État islamique (Daech) en Irak et en Syrie, de l’organisation de jeunes (les Shababs) en Somalie ou d’autres mouvements islamiques extrémistes ailleurs, n’ont provoqué que misère, destruction, pauvreté, calamités… Le slogan « l’islam est la solution » que le mouvement des Frères musulmans avait diffusé au siècle dernier pour ensorceler les masses, ou plutôt pour pratiquer leurs simagrées, s’est effondré.

Nul n’a oublié comment les islamistes ont promis aux pauvres musulmans durant les deux dernières décades du siècle dernier que le fléau de la pauvreté et de la vie chère disparaîtraient si les femmes portaient le hijab [le voile islamique]. En effet, les femmes ont porté le hijab, mais la réalité n’a rien changé. Au contraire, tout s’est dégradé avec plus de pauvreté et de misère.

3. Le « réveil islamique », une pure utopie

Ce phénomène n’a amélioré ni les mœurs ni la bonne conduite des gens. C’est plutôt le contraire qui s’est produit depuis la fin des années 70 du siècle dernier. Le monde arabe et musulman a connu depuis lors une augmentation insensée et sans précédent des taux du harcèlement des femmes dans les rues, l’utilisation d’un langage de plus en plus obscène, la corruption dans tous les domaines et l’effondrement de nombreuses valeurs sociétales, telles que l’honnêteté, la loyauté, le dévouement.

4. L’effondrement de l’image des islamistes religieux

Cet état de chose s’est manifesté depuis leur recours à des discours truffés de termes et d’expressions des plus abjects et des plus vulgaires à l’encontre de ceux qui ne sont pas d’accord avec leur pensée et leur idéologie. Nul n’oublie le prédicateur salafiste égyptien Wagdy Ghoneim (1951-) qui fit usage d’insultes les plus dégradantes qu’une personne puisse imaginer dans ses relations avec les autres. Il est difficile voire impossible de mentionner ses expressions fangeuses dans ce texte en raison du niveau de leur bassesse.

5. Le choc de la révolution électronique

Le développement d’Internet et d’autres réseaux sociaux a permis la transmission rapide des horreurs dont regorgent les livres du « patrimoine islamique », tels que « l’allaitement des adultes »3 « le mariage des fillettes précoces »4, le sanglant « Califat islamique »5 et d’autres atrocités qui contredisent la tentative des religieux de convaincre le monde que l’islam est la plus grande religion civilisée sur terre.

6. L’euphémisme de la propagation du terrorisme islamique

La laideur et la légitimité du terrorisme islamique au nom de la religion et du créateur de l’univers par des groupes et mouvances islamiques ne peuvent que choquer le monde entier. Ils justifient la violence et la brutalité en vertu de versets coraniques6 et de hadiths attribués à leur prophète, tels que « J’ai été victorieux par la terreur », « Allah m’a accordé ma subsistance à l’ombre de mon épée » et d’autres hadiths cités dans Bukhari comme dans des livres du patrimoine islamique.

7. La fragilité de l’islam

Les observateurs musulmans ou non notent cette défaillance perturbante pour la conscience humaine en raison de la « loi de l’apostasie » en vigueur dans bon nombre de pays musulmans. Ils y trouvent une preuve avérée de l’inconsistance de l’islam, car tuer l’apostat révèle effectivement la veulerie de cette religion ainsi que son infirmité d’utiliser la logique pour persuader l’apostat de la véracité de l’islam. Par conséquent, le recours à la violence et au meurtre [une pratique digne des mafiosi] est une stratégie des faibles et des criminels. Ils l’appliquent pour compenser la défaillance et l’apathie de leur croyance. Ce comportement ressemble à celui du footballeur raté et défaillant qui se tourne vers la violence sur le terrain parce qu’il était incapable de bien jouer.

8. L’idolâtrie des récits coraniques et des hadiths excessifs

Les religieux musulmans s’accrochent fermement à des récits coraniques ainsi qu’à des hadiths répugnants qui noircissent indubitablement et de plus en plus l’image du prophète de l’islam. Le récit du mariage de ce dernier à 53 ans avec Aïcha, 6 ans, et les hadiths qui glorifient son énorme capacité sexuelle de quarante hommes lui permettant d’avoir des relations sexuelles avec neuf femmes en une heure de la journée et un seul lavage, et autant d’autres narrations incohérentes, répugnantes, invraisemblables ou légendaires, ne permettent d’accorder la moindre crédibilité à l’islam.

En outre, l’insistance des clercs à faire croire que les collections de hadiths rapportés dans Sahih Bukhari et Sahih Muslim sont les premiers commentaires fondamentaux du Coran ainsi que son explication, incite beaucoup de musulmans à s’éloigner de l’islam. Les hadiths qui décrivent Mahomet avec des qualités honteuses contredisent totalement l’idée propagée qu’il est un vrai « messager d’Allah » ou le « meilleur exemple » pour toute l’humanité. Quelle aversion !

9. La contradiction des concepts religieux

Voici deux exemples choquants qui illustrent ce phénomène. D’abord, l’interdiction puis l’autorisation accordée aux femmes par les mêmes dignitaires religieux de conduire des véhicules perturbent profondément les vrais croyants. Ensuite, le droit de la femme qui ne pouvait pas quitter son mari s’il ne voulait pas divorcer, lui permet de recourir aujourd’hui au « khal’ »7. Ce moyen fut occulté par les clercs pendant des décennies, voire des siècles. Est-ce normal ?

Cette perturbation dans les concepts de la religion provoque un choc hallucinant chez beaucoup de musulmans. Ce qui est aujourd’hui autorisé (halal), peut devenir demain interdit (haram) et vice versa. D’où l’interrogation à juste raison : « Où est donc la vraie religion, si les lois changent si vite et avec une telle légèreté… Où est la vérité ! »

10. L’effondrement de l’image des dirigeants des mouvements islamiques

Ce phénomène se révèle clairement dans un simple commentaire ajouté sur Facebook en bas d’une photo représentant « Les cheikhs de l’égarement » [cheikhs signifient imams, prédicateurs ou dignitaires religieux musulmans]. Il s’agit de la photo d’un groupe de cheikhs salafistes sous laquelle il est écrit : « C’est la photo de cinq cheikhs qui possèdent plus d’un milliard de livres égyptiennes et environ 80 épouses et femmes répudiées. Ces cinq individus vous appellent et vous incitent à l’ascèse, à l’austérité et à la chasteté… Bonjour les gars ! Bonjour les dégâts ! » [Sans commentaire]

Tawfiq Hamid n’est pas un cas isolé parmi les musulmans, les anciens islamistes ou les ex-musulmans qui osent démasquer l’islam et ses aberrations. Leur nombre se multiplie de jour en jour. Ils accélèrent la chute de l’édifice malade qu’est l’islam. Ils n’ont plus peur de l’épée ni de la censure. Ils s’indignent contre le tribalisme islamique pour éviter aux générations futures les fléaux et les répressions qu’ils ont subis.

Texte condensé et annoté par Maurice Saliba

  1. Singer Basma al-Kuwaitiannouncedthatshewasconvertingfrom Islam to Judaism. egyptindependent.com, 10 février 2021. []
  2. Le radiodiffuseur Muhammad al-Moamin annonce en direct sa conversion au christianisme :www.youtube.com/watch?v=WykoKoT7AeE&ab_channel. []
  3. L’islam interdit à une femme d’être seule dans une pièce avec un collègue en dehors du mariage ou sans lien de parenté proche. Selon une fatwa, la seule façon de se retrouver seul avec une collègue de travail dans un bureau est de l’avoir tétée. Une femme pourrait alors enlever son voile et être seule avec son collègue, à condition de l’avoir allaité à cinq reprises, en lui donnant « directement son sein » (Voir Abou Daoud 2061). L’allaitement des hommes est pratiqué dans certains pays musulmans. Une femme doit allaiter un homme (étranger) afin qu’il puisse faire « partie de la famille ». Celles qui ne se plient pas à la règle sont sévèrement sanctionnées. « Les femmes saoudiennes sont forcées d’allaiter les hommes pour pouvoir les fréquenter » : http://www.slate.fr/story/22779/arabie-saoudite-allaitement-hommes-adultes. []
  4. Le mariage avec des filles précoces en islam est une imitation légale de Mahomet, le « beau modèle » des musulmans. Sa troisième femme Aïcha avait neuf ans lorsqu’il l’a épousée alors qu’il avait 53 ans. « Les preuves de la légitimité du mariage précoce des filles se trouvent dans le Coran, la sunna, le consensus des oulémas et la vie des Compagnons et des musulmans après eux. L’autorisation de ce genre de mariage est dictée par les intérêts de la religion » (Islamweb, fatwa 88089, le 19.12.20017). []
  5. Pour plus d’informations sur les atrocités de l’État islamique (Daech), voir : Frère Rachid, Daech et l’islam. L’analyse d’un ex-musulman, Waterlife Publishing 2017, chap. XIII. Daech et Mahomet, l’égorgement et l’autodafé, un devoir sacré (p.293-326). []
  6. Voir : Versets coraniques incitant à la vengeance, à la haine, à la guerre, à la discrimination religieuse, au racisme anti-juif, antichrétien et au mensonge, dans : Maurice Saliba, L’islam mis à nu par les siens. Éditions Riposte Laïque, 2019, p. 312-339. []
  7. Al-Khal’ (الخلع) est un moyen juridique auquel une femme peut recourir pour pouvoir divorcer de son mari en échange d’une compensation qu’elle lui paie pour racheter sa liberté. Cette compensation peut être en espèces ou en nature. []