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Les évêques s'invitent prudemment dans la campagne présidentielle

Dans une « déclaration » s'adressant aux candidats et aux électeurs, l'épiscopat s'inquiète d'un « risque de fracturation » d'une société dont il déplore « les violences extrêmes ».

C'est sur la pointe des pieds que les évêques prennent position dans le débat électoral. Comme à chaque élection présidentielle, ils ont publié, mardi, une « déclaration », intitulée cette fois-ci L'Espérance ne déçoit pas, coéditée par Bayard, Mame et Les Éditions du Cerf. Pourquoi ce profil bas ? « Notre Église a failli », expliquent-ils, sur la question des abus sexuels. C'est donc « avec humilité » que la Conférence des évêques de France « ose partager » ses réflexions, tout en s'interdisant de donner – et à aucun moment de la campagne - « des consignes de vote ». Lors de la conférence de presse, ils ont toutefois récusé le terme de « neutralité ».

Que trouve-t-on de nouveau dans ce document de 60 pages ? Le trait le plus caractéristique serait un appel au « respect des règles de civilité » du débat politique dans une société qui court le « risque de fracturation ». L'enjeu, disent les évêques, est de « choisir de vivre ensemble en paix ». C'est ainsi que le « débat préélectoral » doit « permette une rencontre franche et respectueuse des idées et des programmes ». En effet, « chacun est libre de s'interroger sur les opinions des autres, mais tous doivent s'interdire la dérision et l'humiliation destructrices ». Et, petit coup de patte au quinquennat finissant ou aux candidats déclarés, les évêques dénoncent « la démesure et l'idolâtrie du pouvoir » car « les politiques doivent se garder de promettre plus qu'ils ne sont en mesure d'offrir ». Des candidats qui recevront d'ailleurs ce livret avec une proposition de rencontre avec les responsables de l'épiscopat.

Questions autour de l'immigration

Autre sujet très sensible, la question des migrations et de l'identité. Le mot, « identité nationale » a curieusement été gommé de cette déclaration, alors qu'il figurait dans celle de 2017 et qu'il sera probablement central au cours de cette campagne. Un choix d'autant plus étonnant que l'Église passe à présent de « l'accueil inconditionnel » des migrants du début du pontificat de François à « l'accueil ajusté ». Un nouveau concept qui s'appuie sur la « légitimité de la régulation juridique des flux migratoires » qui va de pair avec des « politiques d'aide au développement ».

Mais les responsables catholiques demandent qu'aucun candidat ne tire « son parti de ces drames humanitaires » même s'ils attendent, paradoxalement, des chrétiens, de faire de ces questions « un enjeu électoral de premier plan ». Sur ce sujet également, l'Europe devrait être plus active estiment-ils, alors que ses propres dérives - « impuissance, dérive libertaire et excès technocratiques » - favorisent « les replis nationalistes ».

Autre sujet central de la campagne : « la sécurité » en France. Comme jamais, les évêques alertent sur les « violences extrêmes » subies par « la police, la gendarmerie et même les pompiers et les premiers secours » qui se voient « injuriés, voire agressés ». Et ce constat : les forces de l'ordre « se sentent peu soutenues dans leur lutte contre la délinquance ».

Critique du quinquennat Macron

Plus techniques, les évêques reviennent sur les effets collatéraux vécus par les religions après la loi contre le séparatisme, ce qui pourrait être aussi une critique ouverte du quinquennat d'Emmanuel Macron. Il y a eu « tentation de porter atteinte » à « la liberté d'expression, d'association, d'éducation, voire de culte, et à l'égalité des citoyens ». Ils défendent donc « la liberté de conscience », tout comme « la liberté religieuse » et s'opposent à tout « dénigrement systématique des cultes » et au fait que quelqu'un « puisse être suspecté a priori en raison de son appartenance confessionnelle ». À l'adresse de tous les candidats, ils fustigent la manipulation de « la peur » d'une religion à « visées électoralistes ».

Plus habituels en revanche sont les appels à la défense de la vie à naître ou plus âgée, avec le refus catégorique de « la tentation de l'euthanasie ». Classique désormais, le soutien à l'écologie, mais dans une vision « intégrale ». Enfin, et comme toujours, c'est un « devoir » pour les catholiques de voter, même « blanc ». Il n'est pas question de s'abstenir.

Les évêques s'invitent prudemment dans la campagne présidentielle

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52 commentaires
  • Vérité29

    le

    Plat et insipide : l’évêque se cache , comme d’habitude

  • cherry blossom

    le

    Les évêques feraient bien de s'occuper de leur propre chapelle et non pas de politique. Ce n'est pas leur rôle.

  • PAUL-JEAN TOULET

    le

    Catéchisme de l'Eglise Catholique numéro 2241 : « Les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant que faire se peut l’étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine. Les pouvoirs publics veilleront au respect du droit naturel qui place l’hôte sous la protection de ceux qui le reçoivent.
    Les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont ils ont la charge subordonner l’exercice du droit d’immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l’égard du pays d’adoption. L’immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil, d’obéir à ses lois et de contribuer à ses charges. » Et Benoit XVI : « Chaque Etat a le droit de réguler les flux migratoires et de mettre en œuvre des politiques dictées par les exigences générales du bien commun, mais toujours en garantissant le respect de la dignité de chaque personne humaine. (…) Dans le contexte sociopolitique actuel, cependant, avant même le droit d’émigrer, il faut réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire d’être en condition de demeurer sur sa propre terre », 12 oct. 2012.

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