Si vous ne dites pas "Bonjour", ce maire de l'Oise peut vous mettre à la porte

Il y a 10 ans, le maire de Lhéraule (Oise) mettait en place un arrêté municipal visant à faire respecter la politesse dans la mairie. Retour sur cette mesure exceptionnelle.

maire lhéraule
Il y a 10 ans, le maire de Lhéraule, dans l’Oise, mettait en place un arrêté municipal visant à faire respecter la politesse au sein des locaux de la mairie. (©Chloé Gaillard / Actu Oise)
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« C’était un mardi soir, en fin de permanence », se souvient le maire de Lhéraule (Oise), Gérard Plée. « Peut-être un jour où j’étais plus énervé que les autres. Un administré est sorti de la mairie sans dire « au revoir ».

Réflexion faite, je me suis rendu compte qu’il n’avait pas non plus dit « bonjour », ni même « merci » ou encore « s’il vous plaît ». Pourtant, « nous l’avons accueilli, nous l’avons renseigné. Il a eu ses papiers, une chaise et un stylo. »

Excédé par ce comportement, l’élu passe à l’action dès le lendemain matin : « Le 9 novembre 2012, j’ai mis en place un arrêté municipal pour faire respecter les règles de politesse dans les locaux de la mairie », précise-t-il.

« Le droit de mettre à la porte »

Dans les faits, cet arrêté municipal « portant obligation du respect des normes sociales dans les locaux de l’administration communale » n’entraîne aucune sanction pénale en cas de manquement de la part d’un administré. Cependant, le maire assure qu’il a « le droit de mettre à la porte » toute personne qui ne respecterait pas cette règle.

À l’origine, un sujet « de frictions »

Conseiller municipal à Lhéraule depuis 1983, Gérard Plée a suivi de près des dizaines de dossiers. Mais lorsqu’il entame son premier mandat de maire en 2006, il accuse les incivilités.

Plus particulièrement, lorsqu’il met en place le nouveau Plan Local d’Urbanisme (PLU), un sujet « de frictions » pour certains propriétaires. « Lorsque vous refusez un permis de construire, forcément, cela fait des mécontents », précise l’élu.

Les dérives se multiplient « pour contrarier le maire ». Il se souvient : « la permanence se tenait jusqu’à 19h30 le lundi soir, certaines personnes faisaient exprès de venir à 19h25. » Avant de s’exaspérer : « ils se comportaient dans les locaux de la mairie comme en terrain conquis. » 

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Par « ils », Gérard Plée fait allusion à « 3-4 personnes qui se montaient le bourrichon et entretenaient une forme de rancune envers lui ». Si l’élu tient à préciser que ces cas étaient isolés, il était assez indigné pour prendre les mesures nécessaires.

Arrêté municipal
Arrêté municipal « portant obligation du respect des normes sociales dans les locaux de l’administration communale ». (©Chloé Gaillard / Actu Oise)

La figure de l’autorité mise à mal

Fonctionnaire de carrière, le septuagénaire analyse : « Ces personnes s’en prennent à ce que représente le maire, la figure de l’autorité« . Pourtant, il fait remarquer que la foule est souvent choquée par des comportements inappropriés envers les pompiers ou les enseignants : « Alors, quid des élus ?!« , s’exclame-t-il. 

Pour une majorité des citoyens, la devise de la République se limite à la Liberté et à la Solidarité. Pour moi, c'est la notion de Fraternité qui est la plus importante dans notre Société.

Gérard PléeMaire de Lhéraule (Oise)

La politesse, « c’est le b.a.-ba »

À l’époque, la mesure avait été saluée par le préfet de l’Oise. Le maire de ce petit bourg de 200 âmes, situé dans le Pays de Bray, près de Beauvais (Oise), a été mis sous le feu des projecteurs à l’échelle nationale par la presse.

Il se rappelle que les réactions avaient afflué de toute la France et même d’Europe. « J’ai reçu des courriers depuis la Hollande, l’Italie ou encore l’Allemagne et j’en ai été très surpris », se souvient-il. 

À Lhéraule, les habitants se souviennent encore. À l’instar de Florent Petrelle, qui habite une maison familiale depuis 1985. « Je suis de la vieille école. Mais pour moi, la politesse, c’est le b.a.-ba« , confie l’employé communal. « Cette piqûre de rappel ne peut pas faire de mal ».

Arrivé depuis seulement un an sur la commune, Christophe Connier dit « avoir eu vent de la mesure ». Même si cela le fait sourire, il reconnaît que « c’est un acte fort » qui devrait être reproduit dans plusieurs villes. « Ça rappelle aux gens qu’il y a des règles de savoir-vivre en société », conclut-il. 

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À ce jour, l’arrêté n’a jamais eu l’occasion d’être appliqué. Depuis qu’il a été acté, la municipalité assure que les habitants de Lhéraule font preuve de courtoisie. Secrétaire de mairie depuis 2013, Joanne Fournier s’amuse à dire que « si quelqu’un ne disait pas bonjour en rentrant, elle le remarquerait, ici, plus qu’ailleurs« .

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