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L'Amitié de Jésus

Nous avons besoin de l'amitié pour vivre, tout autant que de pain. Dieu nous offre cette amitié. Il est venu jusqu'à nous manifester sa tendresse en Jésus, son Bien-Aimé.

"Béthanie" évoque ses intimes: Lazare, Marthe et Marie, mais c'est surtout avec ses apôtres qu'Il vit une amitié solide et virile. Jésus ne les laisse jamais dans l'embarras. Rappelons-nous cette scène après la multiplication des pains. Il est parti seul, le soir venu, prier sur la montagne. La nuit tombait. La barque se détachait au milieu de la mer. Et Lui, demeuré seul sur cette colline, regarde ses amis souquer sur les rames, la barque aux prises avec une mer déchaînée, le vent debout. Il les voit en péril, et n'y tenant plus, dans un geste commandé par son seul Amour, Il marche sur la mer et les rejoint. A la vue de ce fantôme, ils ont peur, mais la seule affirmation de son identité ramène la paix: "Courage, c'est moi, n'ayez pas peur".

Et une autre fois, aussi sur la mer. Jésus si beau, dormant au milieu des embruns sur le coussin du barreur. Il émane de Lui une telle assurance, une telle sûreté, Il inspire une telle confiance que sur cette mer déchaînée, des hardis marins -aussi désemparés que les flots - ne pensent à demander secours qu' à un homme qui dort. Il ne demandent rien à leur vieille expérience. En plus, ils s'adressent à un terrien. Cet homme qui dort, si calme et si beau, doit les sauver: "Maître, nous périssons!" Deux mots et tout rentre dans l'ordre: "Silence, tais-toi!".

Sa réponse nous donne à réfléchir, car Il reproche aux siens leur peur dans la tempête... puisqu'Il est là! "Pourquoi êtes vous si peureux, hommes de peu de foi!"

Allons donc à Lui au milieu de nos soucis, car si les éléments en furie s'apaisent à sa voix, les gestes de ses mains ont toujours su trouver le chemin des coeurs et révéler l'immense tendresse de Dieu.

Les contemporains de Jésus ont été frappés de cette sagesse incarnée qui se révèle dans ses gestes à l'égard des malades. Sa doctrine, sa sagesse ne restent pas choses abstraites, mais se traduisent dans un amour humain solide et délicat, comme peuvent l'exprimer les mains. La main du Seigneur, main d'ouvrier et de sage, qui en serrant celles des hommes faisait passer l'amour de Dieu. Il prend la main de la belle-mère de Pierre: la voilà debout et qui sert. Il pose ses mains sur les malades de Capharnaüm: les voilà guéris. Il touche le lépreux: il est purifié, guéri lui aussi. Il touche les yeux de l'aveugle-né, Il touche le cercueil du fils unique mort, et prend tendrement la main de la petite fille de Jaïre: "Talitha coumi", petite lève-toi, et la voilà dans les bras de son père.

Jean l'Évangéliste parlant de Jésus au début de son Évangile, soixante ans après la première rencontre, nous fait part de sa découverte essentielle qui, peu à peu, s'est imposée à lui. Cela s'est opéré lentement au long des jours. Peu à peu, les faits, les gestes, les paroles de l'Ami sont devenus tellement bouleversants qu'il à bien fallu admettre l'incroyable... C'était le Verbe, le Fils Bien-Aimé de Dieu, venu habiter parmi nous, que lui, Jean, côtoyait.

Alors, avec une audace folle, il affirme: "Oui! Le Verbe s'est fait chair, et Il à habité parmi nous"(J 1,19). Il ose rassembler les contraires: le Verbe et la chair, l'Esprit et la matière, l'Éternel et le temps. Cette affirmation n'est pas gratuite. Elle est le fruit d'une longue contemplation où Jean à percé l'identité de cet Homme extraordinaire. Le paroles à Nicodème, à la Samaritaine, à Marthe et à Marie, le discours sur le Pain de Vie, le discours après la Cène, autant de paroles qui permettent à Jean de découvrir et de contempler "La gloire qu'un tel Fils unique tient d'un tel Père"(J 1,14). Et ce qui ne gâte rien, cet Homme était plein de charme, un être vrai et sans feintes, "plein de grâce et de vérité"(J 1,19). Bien fait pour s'attacher les coeurs à jamais. Le sens de notre vie se trouve en Lui, en Jésus.

Laissons chanter notre coeur, et remercier Dieu pour cette vie extraordinaire de Jésus qui est une réponse formidable à toutes nos questions sur le sens do notre propre vie humaine. La terre n'est qu'un point de l'univers, mais la tendresse du Père m'y rejoint. Ce Père à su y préparer un lieu de rencontre entre son Fils et moi, ainsi qu'avec la multitude des hommes. Je sais que la créature fragile et mortelle que je suis, nourrie du "Pain du Ciel", ne mourra jamais, mais est appelée à la vie même de Dieu.

 

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