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EDITO- Intrusion à la Pitié-Salpêtrière: "le ministre de l'Intérieur n'aurait pas dû employer le mot 'd'attaque'"

L'hôpital de la Pitié-Salpêtrière -

L'hôpital de la Pitié-Salpêtrière - - BORIS HORVAT / AFP

BAROMÈTRE DES ÉDITORIALISTES - Christophe Castaner est vivement critiqué après avoir qualifié d'attaque l'intrusion à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière mercredi. Thierry Arnaud et Bruno Jeudy s'interrogent sur un potentiel emballement politique.

Des dizaines de manifestants ont fait irruption dans l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière mercredi, en marge du défilé du 1er mai. Une trentaine d'individus ont tenté de pénétrer dans le service de réanimation chirurgicale de l'hôpital. 

Sur place, mercredi soir, Christophe Castaner a qualifié l'incident d'"attaque". Sur Twitter, il déplorait: "Ici, à la Pitié-Salpêtrière, on a attaqué un hôpital. On a agressé son personnel soignant." Le directeur de l'Assistance publique des hôpitaux de Paris a réagi peu après, annonçant avoir déposé plainte après "cette intrusion violente", rejoignant les propos du ministre de l'Intérieur. 

La version des deux hommes a néanmoins été battue en brèche jeudi par des témoignages et des vidéos visibles sur les réseaux sociaux, suscitant de vives critiques contre le gouvernement et contre les médias qui ont largement relayé les propos de ministre de l'Intérieur. 

> Thierry Arnaud: "Il semble qu'on s'est emballés, qu'on a parlé trop tôt."

"S'il y a une leçon à retenir des dernières 24 heures, c'est qu'il faut être prudent. Sur la base des informations dont on dispose ce jeudi soir, et sur la base des images et témoignages qui se sont accumulées ces dernières heures, on a plutôt le sentiment qu'il n'y a pas eu d'attaque organisée contre cet hôpital.
Un hôpital c'est un sanctuaire, on est tous choqués quand on apprend qu'il y a eu des problèmes devant l'entrée d'un service de réanimation. Et puis, il y a les propos de Martin Hirsch, des propos de la directrice de l'établissement. Il semble qu'on s'est emballés, qu'on a parlé trop tôt. En tout cas, le ministre de l'Intérieur n'aurait pas dû employer le mot "d'attaque". La charge était lourde: il dit qu'on a "attaqué l'hôpital", qu'on "a agressé le personnel", qu'on a "blessé un policier qui était venu là pour protéger le personnel soignant". Si sa description ne correspond pas aux faits tels qu'ils auront été établis par l'enquête, cela va placer Christophe Castaner dans une situation un peu délicate."

> Bruno Jeudy: "Sans doute a-t-on été face à un emballement politique suscité par un homme politique"

"En plus de l'emballement de Christophe Castaner, il faut s'interroger sur ce qu'a déclaré mercredi soir Martin Hirsch, le patron de l'AP-HP. Lui-même parlait de vidéos "accablantes", sous-entendant peut-être une attaque, mais lui n'a pas utilisé le terme.
Plusieurs sources, en peu de temps, ont convergé. La vidéo démontre aujourd'hui plutôt le contraire. Il n'y aurait pas eu une attaque mais une intrusion violence. Sans doute a-t-on été face à un emballement politique suscité par un homme politique et un fonctionnaire."

Cyrielle Cabot