Katyn, l'un des pires massacres de Staline

Les communistes soviétiques éliminent, en avril 1940, l'élite de la Pologne. Ils feront porter le chapeau aux Allemands durant cinquante ans.

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Temps de lecture : 4 min

C'est pire qu'un massacre, c'est un abattoir, tant les gestes sont calculés, méthodiques, froids, précis, et surtout répétés en une procédure implacable, des dizaines et des dizaines de fois. Sans un tremblement, sans l'ombre d'une hésitation, sans une pause. Un homme à la fois, d'abord un noeud coulant passé autour du cou, puis les mains garrottées derrière le dos, trois pas à peine, le temps d'ébaucher une prière, il est saisi aux épaules par deux aides, une seule balle dans la tête tirée par un troisième. Le corps est déjà poussé sur un plan incliné et la flaque de son sang lavée d'un coup de seau.

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4 404 officiers polonais au moins sont morts ainsi, ou plus expéditivement encore, exécutés au bord de la fosse commune qui allait les ensevelir, en avril 1940, dans la forêt de Katyn, près de Smolensk, en Russie. À l'occasion de l'anniversaire de ce qui fut une tragédie pour la Pologne et pour le genre humain, Arte a eu la bonne idée de diffuser, le 14 avril, le sombre et magnifique film d'Andrzej Wajda, dont le père, capitaine au 72e régiment d'infanterie, fut parmi les victimes. Wajda, ardent patriote polonais, a toute sa vie voulu reconstituer l'histoire et, surtout, rétablir la vérité sur Katyn. Car à l'atrocité des faits s'est ajoutée la honte de leur négation pendant plus de 50 ans par les Soviétiques. Et leur travestissement pour accuser le coupable idéal, le Troisième Reich, responsable, il est vrai, de tant d'horreurs dans cette région d'Europe, et dans d'autres.

Épuration de classe

Lorsque les Allemands envahissent la Pologne, le 1er septembre 1939, ils sont suivis, quinze jours plus tard, par l'Armée rouge. En vertu de leur pacte d'août 1939, Hitler et Staline avaient décidé de se partager les dépouilles du pays. Tout de suite, les Soviétiques font prisonniers 250 000 soldats et officiers polonais. Les agents du NKVD, à qui Staline a demandé de s'occuper spécialement de ce dossier, libèrent une partie des soldats et livrent les autres aux Allemands. Mais ils gardent les officiers, pas seulement ceux de carrière, mais tous les réservistes, étudiants, médecins, ingénieurs, chefs d'entreprise, qui représentent l'élite de la Pologne. Afin de supprimer une menace potentielle pour le nouveau régime qu'il veut imposer à Varsovie, Staline décide de procéder à une véritable épuration de classe. Le 5 mars 1940, il donne l'ordre d'exécution des officiers polonais "nationalistes et contre-révolutionnaires". Le massacre de Katyn est acté.

Tout le monde l'ignorera, jusqu'à ce que l'armée allemande, qui s'est retournée contre l'URSS et a dénoncé le pacte germano-soviétique, envahisse la Russie occidentale et tombe sur les charniers. Dès avril 1941, des identifications sont faites, et de rares objets personnels rendus aux familles. Commence alors une monstrueuse polémique qui prend d'abord la forme, pendant toute la guerre, d'une campagne de propagande organisée par les nazis, accusant les officiers juifs de l'Armée rouge du forfait.

Des revolvers de marque allemande

À cette accusation répondra, pendant 50 ans, un déni total de responsabilité de la part de Moscou. Les communistes non seulement nient toute implication, mais appliquent leur tactique habituelle de l'amalgame, un terrorisme intellectuel très efficace, surtout à la fin de la guerre : ceux qui mettent en doute la thèse soviétique sont des pro-nazis. Au point qu'en 1944, Roosevelt refusera les conclusions d'une commission d'enquête défavorable aux Russes. Les Anglais feront de même après un rapport de leur ambassadeur auprès des Polonais qui aboutissait à la même conclusion. Même la Croix-Rouge refusera de rendre publique l'enquête qui lui a été remise par ses services précisant les responsabilités soviétiques du massacre. En dépit des protestations des Polonais libres - les autres sont devenus un satellite de l'URSS -, Katyn va être catalogué pendant toute la guerre froide comme "une tentative sans importance (sic) des Allemands pour retarder leur défaite".

Il faudra attendre Gorbatchev et la glasnost, vraie déstalinisation, pour qu'à la suite des travaux d'une historienne soviétique, l'URSS reconnaisse, en 1990, la responsabilité de sa police secrète dans la tuerie organisée par le chef du NKVD, Lavrenti Beria. Deux ans plus tard, Boris Eltsine, nouveau président russe, remet à Lech Walesa, président de la République polonaise, plusieurs documents émanant du comité central, dont l'ordre d'exécution des officiers polonais.

Dans ces archives, une note montre à elle seule le cynisme et la duplicité des communistes soviétiques : elle indique que les exécutions doivent être accomplies avec des revolvers Walther, de marque allemande, et des munitions allemandes, elles aussi, saisies en Estonie que l'URSS vient d'annexer. Dès 1940, alors qu'il était encore son allié, Staline avait donc monté une opération destinée à faire croire à la responsabilité de son compère Hitler dans les atrocités de Katyn.

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Commentaires (116)

  • jerrylee

    On sait maintenant que la Pologne des années 30, qui signa un pacte de non agression avec Hitler en 1934, qui annexa des petits territoires tchèques, après l'annexion d'Hitler en 1939, qui refusa à l'urss le vol des avions russes pour lui venir en aide, on a vu le résultat... N'était pas la Pologne de maintenant ! Quand à katyn au vu des corps sur les photos allemandes pas besoin d'être légiste pour savoir que ces corps ne sont pas restés en terre 3 ans... 1an maxi. Quand aux balles geko allemandes de 7. 5mm retrouvées en quantité dans les corps, elles n'ont été tirées que par le fameux walter pkk, que les russes n'ont jamais eu en main, même au moment des échanges commerciaux de 1940... Enquête du tribunal de Nuremberg !

  • TRC

    A t-on raison de s'étonner l'histoire depuis 2 000 ans jusqu'à aujourd'hui, n'est elle pas constellée de rumeurs, de mensonges, de cabales d'autant plus infectes qu'elles sont, aux dépens de ceux qui les mettent en lumière,
    Marginalisées pour bien tenter de démontrer qu'il existe un progrès moral au sein de l'humanité ! Mais l'exemple cité par un internaute du Général Leclerc ne montre-t-il, pas au contraire, que la moralité est une vertu très seconde pour les militaires et même les politiques exercés à mentir, à masquer, à trafiquer la vérité au nom de l'intérêt public ! Une cause bien mal défendue par des gens qui, devraient de par leur formation d'exception, pouvoir faire un peu mieux ; Vous souvenez-vous du charnier de Timisoara à l'époque de la révolution en Roumanie ? Pour ceux qui ont suivi les évènements de l'époque. Ces histoires m'ont appris à être prudent quand des gens soit disant respectables affirment des "vérités" ! Le Christ disait avec vérité "un seul est le bon" qu'on y réfléchisse ! Et qu'on se repente de notre maladie commune !

  • guntherpriem

    Bonjour
    Hors sujet (quoique), A quand toute la vérité sur ces soldats Français de la LVF que le général Leclerc a fait fusiller alors qu'ils s'étaient rendus aux américains et que la guerre était finie ?
    Lachement, sans aucun procès quelconque, et laissés sans sépulture après qu'il ait donné l'ordre de les passer par les armes, l'un des moments historiques de ce preux général.
    Ces valeureux soldats avaient un idéal, c'était de faire front au bolchevisme ; ils se battaient contre les rouges en Russie.
    La France et l'Angleterre ont déclaré la guerre à l'Allemagne en septembre 39 parce que cette dernière avait envahi le Pologne (cf le traité de Versailles !)
    Qu'on fait les alliés en 45 quand les russes ont envahis et annexés tous les pays de l'est ? Pas un pays de l'ouest n'a réagi ; quelle honte ; et les communistes ont pu pendant des années perpétrés leurs déportations et leurs meurtres ; Ils ont même siégé à Nuremberg : juges et assassins.