Le pape François mis en cause dans une affaire de prêtre pédophile en Argentine

Après de premières révélations sur des évêques français, Mediapart publie de nouvelles informations concernant le pape François. 

Le pape François aurait tenté d'influencer la justice dans une affaire de pédophilie concernant un prêtre argentin. 
Le pape François aurait tenté d'influencer la justice dans une affaire de pédophilie concernant un prêtre argentin.  (AFP/VINCENZO PINTO)

    Une tentative de lobbying

    Selon Mediapart et Cash investigation, Jorge Mario Bergoglio (le nom du pape François), archevêque de Buenos Aires et président de la Conférence épiscopale argentine au moment des faits, aurait participé à une tentative de lobbying. Le but de cette opération visait à défendre le père Grassi, célèbre en Argentine, des accusations de pédophilie portées à son encontre.

    Dès 1991, des premiers griefs d'agressions sexuelles sur mineurs sont portés sur le religieux, mais c'est en 2002, avec la diffusion de l'émission Telenoche Investiga, que le père Grassi est directement mis en cause et que la justice lance une enquête. Cette émission révélait le témoignage de Gabriel, un garçon âgé de 15 ans au moment des abus. Il y racontait comment il était contraint d'avoir des relations sexuelles avec le prêtre. En 2009, le père Grassi a été condamné à 15 ans de prison pour l'agression de mineurs de la fondation « Les enfants heureux » qu'il avait créée.

    Une contre-enquête distribuée aux juges

    D'après les informations de Mediapart, la Conférence épiscopale d'Argentine a commandé en 2010, au moment où Jorge Mario Bergoglio en était donc le président, une contre-enquête visant à disculper le prêtre. Ce document de 2 600 pages cherchait à montrer que les victimes avaient menti et interroge leur orientation sexuelle. Cette « Etude sur le cas Grassi » a ainsi été envoyée aux juges à la veille de l'examen du dossier en appel et rééditée en 2010, 2011 et 2013. D'après un magistrat cité par Mediapart, ce texte est « partial dans certains cas » voire « clairement en faveur du père Grassi ».

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    Autre élément pointé par le site d'investigation : le pape François a rencontré le président de la Cour suprême de Buenos Aires, la veille du dernier réexamen du dossier Grassi, en septembre 2013.

    Lundi, de précédentes révélations dévoilaient un « Spotlight français ». Selon Mediapart, plusieurs dizaines de prêtres auteurs de violences sexuelles ont été couverts par 25 évêques, laissant derrière eux 339 victimes présumées.