Alors que la fréquentation des églises continue de reculer, la préservation et l’entretien des édifices religieux qui sont à la charge des communes préoccupent un nombre croissant de maires. En France, les 35 000 communes sont propriétaires de plus de 40 000 lieux affectés aux cultes, principalement des églises catholiques, et déjà 500 d’entre eux sont fermés, n’étant plus utilisés. Dans les dix ans, ce pourrait être le cas de 2 500 à 5 000 églises. Que faut-il faire de ces bâtiments qui appartiennent souvent à l’identité architecturale et à l’histoire d’une ville, d’un village ? Dans quel état sont-ils ? Comment financer l’entretien de ce patrimoine public à l’heure où les finances municipales, elles aussi, sont comptées ?
Une mission d’information de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat s’est penchée sur cette question qui ne peut que devenir plus pressante dans les années à venir. « Le constat a déjà été fait il y a vingt ans, mais on a mis la poussière sous le tapis », constate le parlementaire des Hauts-de-Seine Pierre Ouzoulias (groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste), rapporteur, avec Anne Ventalon (Les Républicains, Ardèche), de cette mission présidée par Laurent Lafon (Union centriste, Val-de-Marne).
Chemin faisant, ses membres ont constaté des lacunes dans l’information disponible. Il n’existe ainsi pas de décompte officiel des lieux de culte en France. Le dernier bilan, d’ailleurs lacunaire, du ministère de la culture remonte aux années 1980. Se fondant sur les indications d’une association, l’Observatoire du patrimoine religieux, les rapporteurs de la mission évaluent à 100 000 le nombre de lieux de culte en France. Mais leur état n’est pas précisément connu. Leur première recommandation consiste à demander un inventaire de ce patrimoine sur l’ensemble du territoire.
Développer « l’usage partagé »
Plus de 40 % de ces bâtiments, essentiellement catholiques, sont donc propriété des communes, l’Eglise catholique ne les ayant pas récupérés il y a cent quinze ans, faute d’avoir dans un premier temps accepté de se plier à la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat. La mission s’est surtout préoccupée des édifices non protégés au titre des monuments historiques – ils sont 15 000 à être protégés. « Le risque est moins que ces édifices passent aux mains de propriétaires privés », compte tenu de leur configuration et de leur implantation en zones rurales, « qu’ils ne soient plus utilisés et donc plus entretenus, au point de finir par rendre leur démolition inéluctable », écrivent les rapporteurs. Surtout lorsque ces bâtiments sont de qualité ou de valeur architecturale médiocre. « Ces menaces constituent un défi sociétal pour les territoires ruraux », où les édifices seraient en moins bon état qu’en milieu urbain.
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