SOCIETEPrivés de mosquée, des musulmans prient dans la rue à Clichy

Hauts-de-Seine: Privés de mosquée, des musulmans prient dans la rue à Clichy-la-Garenne

SOCIETEMercredi, une cinquantaine de musulmans a été expulsée par des CRS de leur précédente salle de prière. Vendredi à 13h, ils étaient environ 1.500 à prier devant l'hôtel de ville de Clichy...
Clichy, le 24 mars 2017. La prière du vendredi a lieu devant l'hôtel de ville.
Clichy, le 24 mars 2017. La prière du vendredi a lieu devant l'hôtel de ville. - C.ANGER
C.An

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La prière de rue risque de devenir une habitude pour la communauté musulmane de Clichy. Leur prière du « dohr » du vendredi s’est déroulée devant la mairie à 13h. Et ils sont prêts à recommencer le vendredi suivant. Mercredi, des fidèles ont été expulsés par des CRS de leur lieu de prière et d’activités diverses, situé au 15 rue d’Étienne-d’Orves. A cet emplacement, la mairie de Clichy compte installer une médiathèque.

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Dans la vidéo postée par la Grande mosquée de Clichy, si des CRS ont un peu forcé la main pour en déloger certains, la contestation reste pacifique et l’expulsion s’est déroulée dans le calme. Pourtant, un litige oppose bel et bien la mairie de Clichy et l’Union des associations musulmanes de Clichy-la-Garenne (UAMC), créée pour gérer la grande mosquée de Clichy.

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Un besoin de négociation

La police porte à 1.200 le nombre de personnes à s’être rassemblées devant l’hôtel de ville de Clichy. Et les organisateurs avancent 2.000 fidèles. Des centaines de musulmans se sont prosternés sur des tapis posés sur les pavés. Ils rêvent de bâtir une mosquée. « Nous sommes 20.000 musulmans à Clichy-la-Garenne. La mairie nous retire notre lieu de culte et nous laisse une autre salle, déjà utilisée, rue des Trois-Pavillons. Mais nous avons besoin d’espace. Nous avions 1.200 m2 dans la salle rue d’Estienne-d’Orves », explique le président de l’UAMC, Hamid Kazed.

Clichy, le 24 mars 2017. La salle occupée par la Grande Mosquée de Clichy est à présent cernée par les CRS.
Clichy, le 24 mars 2017. La salle occupée par la Grande Mosquée de Clichy est à présent cernée par les CRS. - C.ANGER

La salle dont l’UAMC devrait disposer atteint une surface totale de 1.800 m2. « Certes, ce lieu est assez grand, seulement, par tradition, la prière, chez nous doit se pratiquer au rez-de-chaussée [450 m2, indique-t-on à 20 Minutes] et les étages au-dessus sont dédiés au cours d’arabe et à d’autres services », soutient Hamid Kazer. Le président de cet organisme qui regroupe en tout 11 associations sur la commune de 60.000 habitants, décrit l’absence de communication avec la mairie. « Le maire refuse toute négociation », lance-t-il au micro.

Clichy, le 24 mars 2017. Hamid Kazed, président de l'Union des associations musulmanes de Clichy.
Clichy, le 24 mars 2017. Hamid Kazed, président de l'Union des associations musulmanes de Clichy. - C.An

Contactée la veille, la mairie se range derrière l’exécution du jugement d’expulsion de la salle de prière de la rue Estienne-d’Orves à Clichy. « Le 7 novembre 2016, le conseil d’Etat avait rejeté le pourvoi en cassation intenté par les deux associations et conforté la ville de son bon droit. Le préfet avait alors acté le concours de la force publique en vue d’une expulsion », rappelle-t-on du côté de la collectivité.

Clichy, le 24 mars 2017. La prière du vendredi devant la mairie s'est déroulée dans le calme.
Clichy, le 24 mars 2017. La prière du vendredi devant la mairie s'est déroulée dans le calme. - C.ANGER

« Cette méthode d’expulsion n’est pas acceptable ! », soutient Nestor*. Cet habitant et non-musulman se définit comme « solidaire dans l’esprit de la laïcité et de la liberté de conscience et donc de culte ». Il a observé la scène de prière tenue sur le boulevard Jean-Jaurès. Non loin de là, se pose Alain Fournier, ancien conseiller municipal. « Le litige pour trouver une salle de prière pour les musulmans remonte à 2006 », déclare-t-il alors que la foule se disperse calmement et d’elle-même. La route est alors rendue totalement aux automobilistes. Pendant 15 minutes, l’une des voies était occupée pour la prière « faute d’avoir un lieu de culte », avance un fidèle qui sera présent vendredi prochain s’il n’y a pas d’avancée d’ici là.

* Prénom d’emprunt

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