(Liturgie de la Parole : Is 22 19-23 ; Ps 137 ; Rm 11 33-36 ; Mt 16 13-20)

Beaucoup, aujourd’hui comme hier, ont une opinion au sujet de Jésus, mais ils n’ont pas la Foi, la vraie Foi, celle qu’a confessée saint Pierre. Or, « Sans la Foi il est impossible de plaire à Dieu. (He 11.6). Sans la connaissance de la Vérité (He 11.1 ; Jn 14.6), à laquelle Jésus est venu rendre témoignage (Jn 18.37), et que l’Église bâtie sur Pierre a la promesse de toujours garder, l’homme ne peut que s’égarer et se damner.

Comment trouver le bonheur pour lequel Dieu nous a créés si nous ne connaissons pas et ne vivons pas en communion avec Jésus-Christ, qui seul est mort et ressuscité, qui seul est Dieu fait homme, pour que l’homme devienne Dieu ? Combien se perdent dans des voies sans issue, remplies de malheurs, parce que soit ils n’ont jamais connu le Christ, soit ils L’ont abandonné, séduits par quelque mensonge présenté par le démon, déguisé en ange de lumière ! Saint Pie X le confessait : « Nous affirmons qu’une grande partie de ceux qui sont condamnés aux supplices éternels subissent ce châtiment sans fin à cause de leur ignorance des mystères qu’il est nécessaire de savoir et de croire pour être placés parmi les élus. (Lettre encyclique Acerbo nimis, 15 avril 1905) ». Autrement dit, il ne suffit pas de dire : « Je crois en Jésus. » ―même les musulmans et les Témoins de Jéhovah en sont capables !―, mais il faut croire avec la Foi de l’Église bâtie sur Pierre, à qui Jésus a promis que jamais les démons ne réussiraient à la lui faire perdre ! Quelle grâce et quelle joie donc que dans ce monde actuel et mauvais, rempli d’esprits mauvais, le Seigneur soit présent par Son Église, et ce jusqu’à la fin du monde (Mt 28.20) !

Certains hérétiques poussent leur malice jusqu’à dire que la distinction entre les mots Petros et petra, tous deux dans le texte grec et traduits par Pierre, signifierait que Jésus bâtirait Son Église non pas sur Pierre mais sur la foi de Pierre. On comprend pourquoi : sans autorité incarnée, point de repère objectif, chacun croit ce qu’il veut, et finalement Jésus, et l’Église dont Il est la tête, ne sont plus que des idées, des opinions ! Or, si Dieu S’est incarné, c’est pour jouer le jeu de l’Incarnation jusqu’au bout : après Son retour au Père, Jésus, qui est venu Se donner au monde, continuera à y être présent par Son Église, qui est Son Épouse (Jn 3.29 ; Ap 19.7 ; 21.9 ; 22.17), avec qui Il ne fait donc qu’un, comme Il ne faisait qu’un avec le Père (Jn 10.30). Jésus n’est pas venu rendre témoignage à la Vérité ― et au prix de Son sang, pour que ce témoignage se perde, soit manipulé, ou déformé, mais Il veut que tous les hommes y aient accès en toute assurance. C’est pourquoi Il fait cette fabuleuse promesse à Pierre : jamais l’Enfer ne vaincra Son Église, dont Il institue le chef, Pierre, qu’Il revêt de Son autorité, celle-là même de Dieu, « le Rocher d’Israël (Dt 32.4,15,18 ; 2 Sm 23.3 ; Ps 94.22 ; 95.1…) » : « Tout ce tu lieras sur la terre sera lié dans les Cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre, sera délié dans les Cieux. ». Et en Pierre, Il inclut évidemment tous les papes jusqu’à la fin du monde, aussi vrai qu’Il n’est pas venu sauver seulement les hommes du temps de Pierre, et c’est pourquoi Il parle au futur : « Je bâtirai», donc ajourd’hui…

Mais revenons à Petros et petra. A l’instar de Dieu ayant changé le nom d’Abram en celui d’Abraham (Gn 17.5), ou celui de Jacob en celui d’Israël (Gn 32.28), pour signifier la mission que recevaient ces Patriarches en récompense de leur foi, Jésus donne ici un nouveau nom à Simon, celui de Petros, qu’Il invente, comme Il avait inventé celui de Boanergès, Fils du tonnerre, pour Jacques et Jean (Mc 3.17). Il invente le prénom de Petros, parce qu’une pierre ― qui est quelque chose de solide et de stable en soi, se prêtait à signifier la mission qu’Il entendait donner à Simon. Or, en grec, une pierre, qui se dit petra, est un mot féminin… et Simon était un homme ! Eh bien oui, à cette époque, on ne confondait pas les genres, et surtout pas le Créateur ! L’Évangéliste ne pouvait pas faire dire à Jésus « sur ce petros Je bâtirai Mon Église » parce que cela aurait été lexicalement incorrect, il a été obligé de composer une phrase utilisant les deux mots pour désigner la même personne. Eh bien oui, l’Évangéliste respectait l’orthographe et la syntaxe ! Lui, le disciple du Verbe de Dieu savait la valeur du langage, sans la maîtrise duquel il est impossible de penser, donc de connaître la vérité, et donc de se sauver. Ce n’est pas sans raison que la Bête a réduit l’Éducation nationale en bouillie… Simon est donc transformé en pierre de fondation de l’Église comme le dit encore l’adjectif démonstratif « cette » de « cette pierre » qui renvoie nécessairement à quelque chose de connu. Or, nulle part dans le texte il n’est question de pierre, mais seulement de Petros… Il est donc clair que « cette pierre » désigne Petros, et non pas seulement sa foi.

La succession des papes est le fil rouge que Jésus nous donne pour nous relier directement à la fondation de l’Église (Mt 16.18-19), et nous garantir que nous appartenons bien à l’Église qu’Il a fondée il y a deux mille ans. Ainsi Jésus peut-Il réaliser l’unité des chrétiens : les catholiques ne font tous qu’un non seulement à un moment donné du temps, de façon synchronique, en étant tous en communion de Foi avec le Pape, mais encore de façon diachronique, à travers l’histoire, en étant tous, par la succession des papes à laquelle ils se rattachent, reliés à la même origine ! Ainsi se dessine dans le temps et l’espace le grand signe du salut, le signe de la Croix qui embrasse toute l’humanité. Il faut le dire et le redire à tous les chrétiens non-catholiques : le plus grand scandale qui soit est celui de la division des chrétiens, puisque de leur unité dépend non seulement leur salut individuel, mais celui du monde : « Que tous soient un. Comme Toi, Père, Tu es en moi et Moi en Toi, qu’eux aussi soient un en Nous, afin que le monde croie que Tu M’as envoyé. (Jn 17.21) » ! Il faut le dire et le redire à tous les chrétiens non-catholiques : refuser de devenir catholique, c’est rendre vaine l’Incarnation ―et donc se damner ―, car Jésus est le même en Son corps né de la Vierge Marie, en celui qu’est l’Église (Ac 9.5 ; Col 1.24 ; 2.17), comme en celui de l’Eucharistie ! Refuser l’un, c’est refuser Jésus Lui-même. L’appartenance à l’Église catholique n’est pas facultative pour le salut, aussi vrai que l’Église est le Corps du Christ, et qu’un corps est limité…

S’il était vrai que l’Église puisse se passer du pape, pourquoi Jésus aurait-Il donné à Pierre de telles prérogatives, qu’Il n’a donné à personne d’autre ? Pourquoi Pierre est-il nommé plus de 100 fois dans le Nouveau Testament, suivi par Jean, 29 fois seulement ? Pourquoi devant le Tombeau du Christ Jean attend-il que Pierre entre en premier (Jn 20.4-6) ? Pourquoi dans les listes d’Apôtres, Pierre est-il toujours placé en tête, et même désigné comme « le premier » ou « le chef » (Mt 10.2-4 ; Mc 3.14-19 ; Lc 6.14-16) ? Pourquoi depuis 2000 ans les catholiques ont-ils un pape ?

Ceci dit, l’Église étant faite avec des hommes à qui Dieu ne retire pas la liberté pour leur avoir fait le don sans pareil de la vie du Christ, Paul VI, déjà, se plaignait que la fumée de Satan était entrée dans l’Église (29.06.1972)… Que dirait-il aujourd’hui ? ! Il voyait dans l’Église deux esprits, dont l’un n’était pas catholique, et il craignait qu’il devînt le plus fort (Jean Guitton, Paul VI secret, DDB, 1979, p.168)… Qui ne voit que cet esprit, qui n’est pas catholique, qui est dans l’Église, et qui est si fort, y règne aujourd’hui quasiment partout ? Quelques catholiques sont scandalisés de ce que le pape François refuse, par exemple, de répondre à des cardinaux l’interrogeant sur les problèmes très graves de foi et de morale générés par son enseignement, alors que son office est justement de confirmer ses frères dans la foi, d’apporter la lumière en ce monde, et non ambiguïté ; ou encore lorsqu’il invite à accueillir toujours plus de migrants sans égard pour le fait qu’ils soient musulmans… demandant même à ce qu’ils puissent pratiquer l’islam ! Beaucoup disent ne plus se reconnaître dans l’Église dont François est le chef terrestre et certains déclarent même vacant le siège de Pierre… A ceux-là il faut rappeler que la primauté n’est pas l’infaillibilité ni l’impeccabilité. Le Pape est le chef, et personne n’a autorité sur lui. Et s’il est infaillible lorsqu’il engage son autorité pour enseigner à l’Église une doctrine en matière de foi ou de morale, il ne l’est pas sur des sujets d’un autre ordre, en sorte qu’il est possible de ne pas être d’accord avec lui sur ces sujets-là, de le lui dire, et de le faire savoir en vue du bien de l’Église, pour autant que ce soit respectueusement et en conformité avec la Tradition et le Magistère constant de l’Église. Saint Paul n’a pas hésité à reprendre, devant tout le monde, le premier pape parce qu’il ne marchait « pas droit selon l’Évangile (Ga 2.11-14) ». Il ne faut pas idolâtrer le Pape, sans quoi on risque d’être déçu… ou de devoir un jour mentir. Il en va des papes comme du reste des hommes : il y en a de bons et de mauvais… La Congrégation pour la Doctrine de la Foi le reconnaît : « Dans l’histoire de la papauté, les erreurs humaines et les manquements, même graves, n’ont pas manqué. » Et elle donne aussitôt une explication qui permet aujourd’hui de ne pas désespérer, et même de trouver la paix et la joie : « Pierre, homme faible, fut choisi comme Roc, précisément pour qu’il fût évident que la victoire n’appartient qu’au Christ et n’est pas la conséquence des forces humaines. Le Seigneur a voulu porter Son propre trésor dans des vases fragiles (2 Co 4.7), tout au long des temps : ainsi la fragilité humaine est-elle devenue un signe de la vérité des promesses divines. (La primauté du successeur de Pierre dans le mystère de l’Église, n°15) »… N’est-ce pas que c’est beau ?! Ainsi, nous ne devons pas craindre devant les faiblesses humaines de notre Eglise, mais croire à la Parole de Jésus qui a garantit la communion avec Lui pour la vie éternelle. Ainsi, nul ne peut être justifié de quitter l’Église, qui a besoin de chacun de nous, en laquelle on entre non pas à cause de Pierre, Paul, Jacques ou Jean, mais de Jésus-Christ, qui, Lui, ne saurait jamais nous décevoir. Quitter l’Église ou refuser d’y entrer au motif du péché de certains, qu’est-ce faire sinon le jeu du démon, qui ne veut qu’une chose : qu’il n’y ait plus d’Église, plus de moyen de communiquer le salut aux hommes ! Que chacun soit donc dans l’Église à sa place pour y faire son devoir, ce qui implique, évidemment, de le connaître, et pour cela de se former, là, bien sûr, où ne règne pas l’esprit non catholique dont parlait Paul VI. Et si chacun fait ainsi, tout ira bien. Il ne nous reste plus qu’à espérer et à prier pour notre Pape, confiant dans l’action de l’Esprit-Saint et la Parole du Christ qui a promis que les Portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre l’Église qu’Il bâtit sur Pierre…