Sédévacantisme

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Sedevacantisme)

Le sédévacantisme (de l'expression latine sede vacante signifiant « le siège [étant] vacant », utilisée entre la mort ou la renonciation d'un pape et l'élection de son successeur[1]) est une position religieuse défendue par une minorité de catholiques du courant traditionaliste se regroupant dans de multiples chapelles. Elle affirme que, depuis 1958 (mort de Pie XII) ou 1963 (mort de Jean XXIII), le siège du pape est vacant. La position sédévacantiste comprend différentes déclinaisons : le sédévacantisme, qui considère les papes contemporains comme des usurpateurs, le sédéprivationnisme et le catholicisme semper idem[2].

Genèse du sédévacantisme[modifier | modifier le code]

En , le mexicain Joaquín Sáenz y Arriaga publie La Nouvelle Église montinienne (adjectif forgé d'après le patronyme de Giovanni Battista Montini, le pape Paul VI), dans lequel il conclut que Paul VI a fondé une nouvelle religion. En , il est excommunié par les évêques de son pays pour cette parution. En 1973, il publie Sede Vacante dans lequel il dénonce les « hérésies » de Paul VI. Il lie sa thèse de la perte de l'autorité papale au droit canon par la bulle de Paul IV Cum ex apostolatus[réf. nécessaire].

Le sédéprivationnisme s'appuie sur la thèse élaborée par Guérard des Lauriers en 1979 dans Les Cahiers de Cassiciacum. Cette position affirme que les successeurs de Jean XXIII sont papes matériellement, mais non formellement (materialiter sed non formaliter). Le siège de Pierre est formellement vacant depuis la proclamation en décembre 1965 de la déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis Humanae. Paul VI et ses successeurs, en raison des hérésies de Vatican II, bien que canoniquement élus papes, n'en ont pas les pouvoirs[3].

Doctrine[modifier | modifier le code]

L'argumentation sédévacantiste repose sur le syllogisme suivant :

  • en vertu de l'assistance du Saint Esprit, un pape ne peut, dans l'exercice de sa charge, enseigner ou promulguer des erreurs contre la foi (dogme de l'infaillibilité pontificale) ;
  • les papes, depuis Jean XXIII ou Paul VI, enseigneraient de multiples hérésies ;
  • conclusion : ceux-ci ne seraient donc pas des papes légitimes[réf. nécessaire].

Les sédévacantistes ne reconnaissent ainsi ni la légitimité, ni l'autorité des papes régnant actuellement à Rome.

Évêques[modifier | modifier le code]

Plusieurs personnes adhérant aux thèses sédévacantistes se sont vu conférer l'ordination épiscopale par l'archevêque de Hué, Pierre Martin Ngo Dinh Thuc, sans mandat pontifical, notamment Clemente Domínguez en 1976, et Guérard des Lauriers en 1981.

Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a rappelé en 1983 que les évêques ainsi ordonnés encouraient « l'excommunication ipso facto très spécialement réservée au Siège apostolique » ; de même, « les prêtres ainsi ordonnés illégitimement sont suspendus ipso facto de l’Ordre qu’ils ont reçu ». La question de leur validité, en revanche, n'est pas tranchée ; c'est pourquoi, « pour tous les effets juridiques, l'Église considère que chacun d’eux est resté dans l'état qui était le sien auparavant »[4].

Groupes et personnalités[modifier | modifier le code]

La plupart des évêques sacrés par Ngo Dinh Thuc ont donné naissance à des communautés qui forment les groupes les plus visibles de ce courant :

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Apostolica sedes vacans », sur vatican.va (consulté le )
  2. Cyrille Dounot, « Les problèmes de méthode du sédévacantisme. Autour d'un ouvrage récent », Revue thomiste, no 3,‎ , p. 489-506 (HAL hal-02326007)
  3. Jean-Pierre Chantin (dir.) et Paul Airiau, Les marges du Christianisme. : « Sectes », dissidences, ésotérisme, Paris, Beauchesne, coll. « Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine », , 277 p. (ISBN 9782701014180), « Guérard des Lauriers Raymond Michel Charles », p. 120-122
  4. Joseph Ratzinger, « Notification par laquelle sont de nouveau déclarées les peines canoniques encourues par Mgr. Pierre-Martin Ngô-dińh-Thuc et ses complices pour les ordinations illicites de prêtres et d'évêques », sur vatican.va, Congrégation pour la Doctrine de la Foi, (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie complémentaire[modifier | modifier le code]

  • Maxence Hecquard, La crise de l'autorité dans l'Église : Les papes de Vatican II sont-ils légitimes?, Paris, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, , 318 p. (ISBN 9782363712820).
  • Maxence Hecquard, Controverses : La crise de l'autorité dans l'Église, Paris, XB Éditeur, , 180 p. (ISBN 9782492083051).
  • Frédéric Luz, Le Soufre et l'Encens : enquête sur les Églises parallèles et les évêques dissidents, Paris, Claire Vigne, coll. « La Place royale », , 335 p. (ISBN 2-84193-021-1)
  • Boris Barnabé (dir.), Nicolas Warembourg et Cyrille Dounot, La déposition du pape hérétique. Lieux théologiques, modèles canoniques, enjeux constitutionnels, Actes du colloque de Sceaux des 30-31 mars 2017, Éditions Mare & Martin Presses universitaires de Sceaux, , 222 p. (ISBN 978-2849344262, HAL hal-02310277), « Paul VI hérétique ? La déposition du pape dans le discours traditionaliste », p. 131-165
  • Cyrille Dounot, « Les problèmes de méthode du sédévacantisme. Autour d'un ouvrage récent », Revue thomiste, no 3,‎ , p. 489-506 (HAL hal-02326007)