Un commando séquestre une famille pour 800
Un groupe de cambrioleurs armés a pris violemment en otage et malmené un couple de Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne) et leur fils de 17 ans. C'est le sang-froid du père de famille qui a provoqué leur fuite avec un butin décevant.
LE
PANNEAU « maison sous surveillance » et le labrador à l'entrée n'auront pas dissuadé les agresseurs.
Alain et Michèle passent leur dimanche soir, comme souvent, dans leur canapé devant la télévision.
Il est 22 h 20, lorsque le père de famille, gérant d'une société immobilière, est surpris par
un bruit de bris de verre. Quatre hommes armés viennent de fracasser la porte-fenêtre du salon.
Ils ont escaladé le portail et traversé le jardin du beau pavillon, situé à Chennevières-sur-Marne
(Val-de-Marne), à quelques pas des guinguettes. « Je me suis retrouvé nez à nez avec l'un des
cambrioleurs. C'était un vrai commando : combinaisons sombres, rangers, cagoules. L'un détenait
un revolver, le deuxième un pic à glace, et les deux autres nous menaçaient avec une batte de
base-ball et une bombe lacrymogène. Lorsque je me suis levé pour tenter de m'interposer, l'un
d'entre eux m'a jeté sur la table. J'ai encore des hématomes », raconte, encore bouleversé,
Alain.
Devant la violence des cambrioleurs, son épouse, paniquée, se met à crier. L'un des
malfaiteurs, « le moins violent », veut la rassurer : « On ne veut pas vous faire de mal, on
veut simplement prendre de l'argent. » Mais l'homme armé d'une batte de base-ball est moins
détendu. Il veut être certain que personne ne pourra alerter la police. « Je vais voir à l'étage
s'il reste quelqu'un », lance-t-il. Soudain, Michèle pense à Edouard, son fils de 17 ans, resté
dans sa chambre à relire ses cours. Le cambrioleur monte les marches rapidement. L'adolescent,
qui croyait à une dispute de ses parents, aperçoit l'ombre d'un homme assez grand, armé d'une
batte. « Je comprenais ce qui était en train de se passer. J'ai alors fait semblant de dormir
pour le faire fuir. » La stratégie est payante. Le malfaiteur entrouvre la porte et constate
que le lycéen dort. Rassuré, le cambrioleur redescend dans le salon. A l'étage, Edouard profite
du répit pour aller chercher le téléphone sans fil.
« Si tu ne me donnes pas
300 000
, je casse une bouteille sur la tête de ton fils »
« J'ai
appelé la police. J'ai eu le temps de raconter ce qui se passait et d'indiquer l'adresse de
notre maison. A ce moment-là, j'ai entendu des pas. L'homme revenait, j'ai jeté le téléphone
et continué à simuler un sommeil profond. » Le malfaiteur, se doutant de la manoeuvre, secoue
Edouard. Il lui ordonne de se retourner et de placer ses mains dans le dos. Il en profite pour
lui mettre un serre-flex, sorte de menottes en plastique. « Plus je bougeais les mains, plus
le serre-flex se resserrait ».
Les parents ont la désagréable surprise de voir leur fils gagner
le salon, les mains dans le dos. De moins en moins patient, l'un des home jackers devient menaçant
: « Si tu ne me donnes pas 300 000
, je casse une bouteille sur la tête de ton fils.
» Alain sort de son portefeuille un billet de 500
, qu'il remet à l'un des membres
du groupe armé. Michèle retrouve quelques billets et un peu de pièces. Le butin n'excède pas
les 800
. Mécontents, les cambrioleurs somment Alain de les conduire au coffre-fort.
« Je les ai amenés dans notre chambre. Nous avons un coffre que nous n'utilisons plus, car il
est cassé. Je leur ai fait croire que nous avions déjà été cambriolés. »
Dans le même temps,
Michèle refuse de se faire ligoter. L'homme à la batte de base-ball le prend mal. Il la frappe
à une épaule, avec son arme. Dans la confusion, Alain promet à l'un des cambrioleurs de leur
ouvrir un autre coffre-fort qui ne serait pas vide. Le malfaiteur tombe dans le piège et suit
Alain qui en profite pour déclencher l'alarme reliée à un centre de sécurité. Apeurée, la bande
prend la fuite dans une voiture où un cinquième homme les attend. Dans la panique, ils ont oublié
leurs menottes en plastique et laissé des traces de sang de l'un d'eux, blessé après avoir brisé
la vitre. Des indices que la police judiciaire est venue relever hier.