Patrice de Plunkett : le blog

La parole serait-elle plus libre en Italie qu'en France ? http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/195566?fr=y

Une leçon à méditer :

Journaliste italo-égyptien, Magdi Allam était passé de l'islam au catholicisme en 2008 et avait obtenu de recevoir le baptême des mains de Benoît XVI. Visiblement le pape n'avait pas été informé du mobile réel de M. Allam, ni de son degré de connaissance du christianisme. Pendant quatre ans le "converti" a donné aux catholiques des leçons d'islamophobie croissante, qui ont fait de lui l'ami d'un certain nombre d'autres fiévreux dans diverses confessions. Aujourd'hui il proclame dans la presse italienne (Il Giornale) qu'il... quitte l'Eglise catholique, pour quatre motifs : a) Benoît XVI étant parti, M. Allam ne voit pas de raison de rester ; b) M. Allam récuse le pape François, celui-ci ayant eu le culot de déclarer que les musulmans adoraient "le Dieu unique" [1] ; c) selon M. Allam, l'Eglise catholique "impose des comportements en conflit avec la nature humaine" : célibat sacerdotal, abstinence de rapports sexuels hors mariage, indissolubilité du mariage ; d) M. Allam – dont on ne sait d'où il tire cette certitude – juge "relativiste" le Magistère de l'Eglise catholique.

Avec un tel chaos dans la tête, on se doute que le personnage est en contact avec un Christian Conservative Global Fund ; n'en parlons pas avant que ce soit officiel. Contentons-nous d'observer qu'en Italie comme en France, certains considèrent le christianisme comme une couverture pour mener d'autres combats, qui ne doivent rien à l'Evangile mais tout à leurs idées fixes.

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[1] Benoît XVI l'avait dit aussi, mais Magdi Allam ne s'attarde pas aux détails.

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Des commentateurs français tentent de mettre de l’huile sur le feu à propos de Magdi Cristiano Allam, le journaliste italien baptisé par Benoît XVI dans la nuit du Samedi Saint. Des médias prêtent à tel ou tel eccclésiastique des phrases rechignées, du genre : « Nous n’avions pas été tenus au courant », ou bien : « C’est contradictoire avec le projet de dialogue islamo-chrétien », ou encore : « Une nouvelle gaffe de Ratisbonne ».  

Ce sont des balourdises journalistiques. En effet :

a)  le pape n’a pas à consulter les bureaux avant de prendre une décision de cette sorte ;

b) tout dialogue suppose la vérité des convictions et la franchise des positions. Un dialogue  islamo-chrétien ne peut se tenir qu'entre adultes consentants capables d’affronter les problèmes, dont font partie les écrits antimusulmans d’Allam (ou les écrits antichrétiens de tel ou tel journaliste musulman) ;

c) la conférence de Ratisbonne n’a pas été une gaffe mais un acte libérateur, qui a débloqué la situation*. Depuis Ratisbonne, les délégations musulmanes se succèdent au Vatican ; on y a même vu en novembre 2007 le roi Abdallah d’Arabie saoudite, et c’est dans le sillage de cette visite qu’Abdallah veut réunir un colloque mondial islam-judaïsme-christianisme ! Ceux qui continuent à dire que Ratisbonne fut une erreur sont des mal-comprenants, ou des gens qui veulent empêcher la clarification théologique  – pour des raisons qui tiennent à leur propre confusion mentale.  

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(*) Une situation bloquée depuis trente ans par les illusions mièvres, les idées fausses et la tyrannie intellectuelle du relativisme.

Luisa nous a communiqué (commentaire à la note d'hier) son message, publié en bonne place dans le blog de La Croix, en réponse à deux dames chrétiennes qui voulaient que l’on écrive aux évêques pour protester contre le baptême de Magdi Cristiano Allam par le pape.  

[http://blog.la-croix.com/rome/2008/03/romepekin.html].

Luisa a raison. Il est ahurissant de voir de bonnes âmes éprouver le besoin de « défendre » (?), contre Benoît XVI, un islam politique qui n'a pas besoin d'elles et qu’elles ne connaissent visiblement pas.

Si elles se tenaient au courant, elles sauraient ce qui se fait (au nom de l'islam) contre les amis du Christ, dans des pays proches du nôtre. Elles sauraient par exemple que le ministre des Cultes algérien vient d’appeler à lutter contre les chrétiens évangéliques. Et l’on sait ce que « lutter » veut dire en Algérie...

Approuvent-elles cela ?  Se bouchent-elles les yeux et les oreilles ?

La vérité est que les bonnes âmes ne se tiennent pas au courant... Elles ont envers le monde extérieur une très bourgeoise ignorance. Envers le pape aussi, d’ailleurs : elles ne l’aiment pas « à cause de tous ces dogmes », comme me le disait une dame très chic lors d’une conférence paroissiale à Versailles en 2005. Oui : cette paroissienne n’aimait pas « les dogmes ». Pourquoi ne les aimait-elle pas ? Parce que la radio et la télé ne les aiment pas, et que la radio et la télé comptent tout de même plus que la religion (même dans la tête d’une paroissienne).

Ce qui permet à ma consoeur du Monde, traitant la conversion d’Allam de « baptême controversé », de se faire dignement approuver par des lectrices  en charge de quelque chose dans leur paroisse.

Mais ayons confiance. Les deux dames ont dû entendre ce matin ce que dit saint Pierre : « Béni soit Dieu, le Père de Jésus Christ Notre Seigneur : dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître grâce à la résurrection de Jésus-Christ pour une vivante espérance, pour l’héritage qui ne connaître ni destruction, ni souillure, ni vieillissement… Vous en tressaillez de joie, même s’il faut que vous soyez attristés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves ; elles vérifieront la qualité de votre foi qui est bien plus précieuse que l’or… »*

Ces paroles de Pierre viennent d’un hymne de baptême de la première communauté chrétienne. Elles sont notre espérance. Et celle de Magdi Cristiano Allam. Et la vôtre, mesdames, si vous voulez bien écouter Luisa et réfléchir – en cessant une minute de parler comme la radio.

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(*)  1 Pierre 1,3-9.