Les 13 accusés, dont trois étaient mineurs au moment des faits, répondront devant la cour d'assises des mineurs de tentative d'homicide sur personne dépositaire de l'autorité publique . La tenue du procès est encore incertaine : plusieurs avocats contestent la décision des juges d'instruction et ont fait appel.
19 jeunes armés de cocktails Molotov
Le 8 octobre 2016 est resté gravé dans la mémoire de la famille police. Ce jour-là, deux voitures sérigraphiées stationnent à la lisière de la Grande Borne, une cité difficile à cheval sur Grigny et Viry-Châtillon (Essonne). Leur mission : protéger une caméra de surveillance placée sur le "carrefour du Fournil", plusieurs fois prise pour cible car elle gêne les vols avec violences régulièrement commis sur les automobilistes au feu rouge.
Dans leurs véhicules, les quatre policiers se font surprendre par 19 assaillants, encagoulés et gantés. Ces derniers brisent les vitres et jettent des cocktails Molotov dans l'habitacle. Bilan : deux agents gravement brûlés, deux autres plus légèrement. Depuis l'attaque, le policier le plus gravement touché a dû subir plusieurs greffes de peau au visage.
L'attaque avait révolté la police et provoqué une fronde inédite au sein de l'institution. De nombreux policiers avaient bravé leur devoir de réserve et défilé durant plusieurs semaines à Paris et ailleurs en France pour exprimer leur "malaise" face à la "haine anti-flics", et dénoncer le manque de moyens.
L'omerta du quartier
L'enquête s'est rapidement concentrée sur un groupe de jeunes connus à la Grande Borne : la plupart des accusés appartiennent à la bande de la "S", comme "Serpente", du nom de la rue où ils avaient l'habitude de se rassembler. Certains étaient inconnus de la justice, mais d'autres ont déjà un casier marqué par de lourdes violences.
Sans preuve irréfutable, les enquêteurs se sont heurtés à l'omerta du quartier. C'est un témoin anonyme qui a fait décoller les investigations. Il aurait reçu les "confidences" de participants à l'attaque et désigne trois cerveaux appartenant à la "S" : "Lookaz", "Kossdar" et "Roro".
Des accusations en partie corroborées par un autre témoin accablant : un membre de la "S", qui évoque une réunion préparatoire de l'attaque. Après ces révélations, le jeune homme s'est exilé au Mali, par peur des représailles.