Forbach | Société Migrants à l’ancien hôtel Ibis : les voisins à bout de nerfs à cause des nuisances

Depuis 2017, l’ancien hôtel Ibis avenue de Spicheren à Forbach est totalement réquisitionné pour loger des demandeurs d’asile. La cohabitation avec les riverains est houleuse. Des résidents de copropriétés ont rédigé une pétition. Un voisin immédiat, exaspéré, témoigne et le maire rend les services de l’Etat responsables de la situation.
Stéphane MAZZUCOTELLI - 20 juil. 2019 à 05:04 | mis à jour le 20 juil. 2019 à 08:25 - Temps de lecture :
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L'ancien hôtel Ibis, devenu hébergement pour migrants, crée des nuisances avenue de Spicheren. Des propriétaires du quartier poussent un cri d'alarme.  Photo RL /Stéphane MAZZUCOTELLI
L'ancien hôtel Ibis, devenu hébergement pour migrants, crée des nuisances avenue de Spicheren. Des propriétaires du quartier poussent un cri d'alarme.  Photo RL /Stéphane MAZZUCOTELLI

Cela va faire bientôt deux ans que l’ancien hôtel Ibis Budget, avenue de Spicheren à Forbach, est entièrement réquisitionné par l’Etat afin d’héberger des migrants. Dès le départ, la cohabitation a été difficile avec les riverains. Aujourd’hui, des habitants de ce quartier de cœur de ville se disent « à bout de nerfs ». Les résidents de plusieurs copropriétés ont rédigé une pétition. « Le document sera envoyé au maire de Forbach mais aussi au préfet et probablement au procureur de la République », témoigne-t-on au cabinet immobilier Kirsch, qui abrite la pétition « ouverte à tous les gens du quartier qui se sentent concernés ».

Nuisances sonores et problème d’insalubrité

Que disent ces propriétaires : « De jour comme de nuit, nous endurons des nuisances sonores. Cela s’accentue en période estivale. La chaleur pousse les familles à quitter leur chambre trop petite pour s’installer dans la rue. Nous avons acheté ou loué des appartements de standing pour lesquels nous payons des impôts considérables. Nous aspirons à une certaine qualité de vie que nous n’avons plus depuis deux ans ». La pétition évoque des problèmes sanitaires dans la rue et l’insalubrité même du bâtiment d’hébergement avec la présence de cafards qui ont d’ailleurs gagné les immeubles mitoyens. Enfin, les riverains parlent d’insécurité ayant poussé certains à déposer des mains courantes au commissariat. Les résidents réclament le déplacement du centre d’accueil pour migrants.

Cris, musique, bagarre, détritus…

Salvatore Cilio habite juste en face de l’entrée de l’ancien hôtel. « Notre vie est devenue un enfer. Je n’ai rien contre les migrants mais le centre-ville n’est pas adapté pour les accueillir. » Il y a d’abord le bruit : discussions, cris, musique jusqu’au milieu de la nuit, moteurs de voiture poussés à fond. « Je me lève à 5 h du matin pour aller bosser, ce n’est plus possible. J’ai changé toutes mes fenêtres contre ces tapages nocturnes mais je n’arrive pas à dormir », raconte le Forbachois. Il assure avoir subi des intrusions dans son jardin et dans sa cave. La porte de l’immeuble a été forcée. « L’avenue est sale avec détritus jetés à terre, des poubelles qui débordent, des bouteilles qui traînent partout », poursuit le quinquagénaire. Il dénonce de nombreuses marques d’irrespect et d’incivilités. Exaspéré, il a encore appelé la police dimanche alors qu’une bagarre avait éclaté entre demandeurs d’asile. « La plupart du temps, on nous dit que les patrouilles n’ont pas le temps de passer. Parfois, on refuse nos plaintes. Je l’ai dit à la commissaire. Elle m’a répondu qu’elle allait donner des consignes en notre faveur ».

Reste à savoir si l’appel des habitants de l’avenue de Spicheren sera entendu des autorités.

Laurent Kalinowski, maire de Forbach

Laurent Kalinowski, maire de Forbach : " Les services de l'Etat sont responsables de cette situation"

Le Républicain Lorrain : comprenez-vous le cri d’exaspération des riverains qui évoquent les nuisances subies en raison du centre d’hébergement pour migrants à l’ancien hôtel Ibis ?
Laurent Kalinowski  : « Oui. Ces gens ont investi en ville et, maintenant, ils ne peuvent même plus ouvrir leurs fenêtres en été. Je les comprends d’autant plus que la Ville subit également ces nuisances. Nous envisageons de déménager la crèche l’Îlot Trésors qui a été incommodée par des cafards. Elle est située en mitoyenneté avec l’ancien Ibis. Nous cherchons à rompre la contractualisation avec le propriétaire qui est aussi celui de l’hôtel. Nous risquons d’aller en justice car aucun accord amiable n’a été trouvé. »

Qui est responsables de cette situation ?
« Ce sont les services de l’Etat qui ont choisi de réquisitionner cet hôtel. J'étais contre dès le départ en 2017. L’endroit, résidentiel et en cœur de ville, n’est pas approprié. J’ai fait des propositions alternatives mais qui n’ont pas été retenues par la préfecture. Je le regrette. Nous avons encore eu une réunion à ce sujet il y a moins d’un mois. On nous promet de libérer l’ancien hôtel dès qu’une autre solution sera trouvée mais cela reste très hypothétique. Déjà, on nous avait promis de rendre sa vocation d’hôtel à cet immeuble pour fin 2018. Promesse non tenue. Je vais continuer d’interpeller les services de l’Etat avec les riverains. Je demande aussi aux services de police de recevoir les plaintes ».

Quelle serait la bonne solution selon vous ?
« Il faut trouver un autre lieu pour accueillir convenablement ces demandeurs d’asile et leur offrir un accompagnement social adapté, ce qui ne peut pas être le cas dans l’hébergement actuel. Il faut le faire pour les migrants eux-mêmes. Ils sont entassés, parfois en famille, dans 16 m². Ensuite, il y a un problème de sécurité pour les enfants, l’avenue de Spicheren étant très passante. Et enfin, il faut redonner une qualité de vie aux habitants de ce quartier de centre-ville. »

Propos recueillis par Stéphane MAZZUCOTELLI