Hennebont. Quartier de Kerihouais : « Un simple regard les dérange » [Vidéo]

Par Céline Le Strat

Règlement de compte à coups de batte de baseball, coups de feu, insultes et intimidations, la situation ne cesse d’empirer dans le quartier de Kerihouais, à Hennebont (56). Après la course-poursuite suivie d’une fusillade faisant un blessé grave ce samedi soir, des habitants disent leur ras-le-bol et leur inquiétude.

Les habitants du quartier de Kerihouais déplorent l’escalade de violence liée au trafic de drogue. Un homme de 26 ans a été blessé par balle ce samedi soir.
Les habitants du quartier de Kerihouais déplorent l’escalade de violence liée au trafic de drogue. Un homme de 26 ans a été blessé par balle ce samedi soir. (Le Télégramme/Céline Le Strat)

« Nous pouvons nous rencontrer mais pas dans le quartier et surtout anonymement ». Dans le quartier de Kerihouais, les habitants prennent leurs précautions après la fusillade qui a fait un blessé grave, samedi, vers 20 h 30, à côté de la salle de basket. Un homme de 26 ans, touché au poumon, qui a été depuis auditionné. Tous sont intimement convaincus que cette course-poursuite et ces coups de feu sont liés au trafic de stupéfiants du quartier. Marc et Véronique (*), étaient présents ce samedi soir et ont vu les voitures débuter leur embardée : « J’ai entendu un premier coup de feu avant la course-poursuite puis deux après », affirme Marc. « Ce sont des véhicules que j’avais déjà vus dans le quartier », explique Véronique.


Un magasin de la drogue


« Un nouveau pas dans l’escalade de la violence a été franchi », a déclaré le maire, André Hartereau, ce lundi. Mais les habitants ne se disent « pas étonnés ». « On a déjà eu des règlements de compte à coups de batte de baseball, des coups de feu en l’air », explique cette mère de famille. Elle voit les guetteurs tous les jours : « Ils installent des chaises, des canapés, ils sont prévenus de l’arrivée de la police. Il y a un panneau où est inscrit : horaires d’ouverture du magasin, 12 h 30-23 h 30 ». Le magasin en question est fictif mais vend de la drogue bien réelle, « on la voit, ils se l’échangent de main en main ! », affirme Marc.

« Avant, le trafic était discret mais maintenant, cela se fait à la vue de tous. Cela a empiré depuis près de cinq ans », témoigne cette habitante. De l’avis de bon nombre de riverains, les dealers ne sont pas du quartier, même pas d’Hennebont : « La moitié des bandes vient de l’extérieur, on ne les connaît pas. Il y a des mineurs ». Des jeunes de 16 ans, « qui n’ont pas peur des flics » et encore moins d’intimider les habitants, « un simple regard les dérange, ils surveillent avec qui on parle », explique la mère de famille. « Même chez nous, on n’est pas tranquille, si tu es à ta fenêtre, on te demande si tu surveilles, à qui tu téléphones. On s’attend à tout », explique Marc.


Des moyens policiers attendus


Certains habitants réfléchissent à imiter ceux qui ont déjà fui le quartier, pourtant Kerihouais est attractif : un complexe sportif, un magasin de proximité, un collège, un lycée, une école primaire… Mais bon nombre d’appartements restent vides : « Je sais que certains refusent les appartements HLM de Kerihouais », soutient Marc. Les riverains pointent du doigt la responsabilité de la municipalité : « Elle ne fait rien ! », et réclament des moyens supplémentaires pour la sécurité : « La police passe mais les guetteurs sont postés jusqu’au fleuriste (à l’entrée du quartier, NDLR) et préviennent ceux plus haut. En décembre, des interpellations avaient eu lieu dans le quartier, « cela ne change jamais rien », déplorent les habitants

Newsletter Aujourd'hui en Bretagne
Chaque soir, les faits marquants du jour en Bretagne
Tous les soirs en semaine à 18h

Le maire d’Hennebont demande lui aussi « plus de moyens » et dit « ne pas minimiser la situation. Quand Benjamin Griveaux, secrétaire d’État, vient à Kerihouais, ce n’est pas pour rien ». Le premier édile affirme recevoir toutes les semaines des retours négatifs sur le quartier mais mise « sur la requalification de Kerihouais, l’aménagement urbain, la prévention ». Il estime que « c’est à la police et à la justice de trouver les coupables, de redonner à ce quartier la tranquillité que chaque habitant est en droit d’attendre ».

(*) Prénoms d’emprunts
Revenir en arrière

Hennebont. Quartier de Kerihouais : « Un simple regard les dérange » [Vidéo]

sur Facebook sur Twitter sur LinkedIn
S'abonner

Actualité vidéo

Application Le Télégramme Info Bretagne

Application Le Télégramme

Vous aimez la Bretagne ? Vous allez adorer l'application du Télégramme. Profitez d'une expérience de lecture personnalisée et d'un accès rapide à l'actualité de votre commune.

Application Le Télégramme Journal
Application Le Télégramme Journal