« Dans un village de mon diocèse, se trouve une communauté qui s’appelle “trezentos”, ce qui signifie 300. Il y a quelques mois, j’ai découvert que cela désignait les 300 travailleurs ruraux assassinés par le propriétaire du domaine qui les employait comme esclaves, il y a quelques années. Le travail esclave a bien diminué, mais il persiste en certains endroits. Dans les années où les militaires ont prétendu développer l’Amazonie, entre 1964 et 1985, l’Amazonie a vraiment été le théâtre d’une terrible barbarie. Le régime militaire offrait alors des terres de forêts aux gens qui arrivaient, avec le slogan “ Une terre sans hommes pour des hommes sans terres”. Les lopins pouvaient atteindre les 10 hectares et, parfois, les mêmes terres étaient offertes en même temps aux multinationales qui s’installaient au Brésil et qui, elles, en recevaient par dizaines de milliers d’hectares. Certains se sont débarrassés des “latifundias” - grandes propriétés, ndlr. - dans les années 1980 pour éviter que cela n'entache leur image de marque.
On est dans une zone sans loi.
Il y a un an et demi, un conflit de terre a éclaté dans le diocèse, et 10 personnes sans-terres ont été assassinées par la police qui a menti sur les circonstances de ce drame. Ils ont expliqué avoir tiré en situation de légitime défense, mais j’ai vu les corps à l’hôpital et j’ai pu constater de mes propres yeux qu’ils avaient reçu une balle au sommet de la tête. Ce n’était pas un conflit face-à-face. Et la police fédérale a fini par montrer que la thèse de la police d’État était fausse… Certains ont réussi à fuir et à se cacher. Quand la police fédérale est venue les chercher dans leur refuge, il a fallu une escorte pour les pro
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