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Salettensis
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St Thomas d'Aquin 11/15 Commentaire du Décalogue et des deux preceptes de la Charité. Explication des deux préceptes de la charité et des dix commandements de la loi Tractatus de duobus praeceptis …Plus
St Thomas d'Aquin 11/15 Commentaire du Décalogue et des deux preceptes de la Charité.

Explication des deux préceptes de la charité et des dix commandements de la loi

Tractatus de duobus praeceptis charitatis et decem legis praeceptis

Par saint Thomas d'Aquin

L’Opuscule « Explication des deux préceptes de la charité et des dix commandements de la loi », publié dans ce volume, constitue la troisième et dernière partie des sermons prêchés par saint Thomas d’Aquin, à Naples, dans l’église de Saint-Dominique, durant le Carême de 1273, un an avant l’achèvement de sa carrière terrestre.
Parmi la foule nombreuse, toujours très attentive qui accourait pour l’entendre, se trouvait un élève de l’orateur, le Père dominicain Pierre de Andria, futur évêque d’Aquin; celui-ci recueillit soigneusement les paroles de son maître prononcées dans le dialecte napolitain et les traduisit ensuite en latin. D’après le jugement des auteurs qui étudièrent la vie et les œuvres du saint, le travail du disciple reflète parfaitement la pensée du maître.
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Au début de cet opuscule, saint Thomas nous avertit que trois connaissances, sont nécessaires à l’homme pour son salut : la connaissance des vérités qu’il doit croire, la connaissance des biens qu’il doit désirer et celle des œuvres qu’il a le devoir d’accomplir. La première nous est enseignée dans le Symbole des Apôtres. (Le 3° volume de la q : Collection Docteur commun » donne l’explication du symbole de saint Thomas). La seconde de ces connaissances nous est transmise dans le « Notre Père » (dont l’explication donnée par le même, saint Docteur se trouve dans le 2° volume de la même collection). La troisième connaissance, celle des œuvres que l’homme a le devoir d’accomplir, nous est transmise dans la loi; ce 4’volume de la « Collection Docteur commun » contient l’explication fournie sur ce sujet par le docteur angélique, comme suite des deux explications précédentes.
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Le texte latin, qui figure dans ce volume, est celui de l’édition de Parme; mais pour la ponctuation nous avons le plus souvent suivi celle adoptée par l’édition de Marietti.
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Saint Thomas, dans cet opuscule, cite sans cesse la Sainte Ecriture. Il semble que c’est un besoin de son âme de se retremper à tout moment à cette source bénie et de ne rien avancer qui ne trouve appui dans la parole même de Dieu.
Pour mieux comprendre la doctrine, très riche contenue dans ces pages, les lecteurs, qui ne possède pas la connaissance en quelque sorte exhaustive qu’avait de la Bible le saint docteur feront bien de s’y reporter de temps en temps, d’autant plus que les citations du texte sacré sont souvent écourtées.
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Est-il besoin de souligner ici l’intérêt suprême de ces sermons du plus grand docteur de l’Eglise? Ils nous expliquent avec une grande clarté et une parfaite précision ce que Dieu lui-même nous demande d’accomplir pour sa gloire comme aussi pour la nôtre et notre bonheur dans le temps et dans l’éternité.
Déjà dans l’Ancien Testament le Seigneur avait dit à son peuple : Celui qui est votre Dieu a trouvé toutes, les lois de la sagesse et il l’a donnée à Jacob, son serviteur, et à Israël, son bien-aimé. Après cela il a apparu sur la terre, et il a converse parmi les hommes. LA SAGESSE, C’EST LE LIVRE DES COMMANDEMENTS DE DIEU tous ceux qui s’y attachent arriveront à la vie, mais ceux qui l’abandonnent iront à la mort... Ô Jacob, embrasse-la; marche à la splendeur de sa lumière. (Baruch III, 37-38, IV, 1, 2).
Ces paroles, que Dieu, avant l’ère chrétienne, adressait à son peuple, il nous les adresse à nous aujourd’hui, à nous qui, par la miséricorde du Seigneur, sommes le vrai Israël de Dieu (cf. Rom 9 et Gal 4). Ce serait en effet une erreur de penser qu’elles ne gardent pas pour nous la plénitude de leur divine autorité.
Jésus, en mettant en pleine lumière la primauté des deux commandements de la charité, n’a pas en effet aboli les dix commandements de la loi (Matth. 5, 17-19) : N’allez pas croire que je sois venu abroger la loi et les prophètes ; je ne suis pas venu abroger, mais parfaire. Car en vérité, je vous le dis, avant que ne passent le ciel et la terre, pas un iota, pas un menu trait ne passera de la loi que tout ne soit accompli. Celui donc qui violera un seul de ces commandements, les plus petits et enseignera les autres à faire de même, sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux; celui au contraire qui les pratiquera sera déclaré grand dans le Royaume des Cieux.
Et nous lisons dans l’Evangile de saint Matthieu (19, 16-20) : Voici que quelqu’un s’approchant de Jésus lui dit : « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir en héritage la vie éternelle? » il lui répondit : « … Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements » -- « Lesquels ? » demanda-t-il. Jésus déclara : « Tu ne tueras pas; tu ne commettras pas d’adultère; tu ne voleras pas ; tu ne porteras pas de faux témoignage ; honore tes père et mère; et aussi : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Et cette doctrine est si essentielle, que nous trouvons ce même épisode rapporté dans les Evangiles de saint Marc (10, 17-19) et de saint Luc (18, 18-20).
Sans doute, dés l’Ancien Testament, Dieu avait promulgué solennellement le commandement d’aimer le Seigneur de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces (cf. Deut. 6, 5) et celui d’aimer son ami comme soi-même (cf. Levit 19, 18). Cependant le Fils de Dieu, en venant dans la chair, édicte à nouveau et avec une force accrue le commandement de l’amour de Dieu; et il déclare que c’est le premier et le plus grand commandement (cf. Matth. 22, 37-38). « Mais de peur que quelque ignorant, dit Bossuet, ne soupçonnât qu’en réunissant en Dieu tout son amour, 11 n’en restât plus pour le prochain, il ajoute au premier précepte un second qui lui est semblable (cf. Matth. 22, 39) ; et il porta l’amour du prochain à sa perfection, en montrant encore dans la loi, qu’il faut aimer son prochain comme soi-même ; où il met le mot de prochain, au lieu de celui d’ami, qui est dans la loi. Parce que le nom d’ami eût semblé restreindre l’amour à ceux avec qui on avait des liaisons et une confiance particulière : au lieu que le mot de prochain, plus général, l’étendait sur tous ceux qui nous touchaient par la nature qui nous est commune ». Voilà ce que fait Jésus, et en outre il nous apprend que de ces deux commandements, les plus grands qui soient {cf. Marc. 12, 31), dépendent toute la loi et les prophètes (cf. Matth. 20, 40).
Dans les pages qui suivent, saint Thomas, nous expliquera :
- Comment effectivement toute la loi repose sur la charité,
- Comment la charité repose elle-même sur deux préceptes, dont l’un se rapporte à l’amour de Dieu et l’autre à l’amour du prochain,
- Comment les trois premiers préceptes de Moïse, écrits sur la première table de pierre, se rapportent à l’amour de Dieu; et les sept, écrits sur la deuxième table, à l’amour du prochain, et qu’ainsi, suivant l’affirmation de Jésus, toute la loi, est fondée sur les deux préceptes de la chante, qui sont les deux sources principales de tous les commandements.
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« Il est d’expérience commune que nous enseignons plus par notre vie que par nos discours, et l’exemple, quel qu’il soit, impressionne d’autant plus profondément qu’il tombe de plus haut » (Dom Delatte). Le Seigneur le savait. C’est pourquoi il ne s’est pas contenté de nous enseigner par ses paroles la primauté des deux commandements de la charité; cette primauté, il l’a proclamée par toute sa vie, par sa douloureuse passion et sa mort d’amour sur la croix. Et la vie de sa bienheureuse Mère, celle de ses Apôtres, de ses martyrs et de ses saints, tout au long de l’histoire de l’Eglise, que sont-elles? Sinon l’apologie de la charité envers Dieu et envers le prochain?
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Dieu veuille que la lecture attentive de cet opuscule de saint Thomas d’Aquin aide ceux qui en prendront connaissance à mieux comprendre « la loi d’amour » promulguée par Ce1ui que l’Apôtre bien-aimé nous dit être « L’AMOUR », afin que, avec son secours, à son exemple, à l’exemple de sa Mère et de tous les saints, ils marchent toujours dans « la voie de l’amour » ; cette voie, qui, si elle est celle de l’abnégation parfaite, est aussi celle du bonheur parfait!