L’œcuménisme et Mgr Lefebvre

Le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur toutes choses parce que Notre-Seigneur Jésus-Christ est tout. Et parce qu’il en est ainsi, parce qu’Il est la tête du Corps mystique qu’est l’Église, il faut aller à Lui pour être sauvé. Il faut aller à l’Église romaine pour connaître et le Christ et le salut éternel. “Il n’y a pas d’autre nom sous le ciel par lequel nous puissions être sauvé” répète Mgr Lefebvre après l’Apôtre saint Pierre. Et ce nom de Jésus se trouve dans sa totalité dans l’Église, avec sa vérité, celle de Dieu, avec ses sacrements, ses sacrements de vie, de vie surnaturelle. Il faut nécessairement appartenir à l’Église catholique par le Baptême et la confession de la foi.
Dès lors, pour Mgr Lefebvre, l’œcuménisme, le vrai, ne peut être qu’un retour de toutes les confessions chrétiennes dans l’Église romaine. Voilà le grand principe. L’Église est une, en elle-même. Elle est toujours telle. Il le disait à Bruxelles, le 22 mars 1986 : “L’Église catholique est toujours une, parce qu’elle est une dans sa foi”. Elle n’a pas à le devenir. Elle l’est de par sa constitution divine. Ceux qui l’ont quittée au cours de l’histoire doivent la retrouver. Il disait toujours à Bruxelles : “Ceux qui se séparent de l’Église, eh bien, ils s’en séparent! Ils ne font plus partie de l’unité de l’Église. Si l’on veut qu’ils s’unissent à l’Église, il faut leur demander de se convertir, d’abandonner leurs erreurs pour adopter la foi catholique, et alors ils seront dans l’unité de l’Église. C’est un concept absolument faux que de dire : “L’Église est divisée! C’est un scandale que cette division de l’Église”. Il n’y a pas de division de l’Église. Je le répète : “Il n’y a pas de division dans l’Église”. Ils ne font pas partie de l’Église, ceux qui n’ont plus la foi de l’Église puisqu’il n’y a, dit saint Paul, qu’une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu”. C’est l’enseignement de l’Église, tout particulièrement rappelé par le Pape Pie XI dans son Encyclique “Mortalium animos”. Il écrit : “Ce Siège Apostolique n’a jamais autorisé ses fidèles à prendre part aux congrès des non-catholiques : il n’est pas permis, en effet, de procurer la réunion des chrétiens autrement qu’en poussant au retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ, puisqu’ils ont eu jadis le malheur de s’en séparer”. “Le retour à l’unique véritable Église, disons-Nous, bien visible à tous les regards”…Voilà le principe des principes en matière œcuménique. Car il faut le confesser clairement, l’Église n’a jamais perdu son unité. Saint Cyprien s’étonnait vivement, et à bon droit, qu’on pût croire “que cette unité provenant de la stabilité divine, consolidée par les sacrements célestes, pouvait être déchirée dans l’Église et brisée par le heurt des volontés discordantes” (ibid.). C’est pourquoi Pie XI pouvait écrire : “Le corps mystique du Christ, c’est-à-dire l’Église, étant un (I Cor., XII, 12), formé de parties liées et coordonnées (Ep. IV, 16) à l’instar d’un corps physique, il est absurde et ridicule de dire qu’il peut se composer de membres épars et disjoints; par suite, quiconque ne lui est pas uni n’est pas un de ses membres et n’est pas attaché à sa tête qui est le Christ” (Ep.V, 30 ; 1,22). La conséquence de ce principe est qu’il faut nécessairement, pour être dans cette Église, la reconnaître telle qu’elle est et confesser l’autorité du Pontife suprême : “Or, dans cette unique Église du Christ, personne ne se trouve, personne ne demeure si, par son obéissance, il ne reconnaît et n’accepte l’autorité et le pouvoir de Pierre et de ses légitimes successeurs. N’ont-ils pas obéi à l’Évêque de Rome, Pasteur suprême des âmes, les ancêtres de ceux qui, aujourd’hui, sont enfoncés dans les erreurs de Photius et des novateurs? Des fils ont, hélas, déserté la maison paternelle, laquelle ne s’est point pour cela effondrée et n’a pas péri, soutenue qu’elle était par l’assistance perpétuelle de Dieu. Qu’ils reviennent donc au Père commun, qui oubliera les insultes proférées jadis contre le Siège Apostolique et les recevra avec la plus grande affection. Si, comme ils le répètent, ils désirent se joindre à Nous et aux nôtres, pourquoi ne se hâteraient-ils pas d’aller vers l’Église, « mère et maîtresse de tous les fidèles du Christ » (Conc. Latran IV, c. 5). Qu’ils écoutent Lactance s’écriant : « Seule… l’Église catholique est celle qui garde le vrai culte. Elle est la source de vérité, la demeure de la foi, le temple de Dieu; qui n’y entre pas ou qui en sort, se prive de tout espoir de vie et de salut. Que personne ne se flatte d’une lutte obstinée. Car c’est une question de vie et de salut; si l’on n’y veille avec précaution et diligence, c’est la perte et la mort « (Divin. Instit., IV. 30, 11-12). Que les fils dissidents reviennent donc au Siège Apostolique, établi en cette ville que les princes des Apôtres, Pierre et Paul, ont consacrée de leur sang, au Siège « racine et mère de l’Église catholique « (S. Cypr., Ep. 48 ad Cornelium, 3). Qu’ils y reviennent, non certes avec l’idée et l’espoir que « l’Église du Dieu vivant, colonne et fondement de la vérité « (I Tm. II, 15) renoncera à l’intégrité de la foi et tolérera leurs erreurs, mais au contraire, pour se confier à son magistère et à son gouvernement. Plaise à Dieu que cet heureux événement, que tant de nos prédécesseurs n’ont pas connu, Nous ayons le bonheur de le voir, que nous puissions embrasser avec un cœur de père les fils dont nous déplorons la funeste séparation; plaise à Dieu notre Sauveur, « qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité « (I Tm. II,4), d’entendre Notre ardente supplication pour qu’il daigne appeler tous les égarés à l’unité de l’Église. En cette affaire certainement très importante, Nous faisons appel et Nous voulons que l’on recoure à l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de la divine grâce, victorieuse de toutes les hérésies et Secours des chrétiens, afin qu’elle Nous obtienne au plus tôt la venue de ce jour tant désiré où tous les hommes écouteront la voix de son divin Fils « en gardant l’unité de l’Esprit dans le lien de la paix » (Ep. IV, 3). Vous comprenez, Vénérables Frères, combien nous souhaitons cette union. Nous désirons que Nos fils le sachent aussi, non seulement ceux qui appartiennent à l’univers catholique, mais aussi tous ceux qui sont séparés de nous. Si, par une humble prière, ces derniers implorent les lumières célestes, il n’est pas douteux qu’ils ne reconnaissent la seule vraie Église de Jésus-Christ et qu’ils n’y entrent enfin, unis à Nous par une charité parfaite. Dans cette attente, comme gage des bienfaits divins et en témoignage de Notre bienveillance paternelle, Nous vous accordons de tout cœur, Vénérables Frères, ainsi qu’à votre clergé et à votre peuple, la bénédiction apostolique ». Voilà qui est clair. Voilà ce que confessait Mgr Lefebvre. Et voilà pourquoi il manifestait sa stupéfaction devant les propos que tenait Jean-Paul II en 1989 lors de sa visite dans les pays nordiques : “Ma visite aux pays nordiques est une confirmation de l’intérêt de l’Église catholique dans l’œuvre de l’œcuménisme qui est de promouvoir l’unité entre tous les chrétiens
Et Mgr Lefebvre répondait : Il ne s’agit pas d’une unité entre tous les chrétiens comme si tous les chrétiens avaient la même vérité : les protestants n’ont pas notre vérité, ils sont chrétiens, mais ils n’ont pas notre vérité. On ne peut pas unir ce qui est contraire, c’est impossible. Il ne parle pas de la conversion des protestants au catholicisme, mais de l’unité entre tous les chrétiens, i.e. de l’unité entre les protestants, les catholiques et tous ceux qui croient en Jésus-Christ, ce qui est impossible. Le pape poursuit : “Il y a 25 ans, le Concile Vatican II insistait vivement sur l’urgence de ce défi de l’Église, oui, c’est un véritable défi, et mes prédécesseurs ont poursuivi cette entreprise avec une persévérante attention par la grâce du Saint-Esprit qui est la source divine et le garant du mouvement œcuménique. Depuis le début, telle est ma sollicitude pour l’action pastorale”.
Pour le Pape, c’est clair, la priorité de son action pastorale, c’est l’union, l’union de tous les chrétiens. Mais comment la réaliser ? On ne peut pas unir les contraires, l’unité doit se faire dans l’Église catholique, pas à côté, pas avec tous ceux qui ne sont pas de l’Église. Donc, le Pape n’a pas changé, il a ces idées-là, ce sont encore les idées du Concile, il n’y a rien à faire” (Préd. à Albias le 10 octobre 1990). Et Mgr Lefebvre concluait souvent ce genre de réflexions en disant : “L’Église a toujours prêché Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il n’y a pas d’œcuménisme possible. L’œcuménisme est faux! Il est une fausse route! Il est absolument impossible” (Conférence du 22 mars 1986, p. 19).