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Le Combat Spirituel LORENZO SCUPOLI ( CHAPITRE VII - UN BON USAGE DES PUISSANCES ET PREMIÈREMENT QU’IL FAUT TENIR L’INTELLIGENCE EN GARDE CONTRE L’IGNORANCE ET LA CURIOSITÉ )

Si la défiance de nous-mêmes et la confiance en Dieu sont nos seules armes dans ce combat, non seulement nous ne remporterons pas la victoire, mais nous nous précipiterons dans une infinité de maux. C’est pourquoi nous devons à ces deux armes en ajouter une troisième que nous avons mentionnée plus haut : l’exercice de nos facultés. Cet exercice consiste principalement dans le bon usage de l’intelligence et de la volonté. L’ignorance cherche à obscurcir l’intelligence, à l’empêcher d’atteindre son objet propre : la vérité. C’est l’exercice qui doit lui rendre la clarté et la lucidité requises pour qu’elle soit à même de bien discerner ce qu’elle doit faire afin de purger l’âme de ses passions déréglées et de l’orner des vertus chrétiennes.

Cette lumière peut s’obtenir par deux moyens.

Le premier et le plus important est l’oraison : il faut demander à l’Esprit Saint de répandre la lumière dans nos cœurs. Il ne vous refusera pas, si nous cherchons sincèrement Dieu et l’accomplissement de sa volonté, et si nous sommes disposés à soumettre en toute occasion notre jugement à celui de nos supérieurs.

Le second est une continuelle application de l’esprit à examiner les choses soigneusement et de bonne foi, pour les juger conformément aux enseignements de l’Esprit Saint, et non d’après le témoignage des sens et les maximes du monde. Cet examen convenablement fait nous convaincra que ce que le monde corrompu aime, désire et recherche avec tant d’empressement n’est qu’illusion et mensonge ; que les honneurs et les plaisirs de la terre ne sont que vanité et affliction d’esprit ; que les injures et les opprobres sont des sujets de gloire, et la souffrance une source de joie ; que le pardon des offenses et l’amour des ennemis constituent la vraie grandeur d’âme et notre plus grand trait de ressemblance avec Dieu ; que le mépris des choses d’ici-bas est préférable à l’empire du monde ; que la soumission volontaire aux créatures, même les plus viles, pour l’amour de Dieu, est plus honorable que la domination exercée sur les plus grand monarques ; que l’humble connaissance de soi-même est plus digne d’estime que la sublimité de la science ; qu’il y a plus de gloire véritable à vaincre et à mortifier ses moindres passions qu’à prendre d’assaut des cités nombreuses, mettre en fuite des armées puissantes, opérer des miracles et ressusciter des morts.