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LE "NOTRE PERE" CHANTE EN ARAMEEN. MAGNIFIQUE 😌 🙂 La priùre du Notre Pùre constitue un enjeu important pour tous les croyants, quelle que soit leur langue. Dans le nouveau Missel francophone, on 
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LE "NOTRE PERE" CHANTE EN ARAMEEN.

MAGNIFIQUE 😌 🙂

La priĂšre du Notre PĂšre constitue un enjeu important pour tous les croyants, quelle que soit leur langue.
Dans le nouveau Missel francophone, on ne dit plus : « Et ne nous soumets pas à la tentation » mais : « Et ne nous laisse pas entrer en tentation. » Reste à adapter le chant aux paroles, ce qui demandera un peu de souplesse (6+6 pieds au lieu 6+5 pieds).

En 2003, les Orthodoxes francophones avaient dĂ©jĂ  renoncĂ© complĂštement Ă  cette « traduction ƓcumĂ©nique » au profit de la formule : « Ne nous laisse pas entrer dans l’épreuve. »
Pendant 50 ans, on a donc rĂ©citĂ© une formule dont l’origine, selon l’AbbĂ© Carmignac, Ă©tait plus que discutable autant par la maniĂšre dont elle fut imposĂ©e en 1966 que par l’incompĂ©tence des quelques membres de la minuscule commission liturgique ƓcumĂ©nique qui ont (habilement) manƓuvrĂ© en ce sens. Elle n’a pas manquĂ© de heurter quelques milliers millions de fidĂšles, car elle rendait Dieu responsable directement de la tentation, contrairement Ă  ce que rappelle saint Jacques dans son Ă©pĂźtre (1, 13) : « Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : Ma tentation vient de Dieu. Dieu en effet ne peut ĂȘtre tentĂ© de faire le mal et Lui-mĂȘme ne tente personne. »
Carmignac soulignait encore que dans la phrase de JĂ©sus en aramĂ©en, wĂšla ta’lan le-nĂšsyoun’a, le verbe est un causatif nĂ©gatif, et qu’on pourrait rendre ces mots par : « Fais que nous n’entrions pas dans la tentation. » La nouvelle traduction n’en est pas loin.

En grec, la traduction a voulu en ĂȘtre proche (avec la difficultĂ© de rendre un causatif) : Όᜎ Î”áŒ°ÏƒÎ”ÎœÎ­ÎłÎșáżƒÏ‚ áŒĄÎŒáŸ¶Ï‚ Δጰς πΔÎčρασΌόΜ.
Le latin Ă©galement a essayĂ© de suivre l’aramĂ©en : « Et ne nos inducas in tentationem« .
Et l’ancienne traduction française disait : « Et ne nous laissez pas succomber Ă  la tentation« .

Il n’est pas sans intĂ©rĂȘt ici de regarder un parallĂ©lisme avec le livre de l’Exode, que la mĂ©ditation orale du Notre PĂšre suggĂšre, en particulier dans la sĂ©quence des trois demandes : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, 
 et ne nous laisse pas entrer dans la tentation, mais dĂ©livre-nous du Mal. » La mĂ©ditation de Y. BeaupĂ©rin, que nous reproduisons ici, s’inspire de celle du P. Marcel Jousse : ce en quoi nous demandons de ne pas entrer, pourrait-il s’agir d’un lieu ?

« Une tentation peut-elle raisonnablement constituer un lieu ? Le psaume 94, 7-9 nous donne une indication prĂ©cieuse : « Si ce jour sa voix vous entendez, que vous n’endurcissiez pas votre cƓur comme Ă  MĂ©riba, comme au jour de Massa dans le dĂ©sert, lĂ  oĂč m’ont mis Ă  l’épreuve (epeirasan) vos pĂšres, ils m’ont Ă©prouvĂ© bien qu’ils aient vu mon action ». Nous retrouvons le mĂȘme mot peirasmon, du verbe peiraszo qui signifie « essayer, faire une tentative, Ă©prouver, tenter (dans le sens de chercher Ă  corrompre) ». Et si ce lieu que nous cherchons Ă©tait tout simplement Massa et Meriba dont nous parle le psaume, le mot hĂ©breu massa signifiant « Ă©preuve » ?

Telle est, en tout cas, la position de Marcel Jousse : « Nous allons prendre au chapitre 17 (de l’Exode) et c’est lĂ  que vous trouvez la rĂ©ponse Ă  une des grosses difficultĂ©s du Pater : « et ne nos inducas in tentationem ». Faut-il traduire : « Ne nous induis pas en tentation » ? Je traduis : « Ne nous fais pas venir Ă  MassĂą, c’est-Ă -dire, en aramĂ©en, Ă  LenisyĂŽnĂą, Ă  l’Epreuve. C’est un nom propre. De mĂȘme que vous avez dans notre Pater : « Notre Pain Ă  venir, donne-nous aujourd’hui » rĂ©pondant Ă  ce splendide chapitre (16), [de mĂȘme
], nous avons lĂ  la rĂ©sonance formulaire de ce chapitre 17 : « Ne nous fais pas venir Ă  MassĂą », c’est-Ă -dire Ă  l’Epreuve, Ă  l’endroit appelĂ© Epreuve. » (Marcel JOUSSE, Hautes Etudes, 1 mars 1944, 16Ăšme cours, « La buccalisation qui est manducation », pp. 288-289).

Marcel Jousse s’appuie, en particulier, sur le fait que les trois demandes de la deuxiĂšme partie du « Notre PĂšre » : « donne-nous notre pain », « ne nous fais pas venir Ă  Epreuve » et « dĂ©livre-nous du Malin », exprimĂ©es dans cet ordre, coĂŻncident trop curieusement avec trois Ă©pisodes du livre de l’Exode, rapportĂ©s les uns Ă  la suite des autres et dans le mĂȘme ordre, pour qu’on ne puisse y voir une rĂ©sonance formulaire. Nous trouvons, en effet, en Exode, aux chapitres 16 et 17 :
‱ le rĂ©cit de la manne et des cailles (Ex 16, 1-36) auquel correspond la demande du pain dans le « Notre PĂšre« ,
‱ puis le rĂ©cit de l’eau jaillie du rocher (Ex 17, 1-7) auquel correspond la demande de ne pas venir Ă  Epreuve,

‱ et enfin le rĂ©cit du combat avec Amaleq (Ex 17, 8-16), qui voulait empĂȘcher le Peuple Ă©lu d’entrer en Terre Promise, correspondant Ă  la demande d’ĂȘtre dĂ©livrĂ© du Malin www.eecho.fr/autour-de-la-pr
.

L’épisode de Ex 17, 1-7 se termine par cette conclusion : « (MoĂŻse) donna Ă  ce lieu le nom de Massa et Meriba, parce que les IsraĂ©lites cherchĂšrent querelle et parce qu’ils mirent YHWH Ă  l’épreuve en disant : YHWH est-il au milieu de nous, ou non ? » Cette mise Ă  l’épreuve de Dieu par les IsraĂ©lites consistait ici Ă  rĂ©clamer de l’eau Ă  boire : « Le peuple y souffrit de la soif, le peuple murmura contre MoĂŻse et dit : Pourquoi nous as-tu fait monter d’Egypte ? Est-ce pour me faire mourir de soif, moi, mes enfants et mes bĂȘtes ? » (Ex 17, 3). Mais cet Ă©pisode fait suite Ă  celui de la manne et des cailles (Ex 16, 1-36), oĂč le peuple rĂ©clamait dĂ©jĂ  du pain. Autrement dit, le peuple n’arrive pas Ă  croire que Dieu soit capable de s’occuper de ses besoins matĂ©riels, malgrĂ© tout ce que Dieu a dĂ©jĂ  fait pour lui. Il s’agit d’un manque de confiance en la Providence de Dieu.

Ce manque de confiance en Dieu est une chose tellement Ă  redouter que l’Eglise catholique fait rĂ©citer ce psaume [94], chaque jour, comme invitatoire Ă  l’Office [ou priĂšre] des laudes et donc comme premier psaume de chaque journĂ©e www.eecho.fr/autour-de-la-pr
.

C’est donc chaque jour que l’Eglise nous remet en mĂ©moire cet Ă©pisode, en nous invitant Ă  rĂ©agir autrement que les IsraĂ©lites, c’est-Ă -dire « en Ă©coutant la Parole de Dieu« , dont le message essentiel est celui-ci : Dieu est le maĂźtre de l’Histoire et de notre histoire et ce Dieu est un Dieu d’amour, « qui sait Ă  chaque instant ce dont nous avons besoin » (Mt 6, 32), amour de Dieu dont rien ne pourra nous sĂ©parer, ni « la dĂ©tresse, l’angoisse, la persĂ©cution, la faim, le dĂ©nuement, le danger, le glaive » (Rm 8, 35). Rabbi IĂ©shoua de Nazareth en faisant allusion Ă  cet Ă©pisode de Massa et Meriba dans la demande du Notre PĂšre, que Marcel Jousse traduit : « Ne nous fais pas venir en Epreuve« , nous fait donc demander : « Ne nous fais pas venir Ă  ce lieu oĂč nos pĂšres t’ont tentĂ© en doutant de ta puissance et donc en t’obligeant Ă  la manifester Ă  contretemps. »

Autrement dit, ce que nous demandons, c’est de ne pas tenter Dieu par notre manque de foi et de confiance. Et, pour cela, nous lui demandons d’abord de nous Ă©pargner, si possible, ces circonstances oĂč nous serions tentĂ©s de perdre confiance en sa Divine Providence, voire mĂȘme de douter de Son existence : la souffrance, la maladie, la mort, la perte d’un ĂȘtre cher, le manque de ressources, la guerre, l’exil., comme IĂ©shoua au Jardin des Oliviers : « Mon PĂšre, si c’est possible que passe loin de moi cette coupe « . Mais, dans la mesure oĂč toutes ces Ă©preuves ont pour but de nous purifier dans notre approche de Dieu, nous lui demandons surtout, dans un total abandon Ă  sa volontĂ©, de nous donner la force, dans ces Ă©preuves, de les supporter avec foi, amour et persĂ©vĂ©rance : « 
 cependant, non pas comme moi je veux, mais comme toi tu veux ! » (Mt 26, 39). »
Yves Beaupérin

www.eecho.fr/autour-de-la-pr

le mage vainqueur and one more user link to this post
ouvres ton coeur
gerard57
@le mage vainqueur Oh oui, je l'ai sur clé usb dans la voiture avec d'autres oeuvres araméennes
apvs
le mage vainqueur
gerard57
Merci , c'est quand beaucoup plus doux et harmonieux que les injonctions et litanies islamiques en arabe . C'est une grande perte pour le Moyen orient