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Catéchisme du Concile de Trente (suite 118)

Qui sont ceux que l’on doit encore honorer avec les parents, et comment ?

Ce n’est pas seulement envers ceux qui nous ont transmis la vie naturelle que nous sommes redevables des devoirs dont nous venons de parler, c’est aussi envers ceux qui portent le nom de pères, c’est-à-dire les évêques, les prêtres, les rois, les princes, les magistrats, les tuteurs, les curateurs, les maîtres, les précepteurs, les vieillards et autres semblables. tous méritent de ressentir les effets, de notre charité, de notre obéissance et de nos efforts, mais pas au même degré.

Voici ce qui est écrit des évêques et des prêtres: « Que les prêtres qui gouvernent bien soient doublement honorés, principalement ceux qui travaillent à prêcher et à instruire. » Et quelles marques d’affection profonde les galates ne donnèrent-ils pas à l’apôtre Saint Paul, pour qu’il pût rendre à leur bienveillance ce témoignage incroyable : « Oui, je l’atteste, vous étiez prêts alors, si la chose eût été possible, à vous arracher les yeux pour me les donner ? »

Il faut aussi fournir aux prêtres les choses qui leur sont nécessaires pour vivre. « Quel est le soldat, demande l’Apôtre, qui fait la guerre à ses dépens ? » et n’est-il pas écrit dans l’ecclésiastique ? « Honorez les prêtres purifiez-vous par les oblations présentées de vos mains, donnez-leur la part des prémices et des hosties d’expiation, comme il a été ordonné. » l’Apôtre enseigne qu’il faut aussi leur obéir. « Obéissez, dit-il, à vos conducteurs et soyez-leur soumis, car ils veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte. » bien plus, Notre-Seigneur Jésus-Christ commande d’obéir même aux mauvais prêtres, lorsqu’il dit, en parlant des Scribles et des pharisiens : « Ils sont assis sur la chaire de Moise ; en conséquence, faites tout ce qu’ils vous ordonnent, mais ne faites point ce qu’ils font ; car ils disent ce qu’il faut faire et ne le font point. » il en faut dire autant des rois, des princes, des magistrats et de tous ceux à qui nous devons être soumis. L’Apôtre Saint Paul, dans son Épître aux Romains, s’étend longuement sur l’honneur, les égards et le respect qui leur sont dus. Ailleurs, il nous avertit que nous devons prier pour eux. Saint Pierre nous dit à son tour: « Soyez soumis, pour l’Amour de Dieu, à toute créature revêtue du pouvoir, soit au roi comme au souverain, soit au gouverneur, comme étant envoyé par lui. » — car si nous leur rendons honneur, c’est à Dieu que cet honneur s’adresse. Les dignités humaines, si hautes qu’elles soient, n’obtiennent nos respects et nos hommages, qu’autant que nous voyons en elles l’image de la puissance même de Dieu. Et en agissant ainsi, nous vénérons en même temps la divine providence qui confie à quelques hommes la charge des fonctions publiques, et qui se sert d’eux comme d’autant de ministres qui tiennent d’elle leur pouvoir.

S’il se rencontre parfois des magistrats indignes, ce n’est ni leur perversité, ni leur malice que nous honorons, mais l’autorité divine qui est en eux. Et même, ce qui paraîtra peut-être incroyable, les inimitiés, les colères, les haines implacables qu’ils peuvent nourrir dans leur cœur contre nous, ne sont point des raisons suffisantes pour nous dispenser de nos devoirs envers eux. David ne rendit-il point les plus grand services à Saül, quoique celui-ci fût son plus cruel ennemi ? C’est ce qu’il nous rappelle lui-même par ces paroles:
« J’étais pacifique avec ceux qui haïssent la paix. »

Cependant, s’ils avaient le malheur d’ordonner quelque chose de mauvais ou d’injuste, comme alors ils n’agiraient plus de par cette autorité légitime qu’ils ont reçue de Dieu, mais en suivant leurs sentiments injustes et pervers, nous ne serions obligés en aucune façon de leur obéir.

Quand le pasteur aura exposé successivement les différents points que nous venons de traiter, il ne manquera pas de faire remarquer combien est belle et convenable la récompense réservée à ceux qui observent ce quatrième commandement de Dieu. Or le premier fruit de leur obéissance, c’est une longue vie. On mérite en effet de jouir très longtemps d’un bienfait dont on garde fidèlement la mémoire. Ceux donc qui honorent leurs parents et qui leur témoignent une vive reconnaissance pour le bienfait de la vie et de la lumière, ont droit à jouir de la vie jusqu’à la plus grande vieillesse. Mais cette promesse divine veut être expliquée plus au long. Il faut savoir qu’elle n’a pas seulement pour objet la vie éternelle et bienheureuse, mais encore cette vie que nous avons à passer sur la terre. Saint Paul exprime très bien cette vérité quand il dit: « la piété est utile à tout: elle a les promesses de la vie présente et celles de la vie future. »

Et qu’on veuille bien le croire, cette récompense n’est ni vile, ni méprisable, encore que de très Saints personnages comme Job, David, et Saint Paul aient désiré la mort, et qu’il soit peu agréable de voir sa vie se prolonger, quand on est accablé de chagrin et de misère. Car ces paroles qui accompagnent la promesse divine : que le seigneur voire Dieu vous donnera, n’assurent pas seulement la longueur de la vie mais encore le repos, la tranquillité, la santé nécessaires pour vivre heureusement. Aussi bien le Deutéronome ne dit pas seulement: « Afin que vous viviez longtemps, » il ajoute: « Afin que vous soyez heureux sur la terre. » Et l’Apôtre, plus tard, redit la même chose.

Dieu accorde ces biens à ceux dont il veut récompenser la piété, autrement il ne serait ni fidèle ni constant dans ses promesses ; puisqu’il arrive quelquefois que les enfants qui se distinguent le plus par leur piété filiale, ne jouissent pas pour cela d’une longue existence. Si Dieu le permet ainsi, c’est à coup sûr pour leur plus grand bien. Ils sortent de la vie, avant d’avoir abandonné le chemin de la vertu et du devoir . « Ils sont enlevés, disent nos Saints Livres, de peur que la malice ne corrompe leur esprit, et que l’illusion ne séduise leur âme. » Ou bien encore parce que, au moment où la ruine et le bouleversement de toutes choses menacent le monde, ils sont dégagés des liens du corps pour échapper aux calamités publiques. Le juste, dit le prophète, « a été soustrait à la malice des hommes, » de peur que son innocence et son Salut même ne fussent en danger, lorsque Dieu par ses châtiments punirait les crimes des hommes ; ou enfin, pour leur épargner dans les temps de grande désolation, les douleurs, les deuils et les amertumes que nous cause la mort de nos amis et de nos proches. C’est la raison pour laquelle nous devons être saisis de crainte lorsque Dieu rappelle à lui les gens de bien par une mort prématurée.