Comment mal interpréter la Sainte Ecriture – Un exemple

Si l'on interprète ses paroles véridiques au pied de la lettre, celles-ci peuvent suggérer implicitement que celui qui ne persévère pas jusqu’au bout est perdu éternellement.
Or, dans l’histoire de l’Église, beaucoup de chrétiens cédèrent à l’apostasie durant les persécutions des premiers siècles. Et il se trouve que l’Église trancha à chaque fois contre ceux qui ensuite refusaient de réintégrer dans la communion de l’Église les apostats repentis. Ces rigoristes qui se voyaient à tort comme des purs et qui qualifiaient de laxiste l’Église qui pardonnait et qui réintégrait ces apostats repentis, tombèrent dans le schisme. Les novatianistes, les mélicistes et les donatistes s’égarèrent entre autres de cette façon.
De plus, parmi les disciples du Christ, ce ne sont pas uniquement les baptisés persécutés offrant un témoignage de fidélité jusqu’au bout qui seront sauvés. En effet, il existe moult cas de conversion et de salut à l’extrémité qui n’entrent pas dans le cadre du martyre glorieux ni d'ailleurs dans le cadre d’une longue vie chrétienne vertueuse et persévérante jusqu’à la fin.
La fin de vie du bon larron - dont la vie ne fut pas globalement vertueuse et qui même, dans un premier temps et avant de finir par se repentir, insulta Notre-Seigneur (« Les brigands, crucifiés avec lui, l'insultaient de la même manière » : Matthieu 27.44) - fut déclarée sainte par Notre-Seigneur : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » (Luc 23.43)
Concluons par ces mots de la docteure de l’Église sainte Thérèse de Lisieux, dont l’un des fruits nombreux de sa prière fut la conversion in extremis du criminel Henri Pranzini :
« Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides, car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes oeuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux. Je veux donc me revêtir de votre propre Justice et recevoir de votre Amour la possession éternelle de Vous-même. Je ne veux point d'autre Trône et d'autre Couronne que Vous, ô mon Bien-Aimé ! A vos yeux le temps n'est rien, un seul jour est comme mille ans, vous pouvez donc en un instant me préparer à paraître devant vous... »
(Extrait de l’Acte d'offrande à l'Amour miséricordieux)