Voilà qu’on nous rejoue le même film qu’au printemps dernier. Tout cela parce que, en Italie comme en France, on n’a pas tenu compte des leçons qu’on aurait dû tirer, on n’a rien appris, encore moins anticipé, et malgré les belles promesses, les lits manquent toujours et l’on voit à nouveau se profiler le spectre du « tri » des patients selon l’âge. Sans compter que, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, une infection par le covid n’est pas ipso facto grave au point de conduire fatalement aux soins intensifs et à la mort. Les traitements existent, et marchent, mais la propagande d’Etat ne veut jurer que par le sacro-saint vaccin.

Un film déjà vu

Covid, fatalisme et reproduction des erreurs

Dr Paolo Gulisano
La NBQ
16 octobre 2020
Ma traduction

Le nombre de décès communiqué est conforme à celui de beaucoup de pathologies pulmonaires dont on ne parle plus, mais les messages catastrophistes sont la note dominante. Comme en mars-avril, les soins intensifs représentent un élément clé de cette stratégie de communication, avec la perspective d’une nouvelle « sélection » de cas, bien que pour l’instant il y ait même des services vides et que des traitements existent.

Depuis quelques jours, les messages catastrophistes concernant le Covid sont de plus en plus insistants. La stratégie de communication est différente de celle de mars et avril. Nous nous souvenons tous du slogan répété comme un mantra pendant le confinement: « Tout ira bien ». Aujourd’hui, par contre, le message est le suivant: tout va mal, très mal, même.

Le nombre des morts qui est communiqué – et dont l’âge et les pathologies concomitantes sont souvent passés sous silence – est conforme à celui de beaucoup d’autres pathologies pulmonaires dont on ne parle plus, mais peu importe. Pour l’instant, le mot d’ordre est de concentrer l’attention sur les soins intensifs qui, nous dit-on, seront saturées de patients d’ici deux mois. À ce moment commencera le lockdown général, probablement autour de l’Immaculée (8 décembre, férié en Italie, ndt), qui nous accompagnera ensuite jusqu’en janvier. Ce n’est pas un hasard si l’état d’urgence proclamé en février dernier par le gouvernement Conte doit durer jusqu’au 31 janvier.

Les soins intensifs sont un élément clé de la stratégie de communication. Nous nous souvenons tous des images de personnes intubées, ou avec la tête emprisonnée derrière un casque à faire peur. Les seuls mots « soins intensifs » sont effrayants, ils font penser à l’antichambre de la mort. « Nous ne savons pas si nous allons tenir le coup », disent certains anesthésistes. Pourquoi? Il faut se poser des questions. L’idée qu’ils veulent transmettre est qu’une infection par le covid est ipso facto très grave, au point de conduire fatalement aux soins intensifs et à la mort. Mais ce n’est pas vrai.

Au cours des derniers mois, nous avons constaté que les cas graves étaient ceux où le processus inflammatoire n’avait pas été stoppé immédiatement, à son début, en administrant uniquement des antipyrétiques. En intervenant avec des thérapies robustes, avec des anti-inflammatoires puissants et avec d’autres médicaments, les morts ne sont pas inévitables. Plutôt que d’attendre l’aggravation de la situation des patients et leur arrivée en soins intensifs, il serait beaucoup plus approprié de faire un diagnostic précoce, et avant même de connaître le résultat d’éventuels tests, il conviendrait d’intervenir avec un traitement de précaution. Il est évident que l’activité du réseau médical local devrait être accrue, en particulier celle des médecins généralistes, mais tout cela n’est pas à l’horizon.

Il semble que nous assistions à la réplique exacte de ce qui s’est passé au printemps dernier, avec les mêmes erreurs, comme si rien ne s’était passé, comme si rien n’avait été appris. Comme si au fond, on savait déjà que les règles imposées avec sévérité par l’État policier, des masques à la distanciation, ne permettront finalement pas d’atteindre l’objectif de limiter les contagions.

Un fatalisme résigné, qui ne trouve aucun réconfort, étant donné le déni obstiné des possibilités de guérison de la maladie, et qui n’attend que le Messie-Vaccin. « La distanciation et les masques sont à ce jour les seuls traitements dont nous savons qu’ils fonctionnent réellement jusqu’à l’arrivée du vaccin », a déclaré ces derniers jours le Dr Cristina Mascheroni, anesthésiste et présidente de l’association professionnelle Aaroi-Emac  (Associazione fra gli Anestesisti Ospedalieri Italiani) de Lombardie. Une déclaration glaçante, surtout si l’on pense que cela vient de ces spécialistes dont le rôle est d’utiliser tous les traitements possibles, à un niveau précisément « intensif », pour sauver les patients.

Le scénario d’une saturation des soins intensifs repropose le film déjà vu en mars et avril, avec la perspective d’une « sélection » des cas à admettre ou non aux soins intensifs.

On n’a pas suffisamment enquêté sur ce qui s’est passé au cours de ces mois, avec les recommendations de sélectionner les patients à traiter en fonction de l’âge ou de la présence d’autres pathologies, et voilà que réapparaît le spectre d’un éventuel abandon thérapeutique, avec le simple accompagnement du patient jusqu’à la mort à l’aide de la morphine. Une pratique qui, pour de nombreux professionnels de la santé appelés à appliquer de telles indications, a eu un impact émotionnel considérable, avec burnout et stress post-traumatique, mais pour de nombreux patients, elle a signifié perdre la vie simplement parce qu’ils avaient plus de 75 ans. Un scénario qu’on ne voudrait pas revoir.

Si le climat actuel d’alarmisme sur l’évolution des contagions peut avoir un aspect positif, c’est précisément de ne pas être pris au dépourvu, de mettre en place les lits afin de ne plus avoir l’alibi de la surpopulation et du manque de traitement, et d’empêcher les patients et les membres de leur famille de croire qu’il n’y a pas de traitement et qu’il leur suffit de se résigner et d’attendre que la tempête passe. Utilisons toutes les possibilités thérapeutiques qui sont disponibles, et elles ne manquent pas.

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