Accusé de vol dans l'Eure, un ancien curé controversé a été placé en garde à vue

L'ancien curé de Thiberville dans l'Eure a été placé en garde à vue le 26 août 2020. Il est soupçonné de vol d'objets liés au culte à la suite d'une plainte contre X de son diocèse

Dans son jardin, l'abbé Michel a installé un barnum pour le culte. La plupart des objets liturgiques ont été saisis par les gendarmes ce mercredi 26 août (photo d'archives).
Dans son jardin, l’abbé Francis  Michel a installé un barnum pour le culte. La plupart des objets liturgiques ont été saisis par les gendarmes ce mercredi 26 août (photo d’archives). (©François Lefebvre)
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L’abbé Francis Michel, ancien curé de Thiberville (Eure), que l’Église catholique a rendu à la vie laïque en mai 2020, a été placé en garde à vue mercredi 26 août 2020.

L’homme, très médiatique, connu comme sympathisant des gilets jaunes, est soupçonné de vol d’objets liés au culte. L’affaire est la conséquence d’une plainte contre X du diocèse d’Évreux.

Au centre de cette affaire : 185 objets (croix, statues de toutes tailles, prie-Dieu, chandeliers, ciboires, reliques et reliquaires…), dont la Justice cherche à déterminer la provenance. Une collection entamée il y a plus de 40 ans.

« Il est compliqué d’identifier les objets en question et le recensement ne fait que commencer », indique Dominique Puechmaille, procureur de la république d’Évreux, qui a ouvert une enquête et ordonné une perquisition au domicile de l’homme en soutane.

La magistrate confirme que des objets saisis ont d’ores et déjà été identifiés comme appartenant aux églises de l‘ancienne paroisse de Thiberville, sans préciser combien. Dans la foulée, l’ensemble des maires des villages concernés ont été auditionnés par la gendarmerie de Bernay.

« Je me sens un peu l'aumônier des gilets jaunes », avait confié l'abbé Michel en février 2019.
« Je me sens un peu l’aumônier des gilets jaunes », avait confié l’abbé Michel en février 2019. (©François Lefebvre)

« De 9 h jusqu’à 17 h, les gendarmes ont inventorié, emballé et emmené un grand nombre de meubles divers », relate à l’Éveil normand, l’ancien curé qui habite aujourd’hui au Planquay, près de Bernay.

Il aurait été plus simple de venir me trouver, regarder dans le barnum qui sert à la célébration des messes plutôt que tout saisir », regrette ce dernier

Deux camionnettes et trois estafettes ont été mobilisées, une intervention qui a fait grand bruit dans le bourg de Thiberville « On a dit que je m’étais suicidé dans Thiberville ! », déplore encore l’abbé Michel qui relate qu’un gendarme lui a confié combien il était débordé. « Quand on voit qu’on me consacre une vingtaine de gendarmes… » soupire-t-il.

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Selon nos sources, ce sont en fait onze militaires qui ont participé à l’opération.

« Tout justifier »

Je n’ai certainement pas dépouillé les églises de Thiberville, je les ai enrichies bien au contraire. À Thiberville par exemple, j’ai amené un certain nombre de choses ! Et j’ai laissé des éléments qui m’appartenaient, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour ne pas être accusé de quoi que ce soit. »

Et l’abbé Michel d’en faire la liste. Outre les innombrables bannières, il évoque les statues de saint François, sainte Claire, sainte Rita, sainte Expédit, Padre Pio et Notre-Dame de Pellevoisin. « Il y a aussi quatre chandeliers sur l’autel, une maquette de l’église de Thiberville également, et une barrière de bois sculptée qui sépare le chœur de la nef. Je l’avais fait refaire à mes frais. »

Réputé pour son décorum

Collectionneur passionné, l’homme est aussi réputé pour le décorum chargé de ses cérémonies. Toutes les églises qu’il avait en charge regorgeaient d’une quantité impressionnante d’objets dorés, de napperons, de tissus fleurdelisés.

À la barre du tribunal, lors du procès de 2015 (l’abbé a été condamné pour abus de confiance), Michel Deschamps, maire des Places, témoin de la défense, avait même affirmé que sous l’action de l’abbé, les églises étaient devenues « des petits bijoux », tant elles étaient ornées.

D’où cela vient-il ? Par qui cela a-t-il été payé ? Je dois tout justifier. Je vais y passer un temps fou. Même quand j’affirme que ce sont des choses qui m’ont été données, il me faut une attestation. »

Quels objets posent problème, l’ancien prêtre l’ignore et proteste de sa bonne foi :

Dans les églises, on a peut-être inventorié par erreur des objets qui m’appartenaient ? Si l’on s’est basé sur ceux de 1905, il risque de manquer beaucoup de choses. Beaucoup ont été cassés en un siècle », fait-il observer.

« C’est à la Justice de trancher »

Malgré nos appels, le diocèse n’a pas souhaité commenter l’affaire. Maître Laurence de Palma, avocate de l’évêché, a cependant résumé sa position :

Il ne s’agit pas d’acharnement. Il y a des faits et c’est à la Justice de trancher. »

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