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Sermons sur la Vierge Marie - Saint Bernard

Sermon des douze étoiles, par saint Bernard de Clairvaux (1090, +1153).

1. Eve et Marie


C'est d'une rude façon, vraiment, mes bien-aimés, qu'un homme et une femme nous ont porté préjudice : Dieu merci ! Il s'est trouvé pareillement un homme et une femme pour tout réparer. Et cela s'est accompli non sans un surcroît abondant de grâces. De plus, il n'y a aucune proportion entre le délit et le bienfait, et l'ampleur du don dépasse de beaucoup le dommage. Je m'explique : le Divin Ouvrier en sa suprême habileté et clémence, n'a pas mis en pièces ce qui déjà était fêlé, mais, pour un plus grand profit, il a complètement repris son oeuvre, façonné pour nous un Adam nouveau en partant de l'ancien, et transmué Eve en Marie.
Sans doute le Christ pouvait suffire, et de fait actuellement, tout ce qui suffit à notre salut vient de lui, mais pour nous, il n'était pas bon que l'homme fût seul : il y avait au contraire haute convenance, à ce que fussent présents, pour aider à notre relèvement, les deux sexes qui, ni l'un ni l'autre, n'avaient manqué de prendre part à notre perte. Homme, le Christ Jésus est sans contexte un sûr et fort puissant médiateur entre Dieu et les hommes, mais en lui, les humains redoutent la majesté. L'humanité semble en lui absorbée dans la divinité, non par changement de nature, mais par déification des sentiments. Nos chants ne célèbrent pas sa seule miséricorde ; nous chantons pareillement ses jugements, car s'il apprit à l'école de la souffrance à se montrer compatissant, il n'en garde pas moins toute la puissance du juge. Pour tout dire, notre Dieu est un feu dévorant ( Dt 4,24 ; He 12,29 ) Comment un pécheur ne redouterait-il pas de s'en approcher dans la crainte de périr en face de Dieu, comme s'écoule la cire au contact de la flamme ?

2. Médiatrice auprès du Médiateur.

Maintenant il est évident que cette femme, bénie entre toutes les femmes, ne restera pas sans rien faire. Sa place est toute trouvée dans la réconciliation qui nous occupe. Puisqu'il faut un médiateur auprès du Médiateur qui nous est donné, personne ne le fera plus avantageusement pour nous que Marie. Médiatrice, Eve le fut aussi, mais combien cruelle : par elle l'antique serpent inocula même à l'homme son virus pestilentiel. Mais, en revanche, médiatrice fidèle, Marie, elle, a fait boire, aux hommes comme aux femmes, le contre-poison sauveur. Celle-là fut instrument de séduction, celle-ci de pardon : celle-là suggéra la désobéissance, celle-ci apporta la délivrance.
De quoi l'humaine faiblesse pourrait-elle s'alarmer en abordant Marie ? en elle, rien d'austère, rien de terrifiant ; elle est toute suavité, offrant à tous du lait et de la laine. Relis attentivement le texte complet de l'histoire évangélique et si par hasard tu devais rencontrer en Marie quelque acrimonie, quelque dureté, quelque trace enfin de la plus légère indignation, alors oui, méfie-toi, redoute de l'approcher. Que si, comme il est certain, tu ne trouves en tout ce qui la concerne que plénitude de charme et de tendresse, que comble de mansuétude et de miséricorde, alors dis merci à Celui dont la pitié infiniment douce t'a ménagé une médiatrice telle que rien ne légitime envers elle la moindre défiance. En un mot, elle s'est faite toute à tous, et, dans sa charité débordante, elle, s'est rendue l'obligée des sages comme des insensés. A tous elle ouvre des bras miséricordieux, afin que, sans exception, tous reçoivent de sa plénitude : le prisonnier le rachat, le malade la guérison, l'affligé la consolation, le coupable le pardon, le juste la grâce, l'ange la joie ; toute la Trinité enfin, la gloire, et la Personne du Fils la substance d'une chair humaine : nul ainsi ne se dérobe à sa chaleur ( Ps 18 )

3. La femme revêtue du soleil.

Ne crois-tu pas que Marie est cette femme revêtue du soleil ? Je le concède sans peine : l'ensemble de la vision prophétique vise clairement l'Eglise du temps présent, mais elle me paraît s'appliquer en toute convenance à Marie. Celle-ci, de fait, s'est revêtue comme d'un nouveau soleil. Comme le soleil se lève indifféremment sur les bons et sur les méchants, ainsi Marie ne discute pas les mérites passés, mais se montre à l'égard de tous clémente, à tous extrêmement accueillante ; elle prend en pitié enfin les besoins de tous dans une tendresse sans bornes.
Aucune imperfection qui ne soit au-dessous d'elle, et tout ce qui est fragilité ou corruption, elle le domine plus que quiconque d'une hauteur en quelque sorte inaccessible : elle dépasse ainsi les créatures, ce qui permet de dire en toute vérité que la lune est sous ses pieds.
D'ailleurs qu'avançons-nous d'extraordinaire en disant : "La lune est sous ses pieds", puisqu'il serait indigne de mettre en doute son exaltation au-dessus des anges, plus haut encore que les chérubins et les séraphins.
Habituellement pourtant, la lune désigne non seulement une déficience, une altération, mais encore la sottise de l'esprit, et même quelquefois l'Eglise du temps présent : elle représente la folie à cause de ses variations et l'Eglise en raison de son éclat emprunté. C'est dans ce double sens, si j'ose dire, qu'on peut placer, non sans convenance, la lune sous les pieds de Marie; ici et là pourtant c'est de façon fort différente. Voici : L'insensé change comme la lune, tandis que le sage reste stable comme le soleil (Sir 27,12). De plus, dans le soleil, l'ardeur et la clarté sont constantes, dans la lune il n'y a que la clarté, encore est-elle changeante et incertaine, jamais fixée dans le même état.
On a donc raison de représenter Marie enveloppée de soleil, elle qui a pénétré dans les abîmes de la divine sagesse jusqu'à des profondeurs incroyables, au point de nous paraître immergée dans cette lumière inaccessible jusqu'au degré possible pour une créature ne jouissant pas de l'union hypostatique. Ce feu, chacun le sait, est celui qui purifie les lèvres du prophète, celui qui embrase les séraphins. Pour Marie, il s'agit d'une toute autre mesure : elle a mérité d'être, non pas seulement effleurée par ce feu, mais bien d'en être recouverte de toute part, d'en être environnée, d'être comme enfermée en ce feu même. Il est toute splendeur, mais aussi toute incandescence, le vêtement de cette femme dont l'être se trouve irradié à tel point qu'on ne peut découvrir en elle le moindre soupçon, je ne dis pas de ténèbres, mais de pénombre ou de moindre lumière, et pas davantage un tant soit peu moins de chaleur ou qui ne soit ardeur totale.

L'hérésie contre Marie

Toute déraison est si loin sous les pieds de Marie, qu'elle n'est absolument pas à mettre au nombre des femmes insensées, ou du cortège des vierges folles. -Bien plus : ce fou sans pareil, Satan, prince de toute folie, qui, semblable à la lune en son décroît, perdit la sagesse du temps de sa splendeur, le voici maintenant sous les pieds de Marie, foulé, broyé et réduit à une lamentable servitude. - Oui, Marie est bien cette femme promise jadis par Dieu, qui devait d'un pied vainqueur écraser la tête de l'antique serpent, tandis que celui-ci par mille ruses essayait, mais en vain, de l'atteindre au talon. Seule, en effet, elle a écrasé dans sa totalité la malice des hérésies.
Tel dogmatiseur niait qu'elle eût donné de la substance de sa chair pour engendrer le Christ, tel persifleur parlait, non d'un enfant mis au monde, mais 'un enfant trouvé ; tel blasphémateur lui imputait des relations charnelles, du moins après la naissance de l'enfant ; tel diffamateur, irrité d'entendre parler d'une mère de Dieu, couvrait de toutes les impiétés ce nom sacré de Théotokos.
Mais voici écrasés ces dresseurs d'embûches, foulés aux pieds ces trompeurs, couverts de honte ces détracteurs, tandis que tous les peuples proclament Marie bienheureuse. Par une ultime et rapide manoeuvre, le dragon se servit d'Hérode pour tendre un piège à la jeune mère afin de se saisir de son fils à peine né et de le dévorer, conséquence des inimitiés qui règnent entre la descendance de la femme et celle du serpent.

Marie entre le Christ et l'Eglise

Maintenant, si l'on préfère, sous le symbole de la lune, considérer l'Eglise qui précédemment ne tire pas sa splendeur d'elle-même, mais la reçoit de Celui qui a dit : Sans moi, vous ne pouvez rien faire (Jn 15,5), tu retrouves campé en pleine lumière, la médiatrice dont je viens de te faire l'éloge, il n'y a qu'un instant. Une femme, est-il dit, revêtue du soleil, avec la lune sous les pieds (Ap 12,1 )
Attachons-nous aux traces de Marie, mes frères, et jetons-nous à ses pieds bienheureux avec les plus tendres instances; tenons-la et ne la laissons pas s'éloigner qu'elle ne nous ait bénis; elle le peut si bien! Ainsi la toison posée par terre et qui se trouve entre la rosée et le sol (Jg 6,36), la femme placée entre le soleil et la lune, c'est Marie, établie entre le Christ et l'Eglise. Mais tu t'étonnes moins, sans doute, d'une toison couverte de rosée que d'une femme revêtue du soleil. Grande est l'affinité de cette femme et du soleil, mais un tel voisinage est surprenant tout de même. Comment, en effet, au milieu d'un embrasement d'une telle violence, un organisme si frêle peut-il subsister ?

Tu t'étonnes ; et tu as raison, saint homme Moïse, de chercher à voir de plus près; cependant, enlève d'abord les sandales de tes pieds et dépose le voile des pensées charnelles si tu désires t'approcher. Je vais, dit-il, et je regarderai cette vision merveilleuse (Ex 3,3 ) Merveilleuse vision, assurément, qu'un buisson embrasé ne soit pas consumé; merveilleux prodige, qu'une femme revêtue du soleil reste intacte ! Il n'est pas de la nature d'un buisson environné de flammes de ne pas brûler, et pas davantage au pouvoir d'une femme de supporter le soleil pour vêtement. Cela ne relève ni des forces humaines, ni des puissances angéliques. Il faut chercher plus haut encore. L'Esprit Saint surviendra en toi (Luc 1,35), dit l'ange, et comme si la Vierge lui objectait : Dieu est esprit et notre Dieu est un feu dévorant, il ajoute : Une puissance, non la mienne, ni la tienne, mais celle du Très-Haut te couvrira de son ombre.
Dès lors, rien d'étonnant que sous un tel ombrage, une femme puisse supporter un tel vêtement.

Revêtant le soleil, revêtue par lui

Une femme revêtue du soleil, dit le texte, pleinement revêtue de lumière comme d'un manteau. Il ne comprend pas, sans doute, l'homme charnel, puisque cela est spirituel et lui semble folie. Ce n'est pas ainsi qu'en jugeait l'Apôtre qui disait : Revêtez-vous du Seigneur, le Christ Jésus ( Rom 13,14 ).
Comme te voici devenue l'amie du Seigneur, ô Dame ! combien proche, que dis-je, combien intime à cause de tes mérites; quelle grâce tu as trouvé auprès de Lui ! En toi il demeure, et toi en Lui ; tu te revêts et tu es revêtue par Lui. Tu le revêts de la substance de ta chair, et Lui, il te revêt de la gloire de sa majesté; tu revêts le soleil d'une nuée, et toi-même tu es revêtue par le soleil.
Le Seigneur vient de faire du nouveau sur terre : Une femme entoure un homme ( Jer 31,22 ) et cet homme n'est autre que le Christ dont il est dit : Voici un homme, son nom est Orient ( Zach 6,12). Il vient pareillement de faire du nouveau dans le ciel : une femme paraît, revêtue du soleil. En un mot : cette femme a posée une couronne au front du Seigneur, et , en retour, elle a mérité d'être couronnée par Lui. Sortez, filles de Sion, et contemplez le roi Salomon avec le diadème dont sa mère l'a couronné ! Mais nous en reparlerons ailleurs ; pour l'instant, entrez plutôt et contemplez la reine sous le diadème que son fils a posé sur son front.

...O Vierge prudente, ô Vierge généreuse, qui t'a appris que la virginité plaît à Dieu ? Quelle loi, quelle disposition, quel texte de l'ancienne loi impose, conseille ou persuade de vivre dans la chair d'une manière non charnelle et de mener dès ici-bas la vie des anges ? Où donc, heureuse Vierge, avais-tu lu : La sagesse de la chair n'est que mort ( Rom 8,6) et encore : ne poussez pas le soin de la chair jusqu'à contenter ses désirs (Rom 13,14). Où avais-tu lu que les vierges chantent un cantique nouveau que personne d'autre ne peut chanter et qu'elles suivent l'Agneau partout où Il va ( Ap 14, 3.4 ) ? Où avais-tu lu ces mots : Nous vivons , certes, dans la chair, mais ce n'est pas selon la chair que nous combattons ( 2 Co 10,3 ) ? et ceux-ci : Celui qui marie sa fille fait bien, celui qui ne la marie pas, fait mieux ( 1 Co 7,38 ) ? Où avais-tu entendu cette parole : Je voudrais vous voir tous comme je suis... puis : C'est un bonheur pour l'homme de demeurer dans cet état comme je le conseille ?
Pour les vierges, ajoute saint Paul, je n'ai pas de précepte du Seigneur, c'est un conseil que je donne ( 1Co 7, 38.40.25). Mais pour toi, Marie, je ne parlerai pas de précepte, ni même de conseil, ni d'exemple, seule l'onction de l'Esprit t'instruisait de tout. La parole de Dieu, vivante et agissante, s'était faite ton maître, avant de devenir ton fils ; elle avait instruit ton esprit, bien avant de revêtir ta chair. Tu as donc résolu de t'offrir vierge au Christ, mais tu ignores que tu dois lui être offerte aussi comme mère ! Tu choisis d'être vouée au mépris en Israël, et pour plaire à celui à qui tu t'es vouée, tu braves la malédiction de la stérilité ; mais voici la malédiction changée en bénédiction et la stérilité compensée par la fécondité.

Ouvre ton sein, ô Vierge, dilate tes flancs, prépare tes entrailles : voici que pour toi le Tout-Puissant va opérer des merveilles, au point que, au lieu de la malédiction d'Israël, tous les peuples te proclameront bienheureuse. N'aie pas peur, Vierge prudente, de la maternité, elle n'enlèvera rien de ta virginité. Tu concevras, mais sans péché, tu seras enceinte mais sans fatigue, tu enfanteras, mais sans douleur, tu ignoreras le concours de l'homme, mais tu enfanteras un fils. Quel fils ? Celui dont tu seras la mère a Dieu pour père ; le Fils de la splendeur du Père sera la couronne de ta chasteté ; la Sagesse du coeur paternel sera le fruit de ton sein virginal : bref, c'est Dieu que tu enfanteras et de Dieu que tu vas concevoir.
Courage donc, Vierge féconde, chaste accouchée, mère virginale ! Tu ne seras plus maudite en Israël, ni comptée parmi les femmes stériles. Et si l'Israël charnel te maudit encore, non plus à la vue de ta stérilité, mais par envie de ta fécondité, rappelle-toi que le Christ a porté la malédiction de la croix, Lui qui te combla, toi, sa mère, de bénédictions dans les cieux. Mais dès ici-bas, l'ange te proclame bénie et toutes les générations du monde à juste titre t'appelle bienheureuse ! Donc tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni !

La couronne de douze étoiles

Elle avait sur la tête une couronne de douze étoiles (Ap 12,1 ), dit le texte. Il est digne vraiment d'être couronné d'étoiles, ce front tellement plus étincelant qu'elles et qui augmente leur éclat plutôt qu'il n'en est paré. Pourquoi les étoiles ne seraient-elles pas la couronne de celle que le soleil a vêtue ? Comme aux jours de printemps, les roses en fleurs et les lys des vallées se pressaient autour d'elle, dit l'auteur sacré (Cant 3,11). C'est que, en effet, la main gauche de l'époux soutient sa tête et déjà sa droite l'enlace (Cant 2,6). Qui pourra dire la valeur de ces joyaux ? Qui pourra donner un nom aux étoiles qui composent à Marie un diadème royal ? Décrire cette couronne et en détailler l'ordonnance dépasse le pouvoir humain. Pour nous cependant, avec nos tout petits moyens, en évitant de scruter de périlleux secrets, nous pouvons reconnaître, non sans motif, semble-t-il, dans ces douze étoiles, les douze privilèges de grâce qui font à Marie une parure unique.
En effet, si on distingue en Marie : des privilèges du ciel, des privilèges du corps, des privilèges du coeur ; et si ce trinôme est multiplié par quatre, nous avons à n'en pas douter, la série complète des douze étoiles qui brillent au diadème de notre reine. Pour moi, un éclat particulier rayonne 1° de la naissance de Marie, 2° de la salutation de l'ange, 3° de la venue sur elle de l'Esprit Saint, 4° de l'ineffable conception du Fils de Dieu. De même resplendissent d'une beauté éclatante : son premier rang parmi les vierges, sa fécondité sans souillure, sa maternité exempt de fatigue, son enfantement sans douleur. De plus, resplendissent en Marie tout autant : la délicatesse de sa modestie, l'humilité de son dévouement, la magnanimité de sa foi, le martyre de son coeur. Je laisse à votre zèle le soin de scruter plus attentivement chacun de ces privilèges. Pour ma part, je croirai en avoir assez fait pour l'instant, si j'en puis donner un bref exposé.

Naissance de Marie et salut de l'ange

Que voyons-nous donc scintiller comme une étoile dans la naissance de Marie ? - Mais, son appartenance au sang des rois, à la race d'Abraham, à la noble souche de David. Si cela te paraît peu de chose, ajoute qu'en raison du privilège singulier de sainteté propre à cette lignée, Marie lui fut insérée par don de Dieu, qu'elle fut promise du ciel depuis longtemps à ces mêmes Pères, préfigurée par de mystérieux prodiges, prédite par des oracles prophétiques. C'est elle qui, par avance, était symbolisée par le rameau du prêtre Aaron fleurissant malgré l'absence de racines (Nb 17,8) , par la toison de Gédéon se couvrant de rosée sur l'aire demeurée sèche (Jg 6,37) , par la porte orientale d'Ezéchiel ne s'ouvrant à personne (Ez 44,1). C'est elle enfin qu'Isaïe, par une précision plus grande encore, annonçait tantôt comme la tige sortant de Jessé (11,1) , tantôt, avec plus d'évidence encore (7,14), comme la vierge devant enfanter.
A bon droit, l'Ecriture situe dans le ciel l'apparition de ce signe grandiose, puisque c'est du ciel que nous le voyons promis si longtemps d'avance. Le Seigneur, dit Isaïe, vous donnera lui-même un signe; le voici : Une vierge concevra (Is 7,14). De fait il est grand, le signe donné, parce qu'est grand aussi Celui qui l'a donné. Quels yeux ne seraient éblouis par l'aveuglant éclat d'un tel privilège ? Le respect si profond et l'empressement témoigné par l'archange à saluer Marie, comme si déjà il la voyait assise sur un trône royal et exaltée par delà tous les rangs des légions célestes, se prosternant, ou peu s'en faut, devant une femme, alors que jusque là il avait vu sans sourciller des hommes se prosterner devant lui : voilà qui nous prouve la grâce singulière et le mérite de notre Vierge.

Vierge et mère

C'est d'une splendeur toute pareille que brille, en sa nouveauté, le mode inouï de cette conception : Marie conçoit, non dans le péché, comme toutes les autres femmes, mais seule et par la seule opération sanctifiante de l'Esprit Saint descendu sur elle. Que Marie ait mis au monde le vrai Dieu, Fils de Dieu, que, de ce fait, celui qui est né d'elle soit à la fois fils de Dieu et fils de l'homme, Dieu et homme tout ensemble, c'est là un abîme de lumière et je n'oserai affirmer que, devant l'intensité d'un pareil éclat, même l'oeil d'un ange n'en soit aveuglé.
Voyons la suite : la virginité corporelle de Marie et sa volonté de rester vierge sont mises en plus évidente clarté par la nouveauté même d'une telle résolution. Transcendant en toute liberté d'esprit les préceptes de la loi mosaïque, elle a voué à Dieu l'absolue pureté de son corps et de son âme; nous trouvons la preuve de l'inviolable fondement de sa résolution dans la fermeté de sa réponse à l'ange qui lui promettait un fils : Comment cela se fera-t-il, puisque je garde la virginité ? (Luc 1,34). C'est là sans doute la raison qui la fit se troubler tout d'abord à la parole de l'ange et de se demander ce que voulait dire une telle salutation. Elle s'entendait proclamer bénie entre les femmes, alors qu'elle souhaitait recevoir à jamais la bénédiction parmi les vierges. Dès ce moment, elle se demandait ce que voulait dire cette salutation qui déjà lui paraissait suspecte. Quand elle vit dans la promesse d'un fils un péril évident pour sa virginité, elle ne put se retenir plus longtemps de demander : Comment cela se fera-t-il puisque je garde la virginité ? Ce n'est donc pas sans mérite qu'elle obtint la bénédiction des mères sans perdre celle des vierges : ainsi la virginité se pare de plus de gloire par la fécondité, et pareillement la fécondité grâce à la virginité. Et ces deux étoiles paraissent plus lumineuses en se renvoyant mutuellement leurs rayons. Il est déjà grand d'être vierge, mais être vierge et mère est bien plus grand à tous égards.
Il est donc juste que cette fatigue si pénible qui, comme on le sait, accompagne la grossesse chez les femmes, Marie et elle seule ne la connût pas, puisque seule elle conçut sans plaisir sensuel.
Aussi c'est au début de sa grossesse, au moment où les autres femmes sont plus péniblement accablées, que Marie, du pas le plus allègre, franchit les montagnes pour offrir ses services à Elisabeth. Bien plus : alors que la naissance était imminente, elle monta à Bethléem, portant ce précieux dépôt, portant ce léger fardeau, portant Celui par qui elle était portée. De même dans l'enfantement, que de lumière ! Marie met au monde son fruit nouveau dans une nouvelle exultation, seule parmi les femmes à ignorer la commune malédiction et les souffrances des accouchées. Si le prix des choses se mesure à leur rareté, on ne saurait rien trouver de plus rare que ces privilèges. Aussi Marie reste-t-elle en cela, sans devancière comme sans imitatrice. Ces merveilles, à condition de les méditer assidûment, font naître en nous, l'admiration certes, mais plus encore la vénération, la dévotion, la consolation.
Ne nous laissez pas sucomber
Merci pour J'irais la voir un jour ,ce la pour mois est de 1949 au préventoriums des sœurs de sainte Anne pringy fribourg Suisse
apvs
Ne nous laissez pas sucomber
Je chanterais toujours Je me consacre a vous Sainte Vierge Marie ,de ma naissance par ma maman et tout au long de ma vie ,malgré mes imperfections.