AthanaseS
431.6K
01:37:28
Abbé Hervé Belmont - Les catholiques de tradition à la croisée des chemins - Causerie amicale. Causerie amicale Saint-Maixant Mardi 26 juin 2012More
Abbé Hervé Belmont - Les catholiques de tradition à la croisée des chemins - Causerie amicale.
Causerie amicale
Saint-Maixant
Mardi 26 juin 2012
Laurier
Dans cette causerie, l’abbé Belmont insiste sur l’élément central pour ne pas perdre pied dans la crise actuelle : la doctrine, la Foi, la Tradition et le Magistère catholique. Mais quand il nous dit — par simple déduction — que les papes du Concile n’ont certainement pas l’autorité apostolique, est-il lui-même catholique ? Respecte t-il l’enseignement du Magistère catholique traditionnel …More
Dans cette causerie, l’abbé Belmont insiste sur l’élément central pour ne pas perdre pied dans la crise actuelle : la doctrine, la Foi, la Tradition et le Magistère catholique. Mais quand il nous dit — par simple déduction — que les papes du Concile n’ont certainement pas l’autorité apostolique, est-il lui-même catholique ? Respecte t-il l’enseignement du Magistère catholique traditionnel ?? D’abord, pour commencer, comment a-t-on la certitude d’avoir un vrai Pape ? Voilà une bonne question à laquelle il se garde bien de répondre… Il nous dit qu’un Pape ne se produit pas par un mode sacramentel. C’est juste, mais il devrait aussi enseigner qu’un vrai Pape ne tombe pas du Ciel par miracle, mais tout simplement en suivant la Constitution prévue à cet effet, produite par le Magistère catholique et dont la dernière en date est celle de Pie XII : Vacantis Apostolicae Sedis « Sur la vacance du Siège Apostolique et l’élection du Pontife Romain » du 8 décembre 1945 (disponible aux éditions D F T ), Constitution qui abroge tout autre disposition antérieure, pour « qu’elle soit utilisée seule ». Quand l’abbé Belmont écrit par ailleurs qu’il n’est pas possible de douter que Jean XXIII ait été vraiment Pape, il s’ensuit que le Pape qui a été élu lors du Conclave suivant, avec donc des cardinaux valides, et suivant cette Constitution de Pie XII, il ne fait pas de doute non plus — indépendamment de ce qui s’est passé par la suite — que l’élu du Conclave de juin 1963, intronisé et couronné dans une cérémonie solennelle comme jamais, ait été vrai Pape, au moins au début, à l’été 1963, où il faut quand même rappeler qu’à cette époque nous avions encore la vraie Messe, la vraie doctrine, les vrais sacrements, etc… Les « hérésies conciliaires » étant venues après, en 1965, et en 1969 pour la nouvelle Messe, et, cela va sans dire, n’ont pas d’effet rétroactif !

Dans le cours de sa causerie, il indique que c’est l’Église surtout qui nous donne la certitude qu’il soit bien prêtre, parce qu’il a été ordonné par un évêque ayant un mandat du Pape Pie XII. Et il indique que prétendre sauver l’Église en multipliant les évêques sans mandat apostolique est une erreur, une illusion. L’Église catholique est bâtie il est vrai sur le Pape, et que sans ce pouvoir apostolique qui nous vient des apôtres tout s’écroule.
A ce moment de l’exposé, j’aurais aimé lui demander : mais qui nous donne la certitude qu’un pape soit vrai Pape, au moins au moment de l’élection ? C’est une question fondamentale puisque tout dépend ensuite de son pouvoir apostolique. Là aussi, nous avons besoin d’une certitude à ce niveau puisque toute la vie de l’Église en dépend ensuite, la Foi, les dogmes, la juridiction, etc… Et qu’il est hors de question de faire du libre examen doctrinal pour voir ensuite, dans les mois et années qui suivent l’élection, à l’examen de l’enseignement du Pape, s’il est bien catholique ou non… et décider après (comme il le fait) s’il était bien Pape ou… non !?
Or, l’Église par la voie du Magistère catholique nous donne une réponse très claire à ce niveau. La Constitution de Pie XII déjà citée indique (chap. VII) qu’une fois l’élection canoniquement faite, le consentement de l’élu doit être demandé (acceptation du Pontificat) : « Ce consentement ayant été donné […] l’élu est immédiatement vrai pape, et il acquiert par le fait même et peut exercer une pleine et absolue juridiction sur l’univers entier.[1] »
Et pour appuyer l’autorité de cette Constitution, Pie XII écrit : « Nul n’aura le droit d’enfreindre ou de contrecarrer par une audace téméraire cette constitution portant Nos ordonnances, abrogations, décisions, censures, admonitions, interdictions, préceptes, volontés. Si quelqu’un osait le tenter, il encourra, qu’il le sache, l’indignation du Dieu tout-puissant et des bienheureux apôtres Pierre et Paul. »
Donc, dès l’acceptation de l’élu lors d’un Conclave avec des cardinaux valides (ce qui était le cas en 1963, puisque l’abbé Belmont nous dit par ailleurs que Jean XXIII était Pape), cet élu était donc immédiatement vrai Pape. En l’occurrence, il s’agissait du Pape Paul VI.
Ensuite, celui-ci a été intronisé, puis couronné dans une cérémonie très solennelle, et surtout toute l’Église catholique sans aucune exception l’a reconnu comme Pape. Il y a eu une reconnaissance universelle, une soumission de tous les cardinaux et évêques du monde, et cette reconnaissance est un fait dogmatique qui engage infailliblement. Reconnaissance universelle qui achève de nous donner une certitude quant à la personne du Pape puisqu’elle est même en mesure de “réparer” une éventuelle élection douteuse (règles de l’élection non respectées par exemple). Donc, en prenant appui sur le Magistère catholique et la doctrine la plus traditionnelle (exposée notamment par les cardinaux Journet et Billot), nous avons aussi la certitude que Paul VI était Pape à l’été 1963.
C’est aussi un point d’appui certain pour tenter de comprendre la crise actuelle de l’Église !
Paul VI aurait-il pu perdre néanmoins son Pontificat entre 1963 et 1965 ? Mais les théologiens nous disent qu’une fois Pape, celui-ci ne perd son Pouvoir Pontifical que pour trois causes bien définies : la folie, la démission, l’hérésie formelle (et non occulte) en tant que docteur privé et constatée officiellement (il serait alors déposé). Ce que nous n’avons pas vu lors du pontificat du pape Paul VI.
L’Abbé Belmont élude ce problème et pense pouvoir déclarer que Paul VI par exemple n’a jamais été Pape… Par simple déduction. Au nom, certes, d’autres principes catholiques, mais qui n’ont pas de force contraignante plus grande, et surtout sans aucune cause déterminée. Comme il le dit lui-même, la doctrine catholique est un tout et si l’on rejette un élément de cette doctrine, tout s’écroule et nous ne sommes plus vraiment catholiques. C’est pourtant ce qu’il fait en niant implicitement qu’un conclave de cardinaux valides suivant la Constitution de Pie XII pour l’élection du Pontife Romain, et reconnaissant unanimement ensuite l’élu comme Pape, ait finalement produit un… non pape ! Sans même nous en expliquer la raison au moment où cet élu est devenu Pape ! C’est particulièrement grave d’émettre un doute à ce niveau car ce doute entraîne que nous n’avons plus aucune certitude qu’un élu soit vrai pape, même si les règles de l’élection sont respectées ! Et ce doute couvre l’institution dans son ensemble, à savoir les papes du passé, du présent et du futur ! Sa supposition tue en quelque sorte dans l’œuf l’institution même de la papauté. Nous ne pourrons jamais avoir de certitude sur qui est vrai pape et qui ne l’est pas, si on nous dit qu’un conclave avec des cardinaux valides (puisqu’il affirme par ailleurs que Jean XXIII était bien pape), qui ont suivi la Constitution de Pie XII alors seule en vigueur, a produit un non-pape ! Sans parler de la reconnaissance universelle ensuite par toute l’Église de l’élu du conclave, fait dogmatique qui oblige reconnaît-il dans un autre texte…
En refusant de répondre à cette question cruciale, question qui n’est pas facultative, l’abbé Belmont professe indirectement des erreurs graves, des erreurs incompatibles avec la « monarchie pontificale » et le droit divin qui lui est lié. Et je ne vois pas en quoi ce serait moins grave que les erreurs professées par la FSSPX…
Voilà où nous en sommes « depuis des décennies »… sans pouvoir apporter d’un côté comme de l’autre de réponse ou de solution qui satisfasse à tous les principes catholiques et la Foi dans tous ses contours…
Oui, les « catholiques de tradition (sont bien) à la croisée des chemins »…

[1] Code de Droit canon, can. CIS 219.