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@valens735 a écrit ICI : " La réponse aux Dubia de Mgr Lefebvre est très décevante en maints aspects. Par exemple, elle altère le sens d'Immortale Dei & de Non abbiamo bisogno pour faire croire que, pour ces auteurs, les papes Léon XIII & Pie XI, il n'était pas de la compétence de l'État en tant que tel de discerner la vérité en matière religieuse. "
Réponse : Pour commencer, je citerai …More
@valens735 a écrit ICI : " La réponse aux Dubia de Mgr Lefebvre est très décevante en maints aspects. Par exemple, elle altère le sens d'Immortale Dei & de Non abbiamo bisogno pour faire croire que, pour ces auteurs, les papes Léon XIII & Pie XI, il n'était pas de la compétence de l'État en tant que tel de discerner la vérité en matière religieuse. "

Réponse : Pour commencer, je citerai ladite Réponse de la CDF aux dubia de Mgr Lefebvre afin de contextualiser votre critique : " Il n'est pas de la compétence de l'Etat en tant que tel de discerner la vérité en matière religieuse ( à part en ce qui se rapporte à la morale naturelle, à ce qui peut limiter, à ce qu'on vient de le dire, les manifestations portant atteinte au bon ordre public ). Ce principe est basé sur la distinction des fins et des moyens propres à l'Eglise et à l'Etat.... La distinction des compétences entre l'Eglise et l'Etat, et l'affirmation générale de DH, 3 ( l'Etat doit favoriser la vie religieuse des citoyens ), n'exclut pas que la Religion Catholique puisse et doive être aidée de manière spéciale par l'Etat, selon les circonstances. Et, par dessus tout, il est nécessaire de distinguer cet enseignement qui se réfère au droit civil, des problèmes moraux connexes qui sont ici hors de propos... "

Léon XIII, Pie XI et Pie XII défendent certes que la situation politique la plus parfaite et conforme à la volonté de Dieu consiste en ce que l'Etat, dans son ordre civil propre, donne une primauté d'hommage public à la vraie religion... dans des pays évidemment à forte majorité de catholiques. Dignitatis Humanae et la réponse de la CDF ( dirigée alors par le Card. Ratzinger ) ne s'opposent heureusement pas à cet idéal souhaitable. Ainsi, Léon XIII et Pie XII conviennent-ils que :

" Des temps arrivent parfois où prévaut un autre mode d'assurer la concorde et de garantir la paix et la liberté; c'est quand les chefs d'Etat et les Souverains Pontifes se sont mis d'accord par un traité sur quelque point particulier. Dans de telles circonstances, l'Eglise donne des preuves éclatantes de sa charité maternelle en poussant aussi loin que possible l'indulgence et la condescendance. " ( Immortale Dei, Léon XIII )

" (...) L’Eglise ne dissimule pas qu’elle considère en principe cette collaboration comme normale, et qu’elle regarde comme un idéal l’unité du peuple dans la vraie religion et l’unanimité d’action entre elle et l’Etat. Mais elle sait aussi que depuis un certain temps les événements évoluent plutôt dans l’autre sens, c’est-à-dire vers la multiplicité des confessions religieuses et des conceptions de vie dans la même communauté nationale, où les catholiques constituent une minorité plus ou moins forte ". ( Pie XII, discours du 7 septembre 1955 )

Point de doctrine que le père Louis-Marie de Blignières rappelle de cette façon dans son étude :

16. Comment expliquer la pratique du Saint-Siège depuis le concile, qui semble favorable au non-confessionnalisme de l’État ?

De soi, « la doctrine de la liberté religieuse ne contredit pas le concept historique de l’État dit confessionnel [...]. Elle n’empêche pas que la religion catholique soit reconnue par le droit humain public comme la religion commune des citoyens d’une région déterminée, ou que la religion catholique soit établie par le droit public comme religion de l’État. ». Telles sont les paroles du rapporteur officiel du texte (AS III, VIII, 463).

Voilà la doctrine. La pratique concordataire du Saint-Siège est cependant, depuis le concile, défavorable au confessionnalisme formel de l’État (26) . Il s’agit d’un jugement de prudence politique qui n’a évidemment rien d’infaillible. On peut le déplorer, surtout dans le climat général d’indifférentisme où cela est interprété dans le sens que l’État n’a pas de devoirs spéciaux à l’égard de la vérité religieuse. Il ne faut pas oublier en effet que le devoir indirect de la puissance civile vis-à-vis de l’ordre surnaturel relève de la loi divine. La société doit en tenir compte dans ses lois humaines. Mais l’inscription de ce 26 Cf. cependant le Concordat entre le Saint-Siège et la Colombie, 1973, art. 1 : « L’État, eu égard au sentiment catholique traditionnel de la nation colombienne, considère la Religion Catholique, Apostolique et Romaine comme élément fondamental du bien commun et du développement intégral de la communauté nationale. »

Soit dit en passant, il n'est pas aberrant d'incliner à penser que si certains Etats chrétiens d'autrefois qui furent les plus confessionnalisés se sont aussi brusquement effondrés, par exemple en France depuis la Révolution, c'est sans doute en partie du fait de certains errements absolutistes ( que vous avez vous-même pointés ) et à des excès de cléricalisme qui ont accouché en l'occurrence du funeste laïcisme à la française.