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Irapuato

19 Septembre - Notre-Dame de La Salette: La Mère qui Pleure
Le 19 septembre 1846, dans les Alpes françaises, la Vierge Marie est apparue à deux jeunes bergers, Mélanie et Maximin, versant des larmes pour les péchés de l'humanité. Le visage empreint de douleur et le cœur rempli d'amour, elle s'est révélée comme la Mère qui Pleure, appelant le monde à la réconciliation, la prière et la conversion. Son message d'espoir et de pénitence résonne encore aujourd'hui, nous rappelant que chacune de ses larmes est un appel à tourner nos regards vers Dieu.
Lumière de l'Église

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la Salette

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Irapuato

L'apparition mariale de Notre-Dame de La Salette se serait produite le 19 septembre 1846 en haut du village de La Salette-Fallavaux, en France.
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Apparition mariale de La Salette — Wikipédia
La Vierge Marie serait apparue à deux petits bergers, Mélanie Calvat et Maximin Giraud. Cet événement, rapporté par les deux enfants le soir même, fait l'objet d'une première rédaction le lendemain. Plusieurs prêtres, ainsi que les autorités civiles, viennent interroger les enfants durant plusieurs mois. L'évêque de Grenoble, Philibert de Bruillard, ouvre une enquête canonique, et finalement, le 19 septembre 1851, cinq ans après les faits, reconnaît officiellement l'apparition comme authentique.
La polémique se déclenche dès 1846. Les sceptiques regroupent des libres-penseurs, des athées, mais également des catholiques, y compris des prêtres et des évêques. La reconnaissance officielle par l'évêque du lieu ne calme pas le débat, et le nouvel évêque de Grenoble, Jacques Ginoulhiac, ouvre une seconde enquête, pour conclure en 1855 par une confirmation de la reconnaissance ecclésiale effectuée par son prédécesseur.
Le message de la Vierge est, d'après les enfants, un « message d'espérance » et d'intercession de la Vierge Marie, qui se soucie de la nourriture de son peuple, et rappelle qu'elle intercède continuellement pour les hommes auprès de son fils. Les reproches sur « l'impiété du peuple » (qui ne va plus à la messe et travaille même le dimanche), ainsi que les annonces de mauvaises récoltes et de famines sont fortement mis en doute.
En 1852 débute la construction d'une église et d'un sanctuaire marial sur le lieu même de l'apparition. Une congrégation religieuse est créée (les Missionnaires de Notre-Dame de la Salette), afin de « accueillir les pèlerins et diffuser le message de La Salette ». Aujourd'hui, la « Vierge de La Salette » fait l'objet d'une dévotion dans le monde entier.
Récit des événements

Le contexte historique
Dans cette région des Alpes, la population parle généralement un patois local francoprovencal, au point que les populations rurales maîtrisent mal le français, et que la Vierge, dans le récit des enfants, basculera du français au patois afin de s'adapter à ses auditeurs[S 1]. Ainsi, lors des auditions, les enfants s'exprimeront mieux en patois qu'en français et préciseront plusieurs fois leurs idées en patois, le vocabulaire français leur faisant défaut[S 2].
La situation économique dans ces montagnes est mauvaise : la France et l'Europe sont frappées en 1846 par une « maladie de la pomme de terre »[N 1]. Cette même année, la production de céréales baisse fortement (du fait des conditions climatiques), et le prix du pain double[E 1]. Les paysans pauvres louent leurs enfants à des paysans un peu plus riches (à la semaine ou au mois), pour que les enfants gardent les troupeaux ou effectuent des travaux des champs en échange d'un maigre revenu, ou simplement d'un repas[S 3]. Ce sera le cas de Mélanie (louée pour plusieurs mois) et de Maximin (loué pour quelques jours seulement). Maximin est orphelin de mère, et ni l'un ni l'autre ne savent lire ou écrire[S 3].
Au niveau spirituel, la population vit une forte déchristianisation. Un curé rapporte que les fidèles font preuve « d'indifférence et d’apathie religieuse, les fêtes et les dimanches sont profanés », le culte et la prière font l'objet de dérision et de mépris des populations paysannes. Les blasphèmes et le travail le dimanche sont monnaie courante[E 1].
Cette apparition est une des premières d'un nouveau cycle d'apparitions mariales qui touche la France au XIXe siècle, mariophanies qui voit un renouveau local du culte marial, nourri par le processus de « recharge sacrale », et par la monarchie de Juillet, période de l'histoire de France marquée par le développement d'un courant catholique libéral et ultramontain à l'origine d'un renouveau du catholicisme, et par une poussée d'anticléricalisme pourtant rassuré avec le remplacement d'un régime monarchiste conservateur par un régime progressiste qui garantit les principales conquêtes de la Révolution française. Les antagonismes internes à l'Église catholique au cours de la révolution de 1848, voient le déclin du gallicanisme au profit de l'ultramontanisme dont le sentiment dynamique et populaire est favorisé par les papes qui encouragent la dévotion mariale et la renforcent par la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX en 1854[1],[2]. L'apparition de Lourdes (en 1858), puis Pontmain (en 1871) vont, d'après Bouflet et Boutry, donner « une inflexion très considérable [...] [et] modifier sensiblement les formes et les procédures, les dynamiques et les équilibres ainsi que les enjeux pastoraux et spirituels des mariophanies. »[S 4].
Ce mouvement apparitionnel s'intègre ainsi dans la suite mariophanique française du XIXe siècle (années 1830-1875)[3]. Les apparitions mariales de Fátima au Portugal en 1917, puis celle de Beauraing et celle de Banneux en Belgique en 1933, européanisent ce mouvement[4] qui se mondialise au cours du XXe siècle. Si le modèle marial français et germanique décline, « la péninsule Ibérique, les îles Britanniques, l'Amérique du Nord, voire l'Est européen deviennent terre d'accueil. Marie visite par priorité les berceaux de la latinité et leurs prolongements[5] ».

L'apparition
Statue de Notre-Dame de La Salette en pleurs (Pologne).
Le récit de cette apparition n'est connu que par les dires des deux enfants.
Le samedi 19 septembre 1846, sur une montagne proche du village de La Salette-Fallavaux, deux jeunes bergers, Mélanie Mathieu ou Mélanie Calvat, âgée d'un peu moins de 15 ans, et Maximin Giraud (qu'on appelle parfois Mémin, et, par erreur, Germain), âgé de 11 ans[N 2], montent avec leur troupeau respectif à l'alpage, dans les prés qui leur sont dévolus. Les deux enfants ne se connaissent que depuis la veille[E 1]. Vers midi ils amènent ensemble leur troupeau à une petite source pour faire boire les bêtes. Ils prennent leur maigre repas (du pain et de la tome sèche), d'autres bergers les rejoignent (pour faire boire leurs bêtes) et repartent, les laissant seuls. Les deux enfants, restés seuls, en profitent pour faire une sieste dans le pré[S 3]. À leur réveil, vers quinze heures, ils réalisent que leurs bêtes se sont éloignées, et partent à la recherche du troupeau. Ils voient apparaître une « grande clarté » dans le creux d'une combe où coulait jadis une source tarie[N 3]. En s'en rapprochant, ils voient une « belle dame », assise, la tête entre les mains, et les coudes sur les genoux, visiblement en pleurs[E 2]. La description donnée par les enfants est la suivante : « elle avait un bonnet de forme simple, abaissé sur les yeux et fort élevé sur le front, selon la coiffure des femmes de l'Oisans. Elle portait une longue robe blanche qui lui descendait jusqu'aux pieds, recouverte d'un fichu blanc et d'un tablier jaune. Des guirlandes de roses entouraient ses pieds, [ainsi que] le galon de son fichu et sa tête. Sur la poitrine elle portait une grande croix ou, de part et d'autre du Christ, étaient figurés les instruments de la Passion »[E 2].
Après les avoir invité à s'approcher, et avoir fait quelques pas vers les enfants, la dame s'adresse à eux et commence un long dialogue avec les enfants, d'abord en français, puis en patois[N 4], car les enfants ne maitrisent pas complètement le vocabulaires français. Poursuivant dans leur patois local, la « dame » termine son échange en révélant un secret à chacun des enfants, avec interdiction de le révéler, et les invite à bien prier chaque jour. En quittant les enfants, la « dame » leur demande par deux fois « hé bien mes enfants, faites-le bien passer à tout mon peuple »[S 5],[E 3]. Puis elle s'éloigne de quelques pas, s'élève dans le ciel à 1,5 m de haut, et disparait doucement[E 3].

Le recueil du récit
Le soir venu, les enfants parlent à leurs maîtres respectifs de cet événement. La veuve Pra (dite veuve Caron), maîtresse de Mélanie, se dit d'avis qu'ils ont vu la Sainte Vierge[A 1] et on engage les enfants à tout raconter au curé de La Salette. Ils le font le lendemain dimanche au matin. Le curé pleure d'émotion, prend des notes et, de nouveau en larmes, parle du fait dans son prône[A 2].
La relation Pra
Notre-Dame de La Salette avec les petits bergers voyants Mélanie Calvat et Maximin Giraud (chapelle Notre-Dame de La Salette de Toulouse.
Le dimanche soir, en présence de Mélanie mais en l'absence de Maximin, que son maître a reconduit dans sa famille à Corps, Baptiste Pra, maître de Mélanie, Pierre Selme, maître de Maximin, et un certain Jean Moussier collaborent à une mise par écrit des propos tenus par la dame aux enfants, « dans un français malhabile qui retranscrit le parler dialectal des enfants »[S 6],[A 3]. Le document qui en résulte, et qu'on appelle « relation Pra », n'est plus connu que par une copie qu'en fit un enquêteur[N 5], l'abbé Lagier, en février 1847[A 4]. Cette copie a la teneur qui suit[pertinence contestée][N 6] :

« Lettre dictée par la Sainte Vierge à deux enfants sur la montagne de La Salette-Fallavaux
Avancez mes enfants, n'ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande nouvelle ; si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée à laisser aller la main de mon fils ; il [sic] est si forte et si pesante que je ne peux plus le maintenir, depuis le temps que je souffre pour vous autres, si je veux que mon fils ne vous abandonne pas je suis chargée de le prier sans cesse moi-même, pour vous autres n'en faites pas de cas ; vous auriez beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j'ai prise pour vous autres.
Je vous ai donné six jours pour travailler ; je me suis réservé le septième et on veut [sic] pas me l'accorder, c'est ça qui appesantit tant la main de mon fils ; et aussi ceux qui mènent les charrettes ne savent pas jurer sans mettre le nom de mon fils au milieu, c'est les deux choses qui appesantissent tant la main de mon fils.
Si la récolte se gâte ce n'est rien que pour vous autres, je vous l'avais fait voir l'année passée par les pommes, mais vous n'aviez pas fait cas que c'était au contraire, quand vous trouviez des pommes de terre gâtées vous juriez et vous mettiez le nom de mon fils au milieu.
Ils vont continuer que cette année pour la Noël il y en aura plus.
(vous ne comprenez pas mes enfants je m'en vais vous le dire autrement...)
Si vous avez du blé il ne faut pas le semer, tout ce que vous sèmerez les bêtes le mangeront et ce qu'il restera encore que les bêtes n'auront pas mangé, l'année qui vient en le battant tombera en poussière.
Il viendra une grande famine avant que la famine arrive les enfants au-dessous de sept ans prendront un tremble qui mourront entre les mains des personnes qui les tiendront.
Les autres feront leur pénitence en famine. Les noix viendront boffes, et les raisins pourriront et s'ils se convertissent les pierres et les rochers deviendront des amas de blé, et les pommes de terre seront ensemencées (pour l'année qui vient). L'été ne va que quelques femmes un peu vieilles à la messe le dimanche et les autres travaillent, et l'hiver les garçons lorsqu'ils ne savent pas que faire vont à la messe que pour se moquer de la religion. Le monde ne font point de carême ils vont à la boucherie comme les chiens ; faites-vous bien votre prière mes enfants, pas beaucoup madame. Il faut bien la faire soir et matin et dire au moins un Pater et un Ave quand vous ne pourrez pas mieux faire.
N'avez-vous point vu du blé gâté mes enfants, non madame, mais mon enfant vous n'en devez bien avoir vu une fois que vous étiez allé avec votre père au Coin qu'il y avait un homme qui dit à votre père de venir voir son blé qui était gâté ; puis votre père y est allé et il prit quelques épis dans sa main il les frotta et tombèrent en poussière, puis en s'en retournant comme ils étaient encore une demi-heure loin de Corps votre père vous donna un morceau de pain et vous dit tiens mon enfant mange encore du pain cette année que nous ne savons pas qui en va manger l'année qui vient si ça continue comme ça.
Allons mes enfants faites-le bien passer à tout mon peuple[A 5]. »
En résumé, la Vierge se plaint de l'impiété des chrétiens, elle prédit des châtiments épouvantables s'ils persévèrent, et promet la clémence divine s'ils s'amendent ; elle charge les deux enfants de faire savoir ces choses à tout son peuple.
D'après des relations ultérieures, les mots « je vais vous le dire autrement » signifient que la Vierge, qui a d'abord parlé en français, se met à parler dans le patois de Corps[A 6], un dialecte provençal alpin[6],[S 6].

Les autres rédactions
Notre-Dame de La Salette avec les petits bergers voyants Mélanie Calvat et Maximin Giraud. Statues dans l'église de Corps
Quelque temps plus tard, le prêtre de Corps, l'abbé Mélin interroge les deux enfants et rédige un nouveau texte, plus complet « soucieux de reproduire leurs dires le plus exactement possible : en un mot, textuellement »[S 6]. L'abbé Mélin dira « Je suis allé très lentement dans les informations que j'ai pu prendre, je n'ai rien pu découvrir qui dénote le moins du monde la supercherie ou le mensonge »[E 3]. En octobre, le nouveau curé de La Salette, Louis Perrin, interroge les deux voyants et rédige son récit. Yves Chiron souligne que « devant des auditeurs d'esprit différent et de niveau culturel très inégal, Mélanie ne s'est pas contredite, et Maximin a confirmé ses propos », et que les relations postérieures ne feront que confirmer les trois premiers récits[E 3].
En février 1847, l'abbé François Lagier, originaire de Corps, qui parle le patois local (mais curé à Saint-Pierre-de-Chérennes), vient à trois reprises interroger les enfants séparément. La plus courte des visites dure près de quatre heures. L'abbé Lagier indique que « le texte qu'il produit n'est plus à proprement parler une relation, c'est une dictée où le transcripteur ne fait pas plus écran au dire des enfants que ceux-ci à la parole de la Vierge »[S 1]. Dans cette rédaction l'abbé Lagier s'attache, selon Bouflet et Boutry, à retranscrire « la singularité d'une expérience et l'intégralité d'un témoignage dans l'ensemble de leurs dimensions, linguistiques et lexicales au premier chef, mais encore topographiques et chronologiques, psychologiques, sociales et culturelles ». Ces auteurs le qualifient « d'anthropologue avant la lettre », et de praticien d'une anthropologie sociale et culturelle[S 2].
Si la relation de Pra est écrite en présence de Mélanie et en l'absence de Maximin, le P. Stern estime cependant possible que les rédacteurs aient ajouté aux déclarations de Mélanie des choses qui avaient été dites par Maximin[A 3]. En effet, chacun des deux voyants a, dans les premières semaines, une partie du message de la dame dont il est plus sûr que l'autre voyant. Le curé de La Salette[N 7] notait le 16 octobre 1846 : « Tout ce récit » [c'est-à-dire essentiellement ce qui concerne les plaintes, les menaces et les promesses de la Vierge] « est fidèlement donné par la petite Mélanie et quoique le petit Germain n'ait pas pu dans le principe le donner avec le même ordre, il a toujours dit néanmoins en l'entendant raconter à sa petite compagne, que c'était bien cela. Ce qui suit » [c'est-à-dire essentiellement le récit de l'incident de Coin, qui met en scène Maximin et son père] « a été plus particulièrement compris et retenu par le petit Germain ; Mélanie avouant qu'il est certain que la dame a parlé au petit sans qu'elle ait bien pu la comprendre[A 7]. ».
Cependant, selon les termes du P. Stern, un « processus d'harmonisation » entre les déclarations des deux enfants aboutit à la fixation de la « vulgate salettine » : « La façon dont [Maximin] présente les paroles de la Dame (...) en février-mars 1847 doit certainement quelque chose aux récits qu'il a entendu faire à Mélanie entre-temps. Mais une influence en sens inverse, de Maximin sur Mélanie, a dû également exister[B 1]. » Bientôt, des interrogateurs (d'ailleurs favorables à l'authenticité de l'apparition) notent que les enfants récitent leur témoignage comme une leçon apprise[B 2].
Le 22 mai 1846, le juge de paix de Corps et son greffier, font (à leur tour) subir un interrogatoire séparé à Mélanie et à Maximin. Le procès-verbal réalisé est envoyé au Parquet de Grenoble et le ministère public ne poursuit pas plus son enquête[7].

Les secrets
Lors d'un interrogatoire, le 12 octobre 1846, Mélanie finit par lâcher : « La Belle Dame a bien tardé de parler. Je lui voyais remuer les lèvres, mais que disait-elle ? Je ne peux pas te le dire, elle me l’a défendu ». Ce à quoi répond Maximin « Elle m’a dit quelque chose à moi aussi, mais je ne veux pas te le dire non plus. ». C'est ainsi que les voyants se révèlent mutuellement, et à leurs auditeurs, qu'ils sont dépositaires, chacun d'un « secret » différent. Ils vont garder ce secret durant 5 ans[7],[A 8],[S 7].
Mais en mars 1851, l’évêque de Grenoble est notifié que le Pape Pie IX souhaite connaître le contenu du secret des enfants. Deux abbés se rendent donc auprès des enfants pour tenter de les faire parler. Mélanie résiste longtemps. En juillet, ils écrivent eux-mêmes séparément leur secret dans une des salles de l’évêché de Grenoble, cachètent leur lettre en présence de témoins ecclésiastiques et laïcs, et la dépêche est envoyée et transmise à Rome. Le Saint Père reçoit le courrier le 18 juillet 1851. Il lit le secret de Maximin et déclare « Il y a ici la candeur et la simplicité d’un enfant ». Puis après avoir lu le courrier de Mélanie il déclare attristé : « Ce sont des fléaux qui menacent la France, elle n’est pas seule coupable, l’Allemagne, l’Italie, toute l’Europe est coupable et mérite des châtiments »[7],[E 4].
Par la suite, les « secrets » vont être rédigés plusieurs fois par les voyants (toujours sous le sceau du secret et de la confidentialité). Au total, nous avons :
trois rédactions par Maximin (de 1851 à 1853)
cinq rédactions par Mélanie (de 1851 à 1878)
Ces différentes versions, faites sans disposer des versions antérieures, ont toutes été confrontées et recoupées[8],[9].
D'après certaines sources, le secret de Maximin lui vaut l'inimitié de l'évêque de Grenoble, Ginoulhiac, (alors que son prédécesseur Bruillard l'estimait), car Maximin traite Napoléon III « d'aiglon déplumé », en lien avec le secret dont il est dépositaire. L'évêque étant proche politiquement de l'empereur, « persécuta » les voyants et les contraignit à l'exil (de son diocèse), entrainant leur vie d’errance[10],[11]. Le 9 mai 1854, Ginoulhiac écrivait au ministre des cultes « pour le rassurer sur l'inanité du secret de La Salette qui prédisait la fin malheureuse de Napoléon III »[12],[N 8].
Le contenu de ces secrets va être source de fortes tensions et spéculations dans certains milieux, mais aussi de publications. Ainsi Maximin se verra proposer un « château et tout son parc » en l'échange de son secret[E 5]. Mélanie a indiqué que son « secret » ne pourrait être divulgué avant 1858[8]. Des personnes ayant probablement eu des versions incomplètes du texte de Mélanie[N 9], en publieront des extraits en 1860. En 1871 une brochure est publiée à Grenoble avec un texte « prétendant être le secret de Maximin ». En 1873, est publié à Naples un texte contenant « le secret de Mélanie » (lettre qui aurait été rédigée par Mélanie au prêtre, auteur de la publication). En 1879, c'est Mélanie qui publie un récit des apparitions[13] avec une autre version du secret (plus longue et plus complète que la précédente). Cette publication se fait avec l'accord de l'évêque de Lecce[E 5],[N 10]. Le texte est « une sombre prophétie renouvelée de l'Apocalypse et un violent acte d'accusation contre le clergé », qui cite des personnalités de l'époque (Napoléon III), ainsi que des lieux (« Paris sera brûlé, Marseille englouti[N 11] »), et des dates, ainsi qu'une grave crise dans l’Église et la naissance de l'antéchrist. Cette publication provoque une controverse qui durera plus d'un siècle[E 5], au point qu'une réédition (de ce livre) en 1922 sera inscrite à l'Index par décret le 9 mai 1923[S 8]. Yves Chiron souligne que « ceux qui tiennent ce texte pour authentique [...] y lisent l’annonce d'événements terribles y voyant certains drames du XXe siècle » (les deux guerres mondiales, les catastrophes naturelles, la crise de l’Église des dernières décennies), et les adversaires du texte (publié en 1879) estiment « qu'il contient trop d'éléments hétérogènes et d'affirmations contestables ou surprenantes pour être authentique »[E 6].
Restés introuvables par les historiens lors de l'ouverture des Archives secrètes du Vatican, ces textes sont considérés comme perdus, jusqu'en octobre 1999, où Michel Corteville, en rassemblant des textes pour une thèse sur les apparitions de La Salette, retrouve les textes rédigés par les deux enfants en 1851 dans les archives de la Congrégation pour la doctrine de la foi[E 6]. Ces textes sont confrontés aux autres rédactions et publications et ont fait l'objet d'une thèse soutenue à l'Université pontificale grégorienne (par Michel Corteville), et d'une publication en 2002[9],[10]. Le texte rédigé par Maximin est plus court que celui rédigé par Mélanie, mais son contenu est « en substance », identique[E 7]. Le texte de Mélanie[N 12], annonce « tout à la fois des destructions terribles, une persécution de l’Église, un attentat contre le pape[N 13], une conversion générale, le retour de la monarchie en France[14], puis une apostasie, la venue de l'Antéchrist et la fin des temps. »[E 7].
Suites et conséquences de l'apparition

Reconnaissance par l’Église catholique
Statue de Notre-Dame de La Salette dans la Manche.
Notifié par courrier de l'événement le 4 octobre 1846 (par une lettre succincte du curé Mélin), l'évêque de Grenoble Philibert de Bruillard, rassemble les pièces et soumet, en novembre, 14 pièces (lettres et récits) dont il dispose aux professeurs du grand séminaire de Grenoble, et aux membres du chapitre de la cathédrale. Tous sont d'avis de ne pas encore se prononcer. La nouvelle de « guérisons miraculeuses à La Salette », et une polémique dans des journaux parisiens (autour de cette supposée apparition), pousse l'évêque à ouvrir officiellement une enquête canonique le 19 juillet 1847[E 8]. La commission d'enquête intègre le chanoine Pierre-Joseph Rousselot (1785-1865), « professeur de théologie dogmatique et partisan de la réalité des faits ». Il deviendra le premier historien des apparitions de La Salette. La commission interroge les voyants, les habitants et les prêtres des environs. Elle se renseigne également sur les « guérisons signalées ». La commission rédige un rapport et se prononce le 13 décembre 1847, à la majorité, en faveur de l'approbation de l'apparition[S 9],[E 8].
En janvier 1847, l'évêque rédige une déclaration de reconnaissance, mais ne la diffuse pas immédiatement[N 14]. En 1849, le chanoine Rousselot publie un ouvrage La vérité sur les événements de La Salette[15], avec une introduction de Bruillard qui « s'y prononce publiquement en faveur de l'authenticité de l'apparition »[E 8],[16]. L'évêque autorise la création de la confrérie Notre-Dame-Réconciliatrice, et ouvre les négociations pour acheter les terrains en vue de la création d'un sanctuaire[E 4].
L'évêque Bruillard, et le chanoine Rousselot, fervents partisans tous deux de la reconnaissance de l'apparition, demandent aux autorités vaticanes de reconnaître publiquement l'apparition mariale. Mais le pape Pie IX et le cardinal Lambruschini, préfet de la congrégation des rites, apportent une fin de non recevoir aux demandes de l'évêque. Si bien que durant l'été 1851, le chanoine Rousselot se rend en personne à Rome pour obtenir la reconnaissance papale. Sa démarche se solde par un échec « Le Vatican refusant de prendre position sur cet événement »[S 10]. Finalement, le 19 septembre 1851, Buillard, publie un mandement destiné à être lu dans toutes les paroisses du diocèse où il proclame l'authenticité de l'apparition : « Nous jugeons que l'apparition de la Sainte Vierge à deux bergers, le 19 septembre 1846, sur une montagne des Alpes, située dans la paroisse de La Salette, de l'archiprêtré de Corps, porte en elle-même tous les caractères de la vérité, et que les fidèles sont fondés à la croire indubitable et certaine. »[S 4],[17].
En 1855, Jacques Ginoulhiac, évêque de Grenoble, après une nouvelle enquête confirme la décision de son prédécesseur, tout en déclarant : « La mission des bergers est finie, celle de l’Église commence »[17]. Le 20 août 1879 l'église du sanctuaire est officiellement consacrée, et promue au rang de basilique mineure[18].
La Congrégation pour le culte divin publie le 18 mars 2016 un décret inscrivant la célébration de la Vierge Marie sous le titre de « La Salette » dans le propre de France, au 19 septembre, à titre de mémoire facultative[19].

Doutes
L'annonce de l'apparition miraculeuse suscite l’ironie des libres penseurs, mais également le scepticisme chez les fidèles et surtout chez les ecclésiastiques, notamment dans les diocèses de Grenoble et Lyon.
La contestation débute avant la reconnaissance officielle par l’Église catholique, via l'évêque de Grenoble, de « l'authenticité des apparitions », et se poursuit plusieurs années après. Le jeune voyant Maximin Giraud s'étant rendu auprès du Curé d'Ars, ce dernier déclare à la suite de son entretien que le jeune Maximin s'est rétracté, et que d'après l'enfant les apparitions sont fausses[C 1]. L'affirmation de l'ecclésiastique jette le trouble parmi les partisans de l'apparition, et sera largement exploitée par ses détracteurs. C'est « l'incident d'Ars », qui est conclu par de nouveaux interrogatoires du garçon par les autorités de l’Église, qui nie avec assurance s'être rétracté devant le curé[20],[C 2], et la conclusion, par l’Église, que les déclarations des « voyants » sont fiables, et que « l'apparition mariale » a bien eu lieu à La Salette[17]. Quelque temps plus tard[Quand ?], le curé d'Ars affirme lui aussi croire à l'authenticité des apparitions, pour des raisons personnelles[21],[22]. Selon Joseph Giray (Joseph Giray, Les miracles de la Salette : étude historique et critique, t. 2, Grenoble, 1921, 481 p., p. 279), Maximin aurait dit lui-même avoir voulu mettre à l'épreuve le don de discernement du Curé d'Ars. Mais le P. Jaouen (Jean Jaouen, La grâce de La Salette au regard de l'église, Association des Pèlerins de La Salette, 1981, 319 p., p. 198) note que la source de Mgr Giray est un témoignage tardif (1917) et indirect.
La reconnaissance officielle par Philibert de Bruillard le 16 novembre 1851 ne convainc ni l’abbé Deléon[23] ni le curé Cartellier[24], qui rédigent des ouvrages et des articles exprimant leurs doutes, affirmant que la « belle dame » est en réalité une vieille fille connue dans le pays[25]. Ces écrits ont amené à la tenue de procès en diffamation par la « vieille fille », mais aussi contre l'auteur des ouvrages[26]. L'évêque du lieu, Ginoulhiac, tente sans succès de faire interdire ces publications (blasphématoires selon ses dires). Seule la mise au jour des auteurs véritables[N 15] et leur jugement par les autorités de l’Église, stopperont leurs actions[27].

Irapuato

L'histoire - Sanctuaire Notre-Dame de La Salette Elle pleure et va révéler aux enfants ses secrets :
« On ne respecte plus le dimanche, jour du Seigneur, on jure sans cesse en ne respectant pas le nom de mon Fils. Si mon peuple ne se convertit pas, il lui arrivera de grands malheurs. Je ne peux plus retenir le bras de mon Fils »
Autres fêtes du jour
Vénérable Albino Alves da Cunha e Silva
Prêtre portugais au Brésil (+ 1973)
Vénérable Alessandro Nottegar
Laïc et père de famille, fondateur de la Communauté Regina Pacis (+ 1986)
Saint Alonso de Orozco
Religieux augustin (+ 1591)
Saint Arnoul de Gap
Évêque (+ v. 1078)
Saint Charles Hyon Song-mun
Martyr en Corée (+ 1846)
Saint Cyriaque
Abbé (+ 1030)
Saint Eustoche
évêque de Tours (+ v. 461)
Saints Felix, Constance et Felicissimus
Martyrs à Nocera (Ier siècle)
Bienheureux Giuseppe Bernardi et Mario Ghibaudo
Prêtres diocésains italiens martyrs (+ 1943)
Saint Goëry
30e évêque de Metz (+ 647)
Saint Lantbert
évêque en Bavière (+ 957)
Bienheureuse Marie de Cervellione
Religieuse de Notre-Dame de la Merci (+ 1290)
Bienheureux Marie, Dolorès, Consolata, Hyacinthe, Françoise
Martyrs de la guerre civile espagnole (+ 1936)
Saint Marien
Ermite d'Entraigues, protecteur d'Evaux les Bains (VIe siècle)
Vénérable Miguel Maura Montaner
Prêtre diocésain espagnol fondateur (+ 1915)
Notre-Dame de La Salette
(+ 1846)
Saints Peleas et Nil
évêques et leurs compagnons, martyrs en Palestine (+ 310)
Sainte Pomposa
Moniale, martyre à Cordoue (+ 853)
Saint Rotland
évêque d'Arles (+ 869)
Saint Seine
Abbé (VIe siècle)
Saint Senoux
(+ 530)
Saint Sezni
Moine irlandais (Ve siècle)
Sainte Suzanne
Martyre à Eleuthéropolis en Palestine (+ v. 362)
Saint Théodore de Cantorbéry
Évêque (+ 690)
Saints Trophime et Sabbatios
Martyrs en Phrygie (IIIe siècle)