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Thomas d’Aquin contre Grégoire Palamas - La Réfutation de la profession de foi des Athonites de Prochoros Kydonès. Présentation de deux thèse sur la question: 1) par Romain Feeser, diplômé de masterPlus
Thomas d’Aquin contre Grégoire Palamas - La Réfutation de la profession de foi des Athonites de Prochoros Kydonès.

Présentation de deux thèse sur la question:

1) par Romain Feeser, diplômé de master

L’Église byzantine au xive siècle fut déchirée par une grave crise connue sous le nom de crise hésychaste ou palamite, du nom de son principal protagoniste : Grégoire Palamas. La théologie de Grégoire Palamas fut considérée par ses partisans comme la formalisation de traditions orthodoxes anciennes dans la lignée de l’hésychasme des Pères du désert des premiers siècles chrétiens, tandis que ses détracteurs la dénoncèrent pour ses formules révolutionnaires et contraires, selon eux, aux écrits des Pères de l’Église. La théologie palamite conféra en effet un fondement doctrinal à une prière mystique censée conduire à la connaissance de Dieu par la participation à ses énergies incréées. Grégoire Palamas distinguait en effet l’essence divine incréée et imparticipable et l’énergie divine incréée mais participable ; cela lui valut d’ailleurs d’être accusé de dithéisme. Pour expliquer sa doctrine, Palamas a souvent recouru à l’image du soleil – ici l’essence divine incréée et imparticipable – et de ses rayons – les énergies divines qui sont incréées car de nature divine, mais qui sont participables. Cette participation divine était rendue possible grâce à l’expérience mystique de la prière du cœur qui donne à voir à l’orant la lumière divine semblable à celle qui entoura le Christ lors de sa Transfiguration au mont Thabor. Cette insistance sur la lumière thaborique dans la théologie de Palamas en a fait un des thèmes les plus débattus au cours des différentes phases que connut la querelle palamite.

2) Martin Jugie, 1878-1954:

Etienne Jugie est natif du Limousin où il voit le jour le 3 mai 1878, à Pauliac, près d'Aubazine (Corrèze). Il fait ses études secondaires dans les alumnats de l'Assomption: Le Breuil (Deux-Sèvres), de 1891 à 1893, puis Clairmarais (Pas-de-Calais), de 1893 à 1895. Le 10 août 1895, il prend l'habit sous le nom de Frère Martin, à Livry-Gargan, et il y prononce ses premiers v?ux, le 10 août 1896. C'est à Jérusalem où il est admis à la profession perpétuelle le 15 août 1897, qu'il étudie la philosophie (1896- 1898) et la théologie (1898-1902). Il est ordonné prêtre, le 21 décembre 1901 par Mgr Piavi. Très vite, sur place, il commence à enseigner aux étudiants le grec (1899-1902). Il débarque à Phanaraki (Turquie) en juin 1902 et est appelé à la maison d'études de Kadi-Keuï en septembre 1902 pour y enseigner le grec (1902-1903), la théologie dogmatique qui est sa science de prédilection avec le droit canon (1903-1904). Après un court passage à la direction de l'alumnat grec établi dans la même maison (1904-1905), il reprend ses fonctions d'enseignement (1905-1914). Très tôt collaborateur aux Echos d'Orient, il s'attache à une oeuvre d'érudition et de publication centrées sur la théologie dogmatique. Mobilisé à Limoges de 1915 à 1917, il reprend à Rome ses activités scientifiques et enseignantes: le futur cardinal Schuster nommé par Benoît XV président de l'Institut pontifical oriental, récemment fondé, le désigne pour la chaire de théologie. De cet enseignement naissent de 1926 à 1935 les oeuvres maîtresses d'une carrière littéraire et religieuse prestigieuse, notamment les cinq gros volumes d'une Theologia dogmatica christianorum orientalium, vraie Somme théologique de la pensée religieuse de l'Orient chrétien séparé de Rome et mine d'érudition dominée par un esprit

de synthèse admirable, mais fort peu convertie aux premiers pas d'un oecuménisme irénique. Pendant quelques années, le P Jugie concilie son enseignement à l'Institut oriental avec des cours à l'Athénée du Latran et à l'Institut catholique de Lyon qui, tous deux, tiennent à bénéficier de son expérience unique des questions grecques et russes. Il vient à peine de remettre sa chaire de Lyon à l'un de ses meilleurs élèves, le P. Antoine Wenger, lorsqu'il se voit investi d'un enseignement au séminaire de la Propagande. Homme tenace et austère, le P. Martin, consulteur de Congrégations romaines, continue cependant avec une fidélité indéfectible ses diverses recherches historiques et théologiques auxquelles il voue toute son existence. Les grandes collections religieuses et dictionnaires théologiques du temps font appel à ses lumières parce que, dans son domaine, le P. Jugie fait autorité. Ses travaux sur le culte marial en Orient, l'homilétique et la piété, sont, de l'aveu même de Pie XII, des matériaux sûrs qui préparent et hâtent la définition dogmatique de l'Assomption de Marie (novembre 1950). Il publie en 8 volumes les oeuvres de Georges Scolarios dans une édition critique et plutôt technique, ce qui la voue de fait aux spécialistes de haut niveau, jetant ainsi un jour nouveau sur la vie spirituelle de Byzance au temps de son déclin et permettant de mesurer l'influence occidentale sur la pensée grecque. Cette oeuvre scientifique, le P. Jugie l'ordonne à ce qu'il pense être le vrai service en faveur de l'unité chrétienne. Le souci d'une recherche, objective dans toute sa rigueur, mais aussi inévitablement entachée des préjugés catholiques en faveur d'un christianisme intégral, ne le prédispose pas à cet autre courant d'un oecuménisme de dialogue ou de convergence. Homme humble, timide et même effacé, le P. Martin voit affluer compliments, honneurs, titres de reconnaissance; notamment lors de son jubilé d'or de sacerdoce (1951). Le gouvernement français ne peut faire moins que de lui conférer la croix de la Légion d'honneur. Atteint en 1953 d'une maladie incurable (maladie de Parkinson), le P. Martin doit mettre fin à son enseignement et se contraindre à un repos intellectuel absolu. Il meurt le lundi 29 novembre 1954, à 77 ans, à Lorgues (Var), avant la fin de cette Année mariale. Il y est inhumé le 30 novembre. Science et piété se trouvent réunies en lui à un point rare. L'attestent ceux qui l'ont connu, qui ont apprécié ses remarquables travaux non moins que son affabilité et sa piété candide.