www.atramenta.net/…/64549OLIVIER VALETTE
Petit traité de la foi catholique et apostoliquePrologue de saint Jean« Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu.
Par lui, tout s’est fait, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;
la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée.
Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean.
Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage.
Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
Il était dans le monde, lui par qui le monde s’était fait, mais le monde ne l’a pas reconnu.
Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu.
Mais tous ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu.
Ils ne sont pas nés de la chair et du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu.
Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.
Jean-Baptiste lui rend témoignage en proclamant : “Voici celui dont j’ai dit :
Lui qui vient derrière moi, il a pris place devant moi, car avant moi il était.” »
Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce :
après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.
Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c’est lui qui a conduit à le connaître.
Introduction (sur les ailes du Grand Aigle)
J’étais tout d’abord parti pour vous donner un enseignement sur la Croix, mais ce sera davantage comme une grande méditation sur le mystère de Jésus-Christ. Certes, l’élément central de notre propos reste la Croix, car sans elle il n’y a pas de Salut, mais on ne peut isoler le mystère de la Croix de l’ensemble du Mystère de notre Rédemption.
J’ai rassemblé un certain nombre d’enseignements donnés en diverses occasions sur des sujets tels que l’Incarnation rédemptrice, le dogme de Chalcédoine établissant la double nature de Jésus-Christ, les trois blancheurs, les autres religions – et l’islam en particulier – et la Sainte Trinité, mais aussi des questions de théologie morale plus que jamais d’actualité avec la publication d’
Amoris laetitia. Ce texte porte aussi, en toute fin, en appendice même, une mise en garde contre l’occultisme, sous toutes ses formes.
Nous venons d’entendre ce grand prologue de l’Évangile selon saint Jean, qui est proposé à la récitation des fidèles à l’issue de la Messe célébrée sous
le « rite bénédictin » (la forme extraordinaire du rite romain, remise en usage par le pape Benoît XVI et plus couramment appelée
« rite tridentin »). Et nous comprendrons vite pourquoi.
Tout d’abord, à la différence des évangiles de Matthieu, Marc et Luc, Jean, commence, pour sa part, non point sur terre mais dans le Ciel, en Dieu même. On lit au verset 1 : « Au commencement était le Verbe ». L’expression introduisant déjà la notion de temps, il faudrait plutôt traduire par « Dans l’origine, dans le principe ». Saint Jérôme dans la Vulgate traduit : «
In Principio ».
Si le prologue constitue comme le résumé de l’évangile johannique, on peut dire qu’il résume aussi toute l’histoire du Salut et nous présente le Salut opéré par l’Incarnation rédemptrice du Fils de Dieu comme un nouveau commencement.Il nous propose le schéma suivant : Création (v. 2-4), péché (v. 5), Salut (suite).
Il y est fait référence aux prophètes à travers la figure de
saint Jean-Baptiste (v. 7-8 et v. 15). Celui-ci, en tant qu’il reçoit la mission particulière entre tous les prophètes de dévoiler le dessein de Dieu et de désigner le Christ (v. 15),
représente tout l’ordre prophétique. Il est le nouvel Élie, le sceau de tous les prophètes. Jésus lui-même dira que la Loi et les Prophètes ont parlé jusqu’à Jean (Mt 11, 13). La Loi est évoquée à travers la mention de sa donation par Moïse. Ainsi tout est récapitulé en quelques versets, l’Ancien Testament avec la Loi et les Prophètes et le Nouveau qui accomplit les promesses faites dans l’Ancien. Au verset 17, nous lisons :
« Après la Loi donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venus par Jésus-Christ. » En effet, dans l’Ancien Testament, le mystère demeure caché sous le voile des figures, des images. Mais dans le Christ tout prend son sens plénier,
en lui nous accédons réellement au Salut puisque
nous avons part à sa plénitude (v. 16).
On voit bien que pour saint Jean tout se tient. Incarnation, Rédemption et Résurrection constituent une seule et unique Révélation. Le visage du Père – puisque c’est de lui dont il s’agit tout compte fait (Jn 17, 3) – nous est révélé en vérité à travers son Fils unique venu dans la chair, mort sur la Croix et ressuscité, le premier jour de la semaine (Jn 20, 1). On peut y voir aussi une allusion au baptême comme seconde naissance (v. 12-13) et notre adoption dans l’Église, car
Il a planté sa tente parmi nous (v. 14). Quelque chose nous est dit aussi sur le Mystère de la Vie trinitaire que nous aborderons tout à la fin. Ce livre voudrait mettre en lumière tout ce qu’implique pour la foi des croyants et la vie du monde le mystère inouï de l’Incarnation du Verbe de Dieu, l’événement Jésus-Christ, selon l’expression du cardinal von Balthasar.
L’amour de la Croix
La Croix, un poids ou une grâce ? Telle est la question de départ de notre propos. La Croix, ce n’est pas la poix, c’est un véritable cadeau de Dieu ! Il n’y a qu’à voir l’amour des saints et des grands mystiques pour la Croix du Seigneur. Saint Paul lui-même disait ne vouloir se glorifier que de la Croix du Seigneur Jésus.
« On gardait le silence sur la Croix, sur le sacrifice et la satisfaction, sur le mérite et le péché… », se plaignait la bienheureuse Anne-Catherine Emmerick après une vision qui lui montrait un temps où, dans l’Église, la Croix serait mise de côté.
Ce silence, nous le connaissons bien et nous en sommes souvent complices. Nous avons peur de la Croix, peur de souffrir, peur d’aimer en vérité, peur de nous perdre en nous donnant jusqu’au bout de l’amour… et, surtout, nous avons peur de Dieu ! Mais de quel Dieu ? Pas le Dieu de Jésus-Christ en tout cas.
Ce silence est bien regrettable ; pis encore, il est dommageable au salut des âmes. Un christianisme sans la Croix, sans le Crucifié, n’est plus un christianisme.
Le christianisme, c’est une personne, disait le pape Jean-Paul II.
Cette personne, c’est Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié (1 Co 2, 2). Certes, le Christ n’est pas resté sur la Croix. Il est même ressuscité, mais ce ressuscité demeure toujours le Crucifié – il ne faudrait pas trop vite et même point du tout oublier cela. Même si dans la Gloire il ne connaît plus la souffrance, il a connu la souffrance et même la mort, et il en a vaincu l’absurdité.
La Croix est souvent mal comprise, d’ailleurs à cause d’un certain dolorisme… et le visage même de Dieu s’en trouve obscurci. Alors que défiguré sur la Croix, il baigne d’une lumière nouvelle toutes les défigurations de l’homme souffrant ! Notre Dieu est un Dieu proche et compatissant bien qu’infiniment transcendant.
C’est justement sur la Croix que se dévoilent son véritable visage, sa puissance et sa gloire.Mais l’on dit parfois de tel événement douloureux, pénible et imprévu qui survient dans notre vie : « C’est une croix ! » Mais au sens de
fardeau pesant, voire
insupportable.
Plutôt que de dire que ceci est une Croix donnée par Dieu, je préfère dire que
la Croix est un don de Dieu, au sens où c’est elle qui va donner un sens, du poids et de la valeur à ma souffrance ou à celle d’autrui. C’est elle qui va jeter une lumière nouvelle et inattendue sur cet événement qui me brise aujourd’hui.
Dans ce sens, un christianisme sans la Croix serait un véritable malheur, le pire de tous… car cela voudrait dire que je suis seul dans ma souffrance et que Dieu ne m’y rejoint pas vraiment. Alors qu’en Jésus-Christ, il me rejoint comme homme dans ma souffrance d’homme, il y communie pleinement et me fait communier à sa Passion. Ce qui jette une lumière résurrectionnelle, pascale sur ma souffrance assumée par le Christ et portée avec Lui chaque jour, offerte en union de la sienne sur l’autel de nos eucharisties. La Croix portée avec amour rend la souffrance méritoire en vue de la vie éternelle et elle peut obtenir le pardon des pécheurs. Car ma souffrance n’est plus ma souffrance, mais celle du Crucifié, et la souffrance du Crucifié ma souffrance déjà transfigurée dans la lumière de Pâques !
« Tu ne rejettes pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé », disait le psalmiste (Ps 50, 19). Que nos cœurs brisés et broyés soient devant ta face, Seigneur, cette Hostie immaculée et consacrée par l’Esprit en le Corps et le Sang précieux de
Ton Fils bien-aimé, en qui nous avons la délivrance, le pardon des péchés (Ep 1, 6-7).
Douloureuse, la Croix est aussi Croix glorieuse, car il n’y a pas de plus grand amour que l’Amour de la Croix. L’amour de Dieu manifesté à la Croix ! La croix est avant tout un mystère d’amour.
L’Évangile du Crucifié
Foi en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai hommeMettons-nous à l’écoute de la Parole de Dieu. Dans la lettre aux Galates, nous lisons : « Que la grâce et la paix soient avec vous de la part de Dieu notre Père et du
Seigneur Jésus-Christ, qui s’est donné pour nos péchés afin de nous arracher à ce monde mauvais, selon la volonté de Dieu notre Père à qui soit la gloire pour les siècles des siècles. Amen. Je trouve vraiment étonnant que vous abandonniez si vite celui qui vous a appelés par la grâce du Christ, et que vous passiez à un autre Évangile. En fait,
il n’y en a ……