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Arnold Böcklin - L'Île des Morts. L'Île des Morts (1880-1886) d'Arnold Böcklin est l'une des plus belles peintures symbolistes. Le Symbolisme est l'art du silence, des regrets. Arnold Böcklin a peint …Plus
Arnold Böcklin - L'Île des Morts.

L'Île des Morts (1880-1886) d'Arnold Böcklin est l'une des plus belles peintures symbolistes.
Le Symbolisme est l'art du silence, des regrets.
Arnold Böcklin a peint cinq versions de L'Île des Morts, qui représentent le même voyage sans retour.
Avec L'Île des Morts, Arnold Böcklin a peint le silence, les regrets, la mélancolie. Jean Mineraud
-

Voici plus de mille ans - écrivait le tout jeune Arthur Rimbaud - que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir.
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.

(Ophélie, Poésies, Arthur Rimbaud, 1870-1871)

Rêve, ou même cauchemar,
il faut pour protéger le songe,
le recouvrir d’un voile.
Et pour bien rêver,
quoi de mieux que le voile du silence.
Si le surréalisme exalte la toute puissance du rêve,
le symbolisme est l’art du silence
.

Et l’on ne s’étonnera pas d’y trouver tant et tant de voiles, même si nombre de symbolistes furent d’abord influencés par Wagner, et sa nouvelle Vénus, dans laquelle je vois plutôt une dérive romantique. Mais ‘chacun son truc’ (à chacun ses goûts). Et aussi, il me casse ‘un tantinet’ (= un peu) les oreilles celui-là.

Il est à noter aussi que le mime connu sa plus grande ‘vogue’ (= son apogée) alors que le mouvement symboliste ‘battait son plein’ (= au sommet de son succès). Il était né dans la seconde moitié du XIX° siècle pour prendre les bonnes dimensions : de l’irréel, de l’infini, du fantastique. Et, au bout du compte, de la mort…

L’une des plus belles peintures de cette époque est sans conteste celle d’Arnold Böcklin.
L’artiste en a réalisé 5 versions.
La première a été imaginé et peinte juste entre le jour et la nuit en 1880.
« La poésie du beau est infinie » écrivait Böcklin pour se justifier. Si vous voulez mon sentiment ? :)) Les artistes ont tous les droits mais passons (?)…
L’impact de l’île des morts fut énorme et l’on ne compte plus les copies ou pastiches signés Giorgio De Chirico, Salvador Dali, ou Paul Delvaux.

Qui voyons-nous ? Au coucher du soleil une barque s’approche d’une île faite de rochers très escarpés, et planté de cyprès.
En Grèce, en Italie des mythes, villes, cyprès, au dieu des enfers, Pluton, il est l’arbre des contrées souterraines et c’est pourquoi on le place à proximité des tombeaux, en signe de deuil, pour devenir l’emblème de la tristesse et de la mort, le symbole du silence.

Nous y voilà ! Sur la barque - vraisemblablement mené par Charon (le pilote de la barque des enfers dans la mythologie grecque) - se dresse un personnage dont nous ne savons même pas si c’est une homme ou une femme ; et qui est enveloppé d’un linceul, comme si c’était lui que l’on s’apprêtait à ensevelir. Pourtant, à son attitude, le personnage semble vivant, d’autant qu’il est nimbé des derniers rayons du jour, ce qui fait toute l’étrangeté de la scène.
Car nous n’en doutons pas un seul instant, il s’agit d’un voyage sans retour...
A la proue de la barque, un cercueil. Des les rochers qui bordent la crique où elle se prépare à accoster – des niches, certaines closes, d’autres ouvertes – composent une sorte de columbarium (monument cinéraire où sont déposées dans des cases, les urnes contenant les cendres des défunts) minéral.

Alors qu’il était occupé à peindre la première version, Böcklin reçue la visite d’une certaine Marie Berna-Christ.
15 ans auparavant, elle avait tragiquement perdu son mari adoré après une année d’union seulement. Souhaitant se remarier, elle était venue lui commander un tableau propice à la rêverie.
Marie Bernard-Christ fut sidérée par la concordance de ce qu’elle souhaitait, avec le tableau en cours d’exécution !
Et c’est elle qui eut l’idée du personnage en linceul, et du cercueil. Car dans son esprit, elle était cette forme blanche, qui fait enfin, le deuil de son mari défunt, en le confiant à ces dieux. Une île est autant la promesse d’une vie nouvelle, que la certitude d’un bannissement, et d’un effacement de la mémoire...
Peu à peu, une part du mystère se lève : ayant pris congé du monde des vivants mais n’ayant pas encore rejoint celui des morts, le personnage n’est présentement n’est ni l’un, ni l’autre.
Où plutôt il est déjà mort, mais, il ne le sait pas... Il ne le sait pas, car en réalité il n’a pas vécu sa vie, il n’a fait que la côtoyer.


Ainsi, Arnold Böcklin qui d’ailleurs n’avait pas titré son tableau « l’île des morts » mais « l’île du rêve », a peint la mélancolie qui guette tous ceux qui poursuivent un but inaccessible, au premier rang des desquels, les artistes bien sur, et d’abord lui-même :
Dans les trois dernières versions de l’île des morts, la tombe la plus à droite porte d’ailleurs ses initiales : A.B. (la dernière image de la vidéo)
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le symbolisme est l’art du silence.
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Si le surréalisme exalte la toute puissance du rêve,

le symbolisme est l’art du silence.
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Tableaux
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Autoportrait de Bôcklin